Bonsoir, je suis très intéressée par ce topic, en effet, je me retrouve énormément dans les caractéristiques "Asperger", et d'ailleurs je consulte un psychologue de centre de santé mentale, mais je n'ai pas vraiment l'impression qu'il s'y connait (faut dire que je paye 10 euros la consultation), ou alors je ne lui donne pas les bonnes infos, n'étant pas super à l'aise à l'oral.
Je lui ai évidemment parlé du fait que je pensais souffrir du syndrome d'Asperger, mais il a balayé cette hypothèse en quelques secondes au motif que je regarde les gens dans les yeux. Mais je ne sais pas si il s'est rendu compte que j'ai plus tendance à "balayer" le visage de mon interlocuteur pour ne pas paraître impolie, que de réellement fixer dans les yeux. C'est une sorte de stratégie que j'ai développé avec le temps (mes tuteurs étaient très durs avec moi quand je n'avais pas un comportement approprié en société, et mes camarades de classe aussi).
Alors, évidemment, je ne suis pas compétente pour dire qu'il a tord, mais je me sens complètement perdue. Je vois ce psy pour plusieurs problèmes, et il me laisse juste parler dans le vide, sans jamais rien dire, ou simplement mentionner le fait que, en effet, ma vie a été difficile. Mais ça ne m'avance pas du tout, et j'ai l'impression d'être "abandonnée", laissée pour compte sans diagnostic et sans pouvoir mettre un mot sur mes "problèmes". Voilà pourquoi je viens vous demander votre avis : pensez-vous, en tant qu'aspergers diagnostiquées, que je puisse malgré tout souffrir de ce trouble ?
Voici donc la liste non-exhaustive de mes "troubles" passés et présents :
- je n'arrive pas à me concentrer, et j'ai conscience que je suis dans un état plutôt dépressif depuis quelques années, et que les activités pour lesquelles j'ai du plaisir habituellement me laissent maintenant de marbre (sauf si on me force à me replonger dedans), ce qui n'aide certes pas à la concentration, mais mes problèmes de concentration datent d'avant ma dépression, c'est juste que maintenant ça a tendance à m'impacter sur mes hobbys également, ce qui n'était pas le cas avant, vu que j'avais plutôt tendance à être hyperconcentrée quand cela concernait mon domaine de prédilection. Concentrée au point de ne plus entendre ce qu'on me disait.
- j'ai tendance à "m'isoler dans ma tête" quand je fais une activité, ou que je marche dans la rue, je passe en mode pilote automatique. Dans le deuxième cas, je pense que c'est l'angoisse qui me fait perdre contact avec la réalité, je suis en effet tout de même diagnostiquée agoraphobe et phobique sociale.
- Je suis très souvent fatiguée et désorganisée, je suis apathique sauf pour certaines choses.
- je suis capable d'avoir des raisonnements ou des capacités qui étonnent les gens qui la plupart du temps me considèrent comme un peu "simplette" jusqu'à ce que je tape juste d'une manière ou d'une autre (que ce soit à l'école où j'étais une élève tout juste moyenne mais qui pouvait vraiment briller dans certains domaines, ce qui laissait les autres perplexes en mode "OMG en fait cette débile n'est peut-être pas si conne qu'on le pensait", ou encore en famille)
- Les gens me pensent hautaine même si personnellement je ne pense pas l'être. Le problème c'est que si quelqu'un dit quelque chose qui ne m’intéresse pas outre mesure, j'ai tendance à décrocher complètement sans même m'en rendre compte, c'est plus fort que moi. Il m'est arrivé plus d'une fois d'avoir une personne qui me parlait à moins d'un mètre, et d'avoir laissé mon esprit dériver ailleurs bien malgré moi, donc finalement je ne suis pas la moitié de la conversation. A l'heure actuelle je dois faire d'immenses efforts pour pouvoir me concentrer et saisir tout le sens d'une conversation qui m'emmerde.
- J'ai tendance à me faire des films mentalement.
- depuis quelques années, j'ai une phobie des bactéries, donc je n'avance pas même pour simplement faire le ménage, j'ai besoin de tout désinfecter étape par étape et si une chose ne se passe pas comme prévu, je dois recommencer les désinfections à partir du moment où ça a échoué. Chez moi il y a donc certaines zones très propres et d'autres zones très sales, "en quarantaine". Avant j'étais très intolérante envers certains comportements de mon compagnon vis à vis de l'hygiène, depuis je suis devenue plus laxiste mais ça reste handicapant.
- comme dit plus haut, je suis phobique sociale, j'ai des sueurs froides dans le bus, quand je marche, j'ai du mal à m'adapter à certaines situations (croiser quelqu'un sur la même trajectoire que moi alors que j'étais perdue dans mes pensées me déstabilise, je ne sais pas comment réagir et où me diriger, ce qui donne lieu à des situations loufoques où je fais quelques entrechats pour essayer d'esquiver la personne
). Plus globalement, quand je stresse j'ai tendance à rentrer dans les gens involontairement et à me cogner partout, ce qui me stresse encore plus.
- au téléphone je bégaie, néanmoins j'arrive à parler face à certaines personnes
- quand il y a trop de monde, ma vue se brouille et j'ai l'impression d'avoir le cerveau embrumé. Je suis "submergée" par les bruits et la foule grouillante.
- globalement je ne sais pas comment communiquer avec la majorité des personnes, j'ai déjà fait beaucoup d'efforts pour essayer de m'intégrer mais ça reste à ce jour un échec. A l'école, j'étais harcelée pour mes bizarreries comportementales entre autre, ma maladresse, et mon manque d'attention qui faisait que je pouvais littéralement être "ailleurs" quand les cours ne m'intéressaient pas. Et bien souvent, ils ne m’intéressaient pas.
- j'ai l'impression d'être une allégorie de l'échec tellement j'ai toujours échoué dans ma vie, sauf cas exceptionnels.
- souvent quand je rencontre trop de personnes en même temps (par exemple aux fêtes familiales type Noël ou dans les magasins) j'ai besoin d'aller m'isoler ailleurs, 5-10 minutes histoire de respirer, même si ce n'est pas toujours possible, donc je fais semblant d'être sur mon téléphone mobile. Je rencontrais déjà ce problème à l'école (donc j'allais me cacher dans les toilettes à la pause de midi), à mon stage d'infographie, ect. A l'heure actuelle ceci dit ce problème s'est grandement amélioré, même si j'ai toujours besoin de mes moments de solitude.
- je suis très intolérante à la frustration et à l'échec. Pour prendre un exemple concret, si je joue à un jeu vidéo (et fût un temps où je pouvais y passer plus de 10 heures d'affilé, tout les jours, j'adorais ça), si mes partenaires de jeu ne sont pas réactifs j'ai tendance à m'énerver bien malgré moi, et je le regrette bien sûr. Si je perds en PvP (ce qui est devenu rare à force), je peux entrer dans une colère tout à fait noire, jusqu'à en perdre le souffle et virer rouge. C'est grave parce que je pourrais être le cliché de la hardcore gameuse qui fracasse son clavier dans un accès de rage après une défaite dans ces moments là.
- enfant (moins de 5 ans) j'ai refusé de parler à un psychologue parce qu'il ne me plaisait apparemment pas, pourtant je savais déjà parler.
- j'ai appris à lire très jeune (5-6 ans) et plus au moins seule même si j'ai été aiguillée par mon tonton (j'adorais la mythologie greco-romaine et les livres sur les dinosaures, peut t'on faire plus cliché ?), et donc jusqu'à mes 17 ans ma passion fût la lecture, je pouvais lire un livre de 1000 pages en 2 jours. J'avais une habilité certaine en rédaction (que j'ai perdu depuis que je ne lis plus j'ai bien l'impression), mais n'était pas spécialement douée dans la plupart des cours. Ceci étant dit, j'étais immensément nulle en math algébrique, mais j'ai toujours excellé en géométrie.
- je supporte difficilement la vue des aiguilles (et de manière plus globale, de beaucoup d'objets pointus), c'est absurde bien sûr, mais ça me fait "mal à l’œil" de les regarder. Avant j'étais simplement phobique des choses qui piquent, maintenant je supporte de me faire piquer, mais je n'en aime pas la vue.
- petite j'étais très craintive et très sensible, quand on me posait dans l'herbe je disais que ça piquait. J'avais peur aussi de dévaler les tobogans comme les autres enfants.
- j'ai toujours été hypersensible à la critique, celle-ci me plongeant dans de grandes crises de larmes.
- ado, j'ai eu une période où je copiais le comportement des gens "populaires" pour me faire accepter, mais ce n'était pas spécialement concluant, en plus de me faire faire des choses absurdes, du genre, écrire en sms parce que les autres écrivaient en sms alors qu'il m'était plus simple d'écrire correctement, ou encore, faire semblant de m’intéresser aux relations amoureuses, voire d'en avoir, mais j'imagine que beaucoup de jeunes filles l'ont fait pour ce dernier point. Mais c'était épuisant, j'ai donc arrêté ça,
- j'ai toujours été plutôt calme (c'est à dire que je ne courrais pas partout, au contraire je restais le nez collé dans mes bouquins), mais j'étais tout de même "agitée", c'est à dire que j'avais du mal à l'école par exemple, à ne pas bouger sur ma chaise, taper du pied, ect, Ce qui me valu pas mal d'engueulades d'ailleurs,
- mes goûts ont toujours été plutôt typés masculins que féminins (je sais bien que techniquement il n'y a pas de comportement prédéfini, mais c'est pour être plus explicite). De manière plus globale, je ne suis pas vraiment féminine, et encore une fois ça m'a posé problème à l'école, j'étais la fille qui venait avec un vieux jean et pull moche, en baskets, mal coiffée et pas maquillée. Je suis toujours cette fille d'ailleurs.
- ma franchise m'a occasionné beaucoup de problèmes et de coups enfants, j'avais tendance à utiliser les mots à tord et à travers très jeune, et ça pouvait être franchement insultant parfois
J'avais même répondu à une vieille tante qui m'avait dit (alors que j'avais 7 ans
) "plus tard tu auras des enfants" un merveilleux "tu peux toujours crever" très spontané. Cette tante m'a évidemment haïe par la suite
- à l'heure actuelle je n'ai presque plus de problème avec le second degré, même mieux, je le pratique, mais enfant c'était assez catastrophique. Je me rappelle d'une personne aspie qui disait qu'un asperger si on lui dit "il y a un papier par terre" ne va pas en conclure qu'il doit le ramasser. Et bien c'était exactement ça. On me disait "assieds toi" je m'asseyais direct, à terre, je ne pigeais pas que ça sous-entendait de prendre une chaise, par exemple. Sinon malgré mon skill actuel en second degré, il m'arrive encore de croire certains trucs dit sur le ton de la rigolade, puis de me rendre compte tout de suite après que c'est "absurde".
- sinon, ado je manquais d'empathie envers les êtres humains (c'est super cliché, mais la moindre maltraitance animale pouvait me plonger dans la dépression plusieurs jours d'affilé, les petits enfants mourants de faim au Soudan beaucoup moins), maintenant j'ai l'impression d'être beaucoup plus empathique envers les humains, enfin surtout les drames humains, c'est très ciblé, mais certains trucs ne me feront ni chaud ni froid, d'autres beaucoup plus par contre. A l'inverse la maltraitance animale m'affecte moins, pour autant je le suis quand même, mais j'ai l'impression d'être "blasée". J'ai aussi un petit coté révolutionnaire de salon et certaines choses peuvent m'indigner énormément et me faire grimper sur mes grands chevaux
Ceci dit, parfois j'ai l'impression d'être sans âme, quand par exemple, à l'enterrement de ma tante que j'aimais tant (c'était comme une mère pour moi), je n'ai pas pu pleurer naturellement, je n'ai ressenti aucune émotion, pour moi elle était morte, c'était un fait, et j'ai du faire semblant de pleurer pour ne pas passer pour un monstre. Je me suis sentie horrible par la suite de faire ça d'ailleurs. Sinon quand les gens me parlent de leurs problèmes, j'aimerais les aider, mais j'ai beaucoup de mal à me mettre à leurs place, ça ne m'émotionne pas, je ne les prendrais pas dans les bras, je ne saurais pas quoi faire pour les aider, et surtout j'aurais bien du mal à verser des larmes en cœur avec eux comme certaines personnes très empathiques savent si bien le faire.
- je me souviens que lors de retrouvailles à l'école, mon amie de l'époque m'a sauté dans les bras en criant que je lui avais énormément manqué. J'aimais beaucoup cette personne mais cette attitude m'a glacée, et complètement déstabilisée, je suis donc restée comme un piquet avec cette amie m’enlaçant et me faisant la fête, ne sachant comment réagir.
Évidemment, avec tout ces problèmes, je n'ai pas vraiment réussi à m'intégrer, autant à l'école que dans la vie dite "active". Je dois dire que je n'ai jamais été bien encadrée, et que je n'ai plus habité avec mes parents à partir de 4 ans (dû aux problèmes que mon père et ma mère avaient), en résumé, j'ai été placée, chez des personnes de ma famille assez dure et avec une approche pas spécialement pédagogique des problèmes psychologiques que j'ai pu rencontrer. Ma maladresse verbale suscitait l’indignation, ma maladresse tout court suscitait des baffes dans la tronche.
Je dois également ajouter que j'ai passé l'aspie quizz (ça vaut ce que ça vaut), et mon score était de 166/200 ce qui me semble pour le coup assez énorme, donc j'ai vraiment du mal à exclure ce diagnostic. Ça peut paraître fou de vouloir à ce point obtenir un diagnostic, mais bon mes problèmes ne datent pas d'hier, je n'ai jamais eu de diagnostic "concret" et comme pour les problèmes de santé physique, cette errance me mine le moral à force, parce que je ne SAIS PAS pourquoi je suis comme ça, et si même les psys ne me disent rien, je fais quoi pour finir ? Je laisse tomber, je suis juste une grosse associable maladroite pas très intelligente qui manque de volonté sinon elle arriverait à se concentrer ?
Je dois dire que j'ai un peu l'impression d'être coincée, et je n'ai pas vraiment de personne à qui me confier, c'est pourquoi je viens ici pour obtenir vos avis, Merci d'avance