Oh purée j'ai l'impression d'être un véritable cas. Je réalise que depuis quelque temps, j'ai la flemme de m'exprimer. Je pense des trucs, des trucs plutôt intéressants même, et puis je commence ma phrase, et je me mets à buter sur les mots, à chercher mes mots (pas comme si j'étais gênée mais plutôt comme si je ne maitrisais pas ma propre langue maternelle, que je ne trouvais pas les mots appropriés. Genre ce midi j'ai appelé le parking un "karting" et une "bouteille" avant de trouver le bon mot). Bon du coup, comme je bug et que j'ai la flemme de faire l'effort intellectuel de trouver le bon mot ou de formuler une phrase cohérente, je dis "oh et puis merde hein", je fais des grands gestes, je m'énerve presque contre moi-même et je laisse plus ou moins tomber ma phrase. Bon là c'est un peu l'extrême et j'ai ce genre de réactions quand je me laisse aller (avec ma mère, mon père, mon frère ou 1 ou 2 de mes meilleures amies), mais c'est assez représentatif de mon état actuel. Ma mère est morte de rire quand elle me voit faire ça (en même temps je pense que c'est vrai que c'est comique à regarder) mais je me trouve quand même un peu... Particulière sur ce coup-là (oh, et pas que).
Comme si j'étais une nerveuse de la communication et que je voulais que mes phrases et mes pensées soient fluides ou ne soient pas. C'est super bizarre, et ça se manifeste un peu différemment quand je cherche à me maintenir un minimum et que je suis face à des gens que j'ai pas envie de trop choquer (et donc face auxquels je n'ai pas envie de m'énerver sur ma phrase). Dans ces cas-là, j'écoute bcp ce qu'on me dit mais j'ai des moments d'absence. Où j'écoute, je ricane un peu, mais où en fait je suis complètement perchée et déconcentrée de ce qu'on est en train de me dire. Et du coup je ne réponds que par des formules qui relancent l'autre, pour pouvoir continuer à buller dans mon cerveau. Ce petit manège passe assez souvent inaperçu d'ailleurs.
Mais bon ouais voilà en ce moment je me trouve donc louche, je sens que j'ai la flemme d'engager des sujets sur lesquels j'ai des choses à dire parfois, ou que j'ai la flemme d'écouter qqn me raconter une histoire quand la personne tourne un peu en rond (du coup je dis "ouais" "ouais" tout le temps pour faire que la personne en face accélère un peu le rythme, ce qui fait très chef de régiment
bon moi je sais que ça sous entend que la personne me fait un peu tourner la tête à s'étendre sur son sujet, mais la personne en face pense sûrement que c'est parce que je suis fascinée par ce qu'elle me raconte).
en fait je crois que j'aime trop parler, et j'aime trop raconter des histoires, des anecdotes, disséquer en long et en large des sujets qui m'intéressent, produire des petits discours (quand je suis à l'aise) et du coup quand c'est juste parler pour parler, répondre à une question chiante, raconter un truc barbant, avoir une conversation banale ou qui ne m'intéresse pas, j'ai une flemme monumentale. Et soit je décroche et parle alors que je suis dans ma cabane mentale en réduisant au maximum mes interventions (ce que je fais en règle générale), soit je dis le strict minimum en levant presque la voix (ça c'est avec ma mère, décidément pauvre maman je lui en fais voir des vertes et des pas mures), comme si parler, répondre à une question, me demandait un effort et me mettait sur les nerfs. Ce genre d'état larvaire, je le retrouve souvent en lendemain de soirée aussi.
En fait je crois que j'ai du mal à être dans le juste milieu quand je m'exprime. Soit je suis à fond dans ce que je raconte, soit je suis perchée et quasi désinteressée.
J'ai un peu grossi le trait là mais j'ai du mal à expliquer (sans taper un msg de 80 000 lignes) ce rapport que j'ai à la parole et la pensée. Je sais pas si d'autres connaissent cette bizarerie, cette flemme de communiquer et ce quasi énervement que ça procure, mais parfois je me trouve inquiétante avec ça.
En fait c'est que sous mes allures de calme, je crois que j'ai un trop plein d'énergie cérébrale. Faut que je fasse quelque chose ma parole.