@irisetrose
Personnellement, je sais que je n'ai pas à m'excuser quand je refuse une sortie, mais je ne peux pas m'empêcher de le faire d'une part, et de me sentir mal de l'autre. Certains (et ce sont des amis) ne se rendent pas compte, parfois, des situations dans lesquelles on se trouve à cause d'un handicap. Non, je n'ai pas toujours envie de les suivre en soirée ou au restaurant, parce que c'est épuisant d'essayer de comprendre dans un brouhaha inintelligible et souvent douloureux, et parce que je ne veux pas récolter en retour une migraine tenace. Et non, ce n'est pas amusant de me répondre, "oh, mais tu n'as qu'à éteindre tes appareils quand ça devient trop bruyant et insupportable ahaha" - parce que dans ce cas, je me retrouve face à une autre douleur, celle de voir mes proches s'amuser en ma présence alors que je suis détachée d'eux, là mais absente, seule, dans un silence terriblement isolant. Autant rester chez moi. De même, je n'ai pas toujours envie d'offrir dix euros au théâtre pour une pièce à laquelle je ne comprendrai rien. Mais souvent, peut-être parce que c'est invisible par rapport à d'autres handicap, et d'une certaine manière moins invalidant (je ne souffre pas physiquement, par exemple), les gens ne comprennent pas ou le prennent pour un manque de volonté. Et souvent, parce qu'ils ne comprennent pas, ils ont des réactions parfois vexantes voire blessantes - sans le vouloir bien sûr et sans s'en rendre compte.
Je ressens donc toujours le besoin de m'excuser, pour toutes ces raisons. Parce que j'ai l'impression de déranger, d'imposer des efforts à tous, de réclamer un traitement différent. Parfois même, je dois faire répéter quelqu'un quand je n'ai pas compris, et rien que ça me gène toujours, surtout quand c'est un inconnu et que je fais répéter à plusieurs moments ; pour une chose aussi simple que celle là, je m'excuse à chaque fois. En ce qui me concerne, c'est un mélange de gène, de honte parfois, d'amour-propre blessé et mal placé, et surtout d'une non acceptation véritable de mon handicap. Je m'en veux d'être différente et de l'imposer aux autres. Mais un jour peut-être, sans doute, ça passera. J'espère ! La remarque de
@Lumiciole me touche et me réconforte à cet égard - merci sincèrement.
Et pour rebondir sur ta dernière remarque, ça me sidère aussi quand les gens se permettent de dire "oh, ça va, ce n'est pas grand chose" à propos de la douleur ou des difficultés d'un autre - alors que personne ne peut juger de la douleur et des difficultés de l'autre !
Au passage, puisque je parlais du théâtre, j'en profite pour dire mon agacement : je ne comprends pas que le théâtre de ma ville soit capable de surtitrer les passages étrangers de certaines pièces de théâtre (il le fait effectivement), mais qu'il ne le fasse pas pour l'intégralité des pièces. Ca m'agace et ça m'attriste, problème de budget peut-être, je ne connais pas les prix... Mais enfin, c'est mon coup de gueule du soir.