Actuellement en période d'examen, je n'aurai probablement pas le temps de suivre ce topic
@Hachisu et @Heran. ont parfaitement répondu comme j'aurais voulu le faire.
Effectivement, c'est très bien de développer des techniques alternatives, mais encore faut-il qu'elles soient à la hauteur : observer l'effet d'une substance sur un organe isolé n'a pas forcément de sens... puisqu'il interagit en permanence avec tous les autres organes et tissus, avec l'organisme dans son entier. Et ces nouvelles techniques ne sont pas forcément moins coûteuses.
Quelques autres notions générales autour de l'expérimentation animale que je voulais aborder :
* La recherche de substances médicamenteuses (par exemple) se déroule en plusieurs étapes. Parmi elles, la phase de tests sur les animaux (phase préclinique) est toujours précédée par des tests sur des cultures cellulaires (in vitro, phase d'optimisation). Et est souvent suivie par les tests sur les Humains (tests cliniques).
Mais de nombreuses molécules sont écartées rien qu'à la phase d'optimisation et de screening (découverte de molécules), donc on ne teste pas tout et n'importe quoi comme ça nous viendrait à l'esprit .
* La douleur est prise en charge et évitée dans un maximum d'expérimentation. Tout simplement parce qu'on ne peut de toute manière généralement pas avoir de résultats fiables sur des animaux qui souffrent, ce serait un biais bien trop énorme.
Ainsi, 58 % expérimentations ne génèrent pas de douleur ou de gêne supérieures à celle d'une piqûre ou d'une prise de sang ; 35 % expérimentations se font sous anesthésie et analgésie pour éviter toute douleur inutile. Les 7 % restant peuvent éprouver de la souffrance car une anesthésie pourrait perturber les résultats en lien avec l'objet d'étude (exemple : test de molécules analgésiques, étude de la perception de la douleur...).
* Au niveau des espèces, de sont à 77 % des rongeurs (souris, rats), à 19 % des espèces diverses (batraciens, oiseaux, reptiles...), 2 % sont des chiens/chats, 2% des animaux d'élevage, et moins d'1% sont des primates.
* L'expérimentation animale peut être non invasive dans certains cas : dans le cadre de mes études en comportement animal, il m'arrive d'observer des animaux en captivité : primates, mammifères (rats, souris, chevaux...), oiseaux etc. Juste pour montrer que l'expérimentation animale est diversifiée et n'implique pas forcément une douleur ou une contrainte importante .
* Pour obtenir l'autorisation de réaliser de l'expérimentation animale (invasive ou non), il faut réaliser une saisine auprès du Comité National d'Éthique (site) et avoir l'accord du Ministère de la Recherche (en France). C'est long, c'est lourd, ça prend souvent des mois, quelque soit l'origine de la demande (privé, public). Donc il n'est pas "facile" d'obtenir l'autorisation de faire de l'EA, on peut très bien se faire retoquer sur de nombreux points et refuser l'autorisation par le Ministère de la Recherche : nombre d'animaux prévus, espèces, bien-être, douleur/contrainte lors des tests, moyens alternatifs...
* Il est arrivé que malgré des tests sur les animaux, certaines substances se soient tout de même avérées nocives pour l'humain. C'est pour ça qu'il est désormais obligatoire de tester les molécules pharmaceutiques sur au moins 3 espèces différentes et à tous leurs stades de développement pour être certain qu'il n'y ait pas de danger immodéré lors de la phase clinique sur l'humain.
Enfin, personnellement, je pense qu'on ne devrait pas oublier qu'il y a aussi des personnes humaines qui font l'expérimentation derrière. Non pas pour les plaindre (loin de moi cette idée), mais depuis les années 90, s'est opéré un vrai changement de mentalité dans le monde de la recherche (et une prise de conscience de la société aussi).
Il y a désormais toute une réflexion en amont pour diminuer l'utilisation des animaux dans les labos (en plus, ce n'est pas comme si c'était "facile" de choisir de faire de l'expérimentation animale avec toutes les demandes et les démarches à faire), et en aval (réhabilitation quand c'est possible ; les chercheurs de mon labo récupèrent les poules par exemple).
Le principe des 3R (réduire, raffiner, remplacer) est dans toutes les bouches. De plus, il est rarement anodin d'utiliser des animaux quels qu'ils soient. Oui, on y pense à plusieurs fois et on essaie de trouver des moyens pour limiter au maximum, voire supprimer, le recours à de telles expérimentations, ou à défaut, la souffrance qui pourrait être provoquée.
C'est non seulement tout d'abord éthique, mais on peut aussi y voir un aspect financier : utiliser le moins possible d'animaux, ça coûte moins cher. Il est très coûteux d'entretenir de nombreux animaux, d'avoir le personnel formé pour, de financer une partie des formations d'EA etc. Et quand on parle de primate, l'argument financier se fait encore plus sentir.
Je suis vraiment désolée pour ce post très long, du coup je ne sais pas s'il sera lu ... Mais ça me semblait important d'apporter ces précisions .
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@Hachisu et @Heran. ont parfaitement répondu comme j'aurais voulu le faire.
Effectivement, c'est très bien de développer des techniques alternatives, mais encore faut-il qu'elles soient à la hauteur : observer l'effet d'une substance sur un organe isolé n'a pas forcément de sens... puisqu'il interagit en permanence avec tous les autres organes et tissus, avec l'organisme dans son entier. Et ces nouvelles techniques ne sont pas forcément moins coûteuses.
Quelques autres notions générales autour de l'expérimentation animale que je voulais aborder :
* La recherche de substances médicamenteuses (par exemple) se déroule en plusieurs étapes. Parmi elles, la phase de tests sur les animaux (phase préclinique) est toujours précédée par des tests sur des cultures cellulaires (in vitro, phase d'optimisation). Et est souvent suivie par les tests sur les Humains (tests cliniques).
Mais de nombreuses molécules sont écartées rien qu'à la phase d'optimisation et de screening (découverte de molécules), donc on ne teste pas tout et n'importe quoi comme ça nous viendrait à l'esprit .
* La douleur est prise en charge et évitée dans un maximum d'expérimentation. Tout simplement parce qu'on ne peut de toute manière généralement pas avoir de résultats fiables sur des animaux qui souffrent, ce serait un biais bien trop énorme.
Ainsi, 58 % expérimentations ne génèrent pas de douleur ou de gêne supérieures à celle d'une piqûre ou d'une prise de sang ; 35 % expérimentations se font sous anesthésie et analgésie pour éviter toute douleur inutile. Les 7 % restant peuvent éprouver de la souffrance car une anesthésie pourrait perturber les résultats en lien avec l'objet d'étude (exemple : test de molécules analgésiques, étude de la perception de la douleur...).
* Au niveau des espèces, de sont à 77 % des rongeurs (souris, rats), à 19 % des espèces diverses (batraciens, oiseaux, reptiles...), 2 % sont des chiens/chats, 2% des animaux d'élevage, et moins d'1% sont des primates.
* L'expérimentation animale peut être non invasive dans certains cas : dans le cadre de mes études en comportement animal, il m'arrive d'observer des animaux en captivité : primates, mammifères (rats, souris, chevaux...), oiseaux etc. Juste pour montrer que l'expérimentation animale est diversifiée et n'implique pas forcément une douleur ou une contrainte importante .
* Pour obtenir l'autorisation de réaliser de l'expérimentation animale (invasive ou non), il faut réaliser une saisine auprès du Comité National d'Éthique (site) et avoir l'accord du Ministère de la Recherche (en France). C'est long, c'est lourd, ça prend souvent des mois, quelque soit l'origine de la demande (privé, public). Donc il n'est pas "facile" d'obtenir l'autorisation de faire de l'EA, on peut très bien se faire retoquer sur de nombreux points et refuser l'autorisation par le Ministère de la Recherche : nombre d'animaux prévus, espèces, bien-être, douleur/contrainte lors des tests, moyens alternatifs...
* Il est arrivé que malgré des tests sur les animaux, certaines substances se soient tout de même avérées nocives pour l'humain. C'est pour ça qu'il est désormais obligatoire de tester les molécules pharmaceutiques sur au moins 3 espèces différentes et à tous leurs stades de développement pour être certain qu'il n'y ait pas de danger immodéré lors de la phase clinique sur l'humain.
Enfin, personnellement, je pense qu'on ne devrait pas oublier qu'il y a aussi des personnes humaines qui font l'expérimentation derrière. Non pas pour les plaindre (loin de moi cette idée), mais depuis les années 90, s'est opéré un vrai changement de mentalité dans le monde de la recherche (et une prise de conscience de la société aussi).
Il y a désormais toute une réflexion en amont pour diminuer l'utilisation des animaux dans les labos (en plus, ce n'est pas comme si c'était "facile" de choisir de faire de l'expérimentation animale avec toutes les demandes et les démarches à faire), et en aval (réhabilitation quand c'est possible ; les chercheurs de mon labo récupèrent les poules par exemple).
Le principe des 3R (réduire, raffiner, remplacer) est dans toutes les bouches. De plus, il est rarement anodin d'utiliser des animaux quels qu'ils soient. Oui, on y pense à plusieurs fois et on essaie de trouver des moyens pour limiter au maximum, voire supprimer, le recours à de telles expérimentations, ou à défaut, la souffrance qui pourrait être provoquée.
C'est non seulement tout d'abord éthique, mais on peut aussi y voir un aspect financier : utiliser le moins possible d'animaux, ça coûte moins cher. Il est très coûteux d'entretenir de nombreux animaux, d'avoir le personnel formé pour, de financer une partie des formations d'EA etc. Et quand on parle de primate, l'argument financier se fait encore plus sentir.
Je suis vraiment désolée pour ce post très long, du coup je ne sais pas s'il sera lu ... Mais ça me semblait important d'apporter ces précisions .