J'écris depuis longtemps, je serais tentée de dire depuis toujours. En vieillissant, je me suis rendue compte que c'est quelque chose qui me stigmatisait par rapport aux autres, et encore aujourd'hui, c'est quelque chose que j'ai de la difficulté à dire, "ouais, j'écris'', mais reste que c'est la chose qui me définit le plus, et qui définit le plus mon rapport à mon environnement et à la réalité, en général.
Le plus vieux texte que j'ai conservé, je l'ai écrit à douze ans. Une soixantaine (!) de pages sur une secte qui s'appellait Sotto, où les meilleurs amis de la protagoniste étaient emprisonnés. Elle allait les sauver, ahahah . Puis après j'ai écrit pendant longtemps des trucs sur des sujets un peu ado dans le ghetto mec. J'ai ouvert un blog, qui m'a vraiment beaucoup aidé à avoir confiance dans mon écriture, même si c'était très loin d'être extraordinaire.
Puis, j'ai étudié deux ans en création littéraire, et je crois que j'ai vachement 'grandit'. J'ai commencé à rencontrer des gens qui avaient les mêmes intérêts que moi et qui sont toujours autour de moi, à qui je fais - parfois - lire des textes. J'ai la chance énorme de connaitre plusieurs personnes qui croient beaucoup en mon écriture, qui m'en parlent, me demandent où je suis rendue, qui me donnent des conseils, me relisent en me disant 'ça c'est nul' ou 'ça, bravo'. J'écris pas mal, je crois, environ trois ou quatre nouvelles par mois, j'ai écrit pour trois ou quatre ( très très ) petites ( et peu importantes) publications. En tout, j'ai écrit peut-être une quarantaine de nouvelles achevées, comme cela ça me semble énorme ! J'écris des nouvelles très courtes, d'une à trois pages. Souvent en les lisant, on dit qu'elles tiennent de 'l'écriture blanche''. J'aime peu de choses au monde autant que de partir d'une image, d'une phrase, pour débouler avec une histoire. Quand j'ai une idée, je me sens extraordinairement vivante.
J'ai de nombreux patterns d'écriture, j'ai essayé de les contourner mais je me rends compte que finalement ce sont les miens et qu'il faut que je les investisse au lieu de chercher à me fuir: le corps, le rapport entre individualité et univers, la présence/l'abesence, les tentatives de contact, l'itinérance, les désirs inaboutis, la perte de repères ( comme tout cela me semble ronflant )...Ecrire des nouvelles me convient, j'essaie d'écrire la retranscription de sensations fugitives. J'écris des trucs qui finissent en queue de poisson, qui s'apparentent un peu aux fragments. J'aime l'acte d'écriture autant que celui de réécriture, je ne suis perfectionniste dans aucun domaine sauf lorsque j'écris 'pour de vrai', c'est-à-dire de la fiction. J'apprends peu à peu la rigueur. Je suis rarement aussi satisfaite de ce que j'écris que j'aimerais l'être, mais je me dis que je suis jeune et que j'ai encore longtemps pour m'améliorer.
J'aimerais bien écrire un roman mais c'est un projet qui me parait immense et dans lequel je ne compte pas m'investir de sitôt. J'écris aussi un peu de poésie, mais c'est excessivement mauvais, un jour, j'espère que j'arriverai à de quoi de plus probant. En ce moment, j'écris un recueil de nouvelles sur le regard, c'est le premier truc que je vais envoyer à des maisons d'édition. On verra.