@Arsinoée pour compléter le propos de
@Clèves , les femmes qui occupent des emplois moins bien payés et qui n'ont donc pas les moyens d'embaucher des aides tombent souvent dans le cas que j'exposais dans mon premier post : celui des travailleuses précaires soumises à des horaires à la con et contraintes par des temps de trajets importants. Donc leur vie de famille est lourdement impactée par leur vie professionnelle. Ca va se traduire par le fait que certains aspects de l'éducation de leurs enfants vont passer à la trappe : éducation alimentaire, suivi scolaire, communication au sein de la famille, satisfaction des besoins affectifs, etc.
Le fait que ma mère dédie tout son temps à mon éducation et celle de mon frère ça nous a permis de gouter des plats préparés maison tous les midis et tous les soirs, d'être réunis en famille autour des repas tous les jours, d'être rigoureusement suivis sur le plan scolaire (j'ai eu de l'aide pour apprendre mes poèmes, préparer mes exposés, apprendre mes tables de multiplication etc. ) ce qui m'a permis par la suite d'entreprendre des études très longues. Je n'ai jamais eu à m'occuper de mon frère, ni à prendre en charge de tâches ménagères autres que de ranger ma chambre. Mes parents étaient présents pour moi, je me suis toujours sentie soutenue et protégée et à l'heure actuelle, en dehors de mes parents qui se sont séparés, on a tous des relations plutôt harmonieuses dans ma famille. C'est un privilège immense par rapport à plein d'enfants que je côtoyais à l'école et qui étaient en décrochage scolaire, qui ne se nourrissaient que de plats réchauffés au micro-onde ou qui ne faisaient que croiser leurs parents le soir. Après clairement je ne jette absolument pas la pierre à ces parents et je ne suis aucunement en train de dire que toutes les mères devraient rester à la maison pour s'occuper de leurs enfants (ça n'est absolument pas ce que je prévois moi-même de faire et je n'encourage personne à ça). Par contre, si ta question était sincère (et pas juste une façon de laisser entendre que les femmes au foyer sont des feignasses), je pense y avoir répondu à travers mon témoignage.
Pour conclure, au lieu d'opposer femmes au foyer VS femmes qui cumulent vie pro et maternité pour déterminer qui a le plus de mérite, je pense qu'on pourrait aussi admettre que le problème de fond, c'est que la société telle qu'elle est organisée, oblige les femmes à privilégier une des deux sphères au détriment de l'autre. Les femmes au foyer se sont juste contentées de complétement embrasser leur vie de famille, là où d'autres ont privilégié leur carrière par choix ou par contrainte. Chacune compose selon ses possibilités, ses aspirations, ses priorités, etc. Après, entre les deux extremités, il y a tout un spectre de configurations qui permettent de ménager vie de famille/vie pro de façon plus ou moins épanouissante (temps partiel, congés maternité prolongés, changement de carrière ou stagnation professionnelle...). Quoi qu'on choisisse pour soi, ça serait bien d'être un peu plus solidaires et d'avoir un peu plus de respect pour les choix des femmes qui se débattent dans les mêmes difficultés et les mêmes injonctions que les autres, mais ont choisi des solutions différentes pour s'en sortir.