Topic des hypersensibles et des petites personnes trop émotives

[Luna3031]

Bonjour,
Je m'appelle Luna et je suis étudiante en graphisme et moi-même hypersensible. Pour mon examen de fin d'année, j'aimerais réaliser un livre sur l'hypersensibilité et pour ça j'aurais besoin de témoignages et/ou de créations. Auriez-vous un peu de temps pour écrire quelque chose sur l'hypersensibilité? Vous pouvez écrire ce que vous voulez ou encore dessiner ou m'envoyer vos créations artistiques sur l'hypersensibilité. Pas besoin d'être un écrivain ni artiste, le but c'est d'exprimer ce que vous voulez sur l'hypersensibilité. Pas besoin non plus que ce soit un long texte ni un grand dessin, ça peut même être une phrase ou juste des mots. Vous avez total liberté. Le but est que ces témoignages aident d'autres personnes hypersensibles qui liront ce livre. N'hésitez pas à en parler autour de vous si vous connaissez quelqu'un que ça intéresses.
Si vous êtes intéressé vous pouvez m'écrire sur mon adresse email : [email protected]

• Envoyez moi ce que vous voulez mais si c'est du texte je préfère qu'il soit écrit à la main et que ce soit une photo ou un scan.
• Vous avez le choix de rester anonyme ou non, si vous voulez une photo de vous avec le témoignage vous pouvez m'en envoyer et si vous voulez que votre nom apparaisse dites-le moi.
• N'hésitez pas à m'envoyer des questions par e-mail, je répondrais avec plaisir.

 

[Poids]

Coucou, je ne sais pas si le sujet a déjà été abordé, mais comment faites vous pour avoir des amitiés heureuses?

ce n’est pas mon cas et j’en souffre de plus en plus. Je n’arrive pas à trouver la bonne distance, à avoir des discussions rigolotes... j’ai l’impression d’être juste là pour faire psy et c’est dure.
et puis je me connecte mieux aux personnes malheureuses. Bref, si vous étiez dans mon cas et que vous avez trouvé des solutions HELP !!!

 

[Nastja]

@Poids
Dis à la personne que ça ne va pas très bien aujourd'hui et que tu as besoin de passer un bon moment.
Et vois comment la personne réagit.
Je suis un petit peu dans ton cas, j'ai l'impression que je parais gentille (même si j'ai parfois mauvais fond, je suis pas une "vraie" gentille) et surtout j'ai beaucoup de patience avec les gens.
Typiquement : pote n°1 raconte ses malheurs à pote n°2 et à moi. Et t'as pote n°2 qui commence à s'impatienter et à dire assez fort : "bon c'est un gros con ce mec ! Il ne faut plus y penser ! ça vous dit on va prendre un verre ?!"

Et moi je suis en mode moue de compassion et je pose des questions pour montrer que j'ai de l'empathie pour la pote n°1 qui souffre.

Du coup pote n°1 se tourne vers moi car elle a trouvé une oreille attentive (alors qu'au bout de 1 mois de rabâchage des mêmes problèmes, j'en ai un peu ras-le-bol et je n'écoute même plus à vrai dire, je la laisse parler). Et je ne finis par servir qu'à ça. C'est à dire à recevoir des coups de fils le dimanche soir pour entendre pendant 2h ou 3h les mêmes histoires. "Et il m'avait dit ça" "et ceci" "et oh je t'ai pas dit !".
(Si si tu me l'avais déjà dit... 10 fois peut-être? Non, 11 ? )

Mais j'en ai un peu marre de ce rôle donc je vais commencer à être moins "à l'écoute".

Au final, ce sont les égoïstes qui ont le plus d'amis si tu regardes bien.

 

[Poids]

@Nastja bien vu le coup de « allez on va boire un verre » de tes potes!
D’un côté j’ai envie de relations profondes et d’un autre de joie de vivre... y’a moyen d’avoir les deux?
Je vais essayer de faire un peu comme toi je crois!

 

[Whitemountain]

@Poids Pour l'envie de sortir du rôle de la psy et avoir quand même une relation profonde, je te comprends tout à fait.
Je ne ferais pas forcément comme ci-dessus parce que je reste à l'écoute sincèrement, mais j'essaie de ne pas me laisser envahir. Ce qui m'aide, c'est de proposer des sorties plus "fun" et d'essayer de ne pas évoquer les problèmes de l'amie en question, de montrer que je suis drôle et capable de légèreté, ce qui n'empêche pas d'avoir des discussions profondes d'autre part (sur d'autres sujets).
Et rediriger tes amies qui ont vraiment de gros soucis vers une activité (méditation etc) ou lui dire qu'elle peut trouver de l'aider chez un.e psy spécialisé.e dans ses problèmes... Tu peux l'écouter, l'aider, mais tu dois rappeler que tu n'es pas thérapeute et que tu ne peux pas tout prendre en charge!

 

[Poids]

@Whitemountain yes, on va arrêter les soirées thé !
Ca m’ouvre plein d’autres questions ce genre de réflexion. Merci beaucoup pour vos conseils ! Je vais tester! Mais je pense doucement à changer de potes quand même !

 

[Gomart]

@Poids Bien sûr que c'est possible d'avoir les deux, moi j'ai la sensation d'y arriver de plus en plus en tout cas. J'arrive bien à être la pote un peu rigolote, mais à qui on peut quand même parler sérieusement ! C'est que tu peux le faire aussi

 

[Nastja]

Je me rends compte que c'est difficile en soi de gérer ses émotions quand on est hyper sensible mais que c'est également difficile de recevoir du soutien de personnes qui ne le sont pas.

Avant je me disais que pour faire comprendre ce que je ressens il fallait que je transpose. Par exemple dire à quelqu'un : "c'est comme si tu perdais quelqu'un de ta famille".

Mais là par exemple une amie a perdu sa grand-mère. J'aurais été dévastée et elle a semblé le prendre bien. Elle était un peu plus stressée que d'habitude mais sans plus. Je lui ai demandé si elle était proche et elle m'a dit que oui mais que c'est la vie.

Du coup si l'exemple ultime de l'emotivité, c'est à dire la perte d'un être cher, ne provoque pas de réaction extrême, forcément pleurer pour une rupture ou autre c'est vu comme extrêmement trivial par ces gens-là.

Une autre amie a rompu ses fiançailles et elle va bien. Pas de pleurs, pas d'humeur maussade.

Du coup je me demande si je suis hyper emotive seulement ou hyper emotive avec un trouble de l'attachement ?

 

[Pipistrelle.]

@Nastja quand tu dis "Du coup si l'exemple ultime de l'emotivité, c'est à dire la perte d'un être cher, ne provoque pas de réaction extrême, forcément pleurer pour une rupture ou autre c'est vu comme extrêmement trivial par ces gens-là. " , franchement je crois que ça n'a rien à voir! La différence de réaction ne se joue pas tant à l'évènement en lui-même, qu'à la capacité d'acceptation. Perso j'ai beaucoup plus pleuré pour certaines déceptions amoureuses qu'au décès de ma grand-mère. Déjà parce que je considérais que sa mort entrait dans l'ordre des choses, et puis ça faisait plusieurs années qu'elle avait perdu la tête et n'était plus elle-même, donc quelque part mon deuil était fait depuis longtemps. D'ailleurs à ses funérailles, personne n'a pleuré en dehors d'une cousine par alliance (pas sûr qu'elle l'aurait fait si elle avait su qu'en vrai ma grand-mère la détestait ). Inversement il y a des ruptures amicales ou amoureuses dont j'ai mis un temps fou à me remettre, parce que je ne voulais pas accepter que c'était fini et que je résistais à la réalité : je voulais croire que ça pouvait repartir, je m'accrochais au moindre espoir, je ressassais ce que j'aurais dû faire, ce que j'aurais dû dire, ce que la relation aurait pu devenir, etc.
Tout ça pour dire que c'est toi qui place la perte d'un proche au-dessus d'une rupture en termes de douleur, mais ta hiérarchie est purement théorique! Dans les faits il y a plein d'autres facteurs qui entrent en compte dans la façon dont on compose (ou pas) avec un événement difficile. C'est pas parce qu'une pote semble bien encaisser un événement qui toi t'aurait dévastée, qu'elle est moins sensible que toi! La différence c'est peut-être qu'elle a une meilleure capacité d'acceptation des choses (et d'ailleurs, c'est pas parce qu'elle n'exprime pas de souffrance qu'elle n'en ressent aucune, il y a des gens qui sont très pudiques avec ce genre d'émotions).

 

[Nastja]

@Chandernagor
Je confonds peut-être hyper sensibilité et hyper émotivité.
Quand un évènement m'affecte je ne peux pas m'empêcher de pleurer, je suis sujette aux malaises, si je me dispute avec quelqu'un mon cœur s'emballe à un point où je tremble et je n'arrive plus à respirer.

La capacité à encaisser pour moi est à l'opposé de ça.
Je ne dis pas que mon amie n'a pas souffert de la perte de sa grand-mère. Je dis juste que sa réaction a été comme toi : l'acceptation.

Quand j'ai appris la mort de mon grand-père par téléphone j'ai failli m'écrouler dans la queue d'un salon de thé. Pourtant il allait mal depuis plusieurs mois, c'était presque un soulagement.
Et pourtant j'ai pleuré à son enterrement, j'ai pleuré plusieurs fois après, impossible de dire "mon grand-père" sans avoir la voix qui se casse.

Et ce qui me fait dire que les autres ne sont pas hyper sensibles (pas froids ou insensibles) c'est aussi leur réponse à mes souffrances : que ce soient des ruptures amoureuses ou des ruptures amicales, des déceptions, des problèmes au travail.
Je dois faire un effort surhumain pour essayer de ne rien laisser transparaître pour ne pas être traitée de gros bébé. Je veux dire ces mêmes personnes me demandent de me ressaisir dès que je ressasse quelque chose.

Et j'avais mis cette échelle de souffrance : perte d'un être cher parce que c'est celle à laquelle je m'identifie le plus mais aussi parce que je vois que les autres marches de l'échelle sont ressenties comme moins dramatiques par les autres.

Je crois pouvoir dire que je n'ai jamais vu aucune copine pleurer pour une rupture amoureuse ou une fin d'amitié. Et pas parce qu'elles se cachent, simplement elles ne vivent pas les choses aussi fort.
Je ressens tout puissance 10, même les films d'horreur je suis incapable de les regarder.
Et autour de moi les gens ne sont pas aussi sensibles.
Je n'ai pas dit qu'ils étaient insensibles mais certainement pas hyper sensibles ni hyper émotifs.

 

[Pipistrelle.]

@Nastja je pense que tu confonds surtout sensibilité et "démonstrativité" . En plus on dirait que tu ne prends en compte que la tristesse, comme si c'était à l'expression de la souffrance qu'on reconnaissait une personne sensible, alors qu'on n'a pas tous le même rapport à ça et que c'est une émotion qu'on est très encouragé à refouler ("pleure pas", "sois forte", etc.). Donc il y a de fortes chances qu'elle soit réprimée dans son expression, ce qui ne veut pas dire qu'elle n'est pas ressentie. Quelqu'un peut être très pudique là-dessus et se retenir de pleurer en public, tout en exteriorisant beaucoup plus sa colère ou sa joie par exemple. Edit : perso je ne pleure que très rarement en public et jamais devant mes amis, parce que je ne supporte pas de me montrer vulnérable (ce qui ne m'empêche pas de verser des seaux de larmes quand je suis seule chez moi). Et même sans parler de taire purement et simplement ses émotions, il y a des gens qui savent les canaliser et les traverser sans se laisser submerger (pour moi c'est ça, encaisser). Inversement, quelqu'un qui exprime beaucoup de choses (qui laisse éclater sa colère sans retenue par exemple) n'est pas nécessairement plus sensible que la moyenne, ça peut juste indiquer un manque de recul et de maturité.
Il y a vraiment beaucoup de choses à dire sur le sujet et je manque de temps, mais globalement c'est pas en te fondant sur ce que les gens expriment ou pas en ta présence, que tu peux mesurer leur sensibilité par rapport à toi. Après je cherche pas à contester ce que tu dis sur l'intensité de ce que tu éprouves, ni sur ton hypersensibilité. C'est juste que ta grille d'analyse des comportements des autres me paraît assez incomplète et risque de te faire passer à côté de beaucoup de choses.

 

[Nastja]

@Chandernagor
@seapunk
Je pense que le sujet a dévié et comme en plus je ne m'exprime pas toujours de façon très claire forcément ça crée une confusion.

J'imagine que vous ne dites pas aux gens qui éprouvent des émotions tristes (ou autres) de se ressaisir, non?
Car vous savez ce que peut ressentir la personne en face indépendamment de la manière dont elle l'exprime.
J'ai déjà vu des gens faire comme si de rien était mais comme j'arrive bien à "lire" les émotions des gens, je sais quand la personne ne va pas bien et qu'elle ne l'exprime pas comme je l'aurais fait.

Toutefois mon post initial parlait de la difficulté de communiquer ma sensibilité face à des gens qui ne sont pas du tout hyper sensibles.
Ils sont humains comme tout le monde mais ne comprennent pas quand tu les appelle en pleurant que quelqu'un de ta famille est mort ou que tu déprimes tout simplement. Parce que pour eux c'est too much. Ils n'arrivent même pas à visualiser la souffrance derrière.

Je sais que mon message n'est pas clair mais je voulais parler de personnes que je connaissais et leur réaction face à une rupture ou face à un décès me confirment (en plus de connaître leur personnalité) que non, ils ne sont pas hyper sensibles.
D'où la difficulté à communiquer avec ces gens et surtout l'obligation pour ma part de m'adapter à eux et non le contraire. C'est pas eux qui font l'effort de m'écouter ou me consoler, c'est plutôt à moi de faire bonne figure pour ne pas les voir rouler des yeux.