La dernière fois c'était Isabelle Attard et ils sont tous deux Non inscrits, ce qui me pousse un peu plus vers une démarche quasi contraire à la tienne
@MorganeGirly. Il faut sortir du système de partis politiques pour pouvoir être libre de parler quand tu es député, j'ai l'impression.
Du coup ça m'intéresserait si tu as fait des recherches ou si tu as des réflexions à partager sur le sujet! Car je me suis souvent méfiée des partis donc je suis vraiment entre deux positions.
Je décris ci-dessous ma réflexion sur les partis politiques mais je précise juste au cas où que ce n'est absolument pas une remise en cause de ta position, je suis en pleine réflexion sur le sujet!
J'ai l'impression que le système de parti est absolument incontournable pour peser sur la scène politique. Isabelle Attard et Pouria Amirshahi que tu cites ont été élus sous une étiquette partisane (IA en tant qu'élue EELV, et notamment parce que le PS a décidé de ne pas présenter de candidat dans sa circonscription par accord avec EELV, et PA en tant qu'élu PS, ils ont rendu leur carte en cours de mandature, et même très tardivement pour PA puisqu'il a démissionné du PS il y a quelques mois seulement), je doute que leurs chances auraient été les mêmes sans l'investiture de leur parti. En outre, Amirshahi prévoit déjà de ne pas être réélu... donc a priori, leur "sans étiquette" semble aussi un peu flinguer toute chance de rester au Parlement une fois le terme de leur mandat écoulé.
J'ai vraiment la sensation qu'être élu en étant sans étiquette dès le départ est extrêmement rare, à moins d'être une célébrité locale et de prétendre à un mandat local, ou d'être élu dans des circonstances très particulières (ex: Olivier Falorni élu sans étiquette face à Ségolène Royal, associé à une position PS et à la fois à un vote de rébellion). Pour mobiliser les gens à voter pour toi, en dehors d'une candidature à la mairie d'un petit village où tout le monde te connait, il faut des moyens humains pour faire campagne et convaincre les gens de se déplacer aux urnes pour toi, des moyens financiers, un accès aux médias, des contacts pour pouvoir participer aux événements et aux initiatives qui te font connaitre etc. Une personne capable de mobiliser tout ça doit être populaire ou bien placée et donc déjà influente. Bien sûr, j'imagine que tu peux avoir certaines figures associatives locales qui émergent mais c'est pas si courant... Du coup, le sans étiquette pour moi ya un fort risque de "personnalisation" voire de populisme. Les gens sont tentés de voter pour une personne qu'ils connaissent sans nécessairement connaitre leurs idées, ou voteront pour un personnage séduisant et charismatique qui peut balayer facilement les aspects les plus gênants de sa campagne grâce à sa popularité.
L'avantage d'appartenir à un parti c'est qu'il met à ta disposition des ressources humaines, un réseau, des contacts médiatiques et des moyens. Il peut parfaitement permetre de faire émerger des personnes peu connues grâce au système de nomination/élections internes qui permettent de représenter le parti aux élections. Aussi, en théorie, la position d'un candidat issu d'un parti précis est plus ou moins connue grâce aux idées clairement affichées par le parti, même si on ne connait pas la personne. Du coup, le vote pour un parti devrait permettre en principe de voter pour des idées nettement définies.
Mais je suis d'accord, je trouve le système de partis dans la pratique beaucoup trop pervers, notamment parce que le pouvoir est très mal réparti et que le concept de faire carrière au sein d'un parti biaise les choses.
Pourtant, dans l'esprit, les partis politiques ou la formation de groupes politiques me paraissent nécessaires. Avant de proposer une loi, d'étudier un sujet ou de voter, les élus doivent parvenir à des consensus, et on ne s'entend pas en discutant à 200, donc ça se fait en petits groupes avant de soumettre au reste du groupe. Le système de partis permet de répondre à cette nécessité de se rassembler par affinités politiques (parce qu'en général, on arrive mieux à déblayer le terrain sur ce qu'on doit faire quand on a des idées qui convergent), de s'entendre sur des points, de décider de certaines concessions qu'on est prêts ou non à faire. Je trouverais quand même difficile d'avoir une scène politique cohérente et intelligible s'il n'y avait pas un minimum de groupes d'opinion.
Aussi, le parti permet de fixer une ligne politique dont on ne dérive pas au gré du vent. En principe, tu appartiens à un parti dans lequel tu te retrouves et tu en démissionnes si c'est une division grave. Je ferais confiance à certaines figures politiques que je connais bien (genre Taubira, on s'en fout un peu de son parti, on sait quelle genre de personne c'est) mais d'autres figures politiques, j'ai quand même besoin d'être sûre qu'ils respecteront certains principes de base, qu'ils ne changeront pas d'avis comme ça, parce que les médias etc., et le parti permet en principe de le garantir. Dans les faits, surtout en ce moment, c'est bien sûr pas si clair. Mais ya quand même des trucs nets. Genre tu sais qu'un élu EELV s'opposera au nucléaire et prônera la dépénalisation du cannabis (ce qui n'est pas nécessairement ma position). Ils pourront éventuellement exprimer des réserves, mais tu sais qu'en votant pour eux, ils vont défendre ça. Et que c'est seulement un truc grave qui les fera changer d'avis car il y a le parti par-dessus. Ou alors ils feront savoir clairement AVANT le vote qu'ils divergent sur ce point. Bref, tu sais qu'un an après le vote, ils ne vont pas commencer à soutenir Areva ou à demander des tests de drogue dans les lycées pour punir les jeunes qui consomment du cannabis. C'est assez rassurant si tu partages leurs positions.
Mais l'effet pervers, c'est qu'un élu n'osera pas s'opposer à un truc qui le choque ou que si c'est une ligne du parti qui change, il risque de changer avec aussi...
Du coup, on pourrait imaginer quelque chose comme les groupes parlementaires du Parlement Européen ou des élus se rassemblent par affinités, s'engagent les uns envers les autres mais sans que l'emprise soit aussi forte qu'un parti. Et surtout, l'indépendance des députés devraient primer sur la ligne du parti. Or, c'est l'inverse. C'est à dire que le parti devrait être un cadre pas le "chef" du député. Constitutionnellement, son chef c'est l'ensemble des citoyens de France, et il peut prendre des décisions librement à partir de là. Mais dans les faits, c'est souvent les cadres du parti...
Bon, je sais pas si c'est clair mais en tout cas c'est pour ça que je m'intéresse au fonctionnement interne des partis. J'ai l'impression que le système est perverti mais en lui-même je ne suis pas certain qu'il soit si nocif que ça...