@Petite-fleur
Alors je vais essayer de résumer (car traduire serait trop long). Pour simplifier la lecture je vais pas répéter "l'article" ou "le journaliste" tout le temps donc plusieurs passages permettront affirmatifs mais je précise que ce n'est pas mon opinion que je rapporte, simplement le contenu de l'article.
La première partie de l'article parle de l'expérience d'une jeune femme escorte qui a vécu deux expériences de la prostitution : une première qu'elle a adoré et qui lui permettait d'arrondir ses fins de mois, une deuxième où un petit ami a commencé à contrôler son activité et qui était plus proche du trafic sexuel. Cette jeunes femme est favorable à la décriminalisation car elle pense que ça donnerait du pouvoir aux travailleurs du sexe. L'article rappelle que la situation peut être différente pour d'autres populations contraintes de se prostituer par besoin.
Ensuite, l'article présente les différentes positions féministes sur la prostitution ainsi que le mouvement militant des travailleurs du sexe. Puis il décrit les différentes aides financières de l'Etat : comment les différents gouvernements choisissent d'aider les victimes du trafic sexuel ou les organisations travaillant sur le thème de la prostitution. Je ne détaille pas plus ce passage car il est vraiment très long mais si ça t'intéresse, je pourrais essayer d'en dire plus demain.
On en vient après au passage que j'ai mis en spoiler qui présente les différents modèles législatifs sur la prostitution dans le monde.
Le premier modèle présenté est le modèle dit "suédois" ou "nordique" adopté par le Parlement suédois en 1999. Ce modèle a été repris et adapté par de nombreux pays dont le Canada et la France. Selon ce modèle, l'achat d'actes sexuels est un crime mais la prostitution en elle-même ne l'est pas. C'est donc le client qui est criminalisé mais la prostitution est considérée comme une menace pour les individus et la société selon les termes de la loi. Elles ont tendance à aller vers des zones éloignées et cachées, ce qui augmente les risques d'agression. La prostitution de rue a diminuée de 50% selon les études gouvernementales suédoises mais certains chercheurs pensent qu'elle s'est déplacé vers les lieux privés.
Les militants travailleurs du sexe ne sont pas favorables à ce modèle car selon eux, il ne vise pas à défendre les prostituées mais à protéger la société des prostituées. En outre, les prostituées ne peuvent plus emmener leurs clients dans des endroits sûrs car ceux-ci ont peur de se faire pincer. L'autre problème c'est que lorsque la Police enquête sur un client, elle utilise l'enquête comme prétexte pour vérifier les papiers de la prostituée, ce qui peut entrainer des expulsions du territoire. Les prostituées risquent également de perdre la garde de leurs enfants ou leur logement car un propriétaire doit les expulser s'il est informé de leurs activités dans le logement. S'il ne le fait pas, il peut être poursuivi. Néanmoins, le gouvernement suédois estime que ces effets négatifs participent à faire disparaitre la prostitution.
Selon certains travailleurs sociaux américains, le modèle suédois ne pourrait pas fonctionner aux Etats-Unis car la pauvreté y est plus forte et les services sociaux beaucoup moins développées. Par conséquent, la légalisation pourrait augmenter le trafic sexuel sans apporter de quoi aider les prostituées qui voudraient arrêter.
En 1999, l'Australie a pris une voie différente de la Suède. Dans l'Etat de Nouvelle-Galles-du-Sud, la prostitution a été légalisée pour les adultes consentants et les bordels peuvent fonctionner comme n'importe quel business. En 2003, la Nouvelle-Zélande a aussi entièrement décriminaliser la prostitution. Contrairement aux contraintes des abolitionnistes, ces modèles n'ont pas augmenté le nombre de travailleurs sexuels. L'usage du préservatif dépasse 99% selon les enquêtes gouvernementales, tandis que le niveau de dépression et de stress des femmes travaillant dans les bordels est similaire à celui des autres femmes. En revanche, il est beaucoup plus élevé pour les femmes travaillant dans la rue. La Nouvelle-Zélande n'a pas trouvé de signes permettant de conclure que le trafic de femmes étrangères avait augmenté mais la Nouvelle-Galles-du-Sud a autorisé la Police a mieux contrôler les bordels car ils avaient découverts que certains étaient liés au crime organisés. Ce type de contrôle a donné lieu à des poursuites pour servitude sexuelle et exploitation.
L'article raconte ensuite l'expérience de Maitresse Matisse, une dominatrix américaine militante qui a décidé de travailler en Australie pour tester. Elle compare son expérience avec le Nevada aux Etats-Unis et préfère largement l'expérience australienne. Elle explique qu'au Nevada, les femmes doivent rester dans le bordel en permanence alors qu'en Australie, elles peuvent rentrer dormir chez elle et mener une vie normale en dehors des horaires de travail. Au Nevada, la plupart de la prostitution a lieu illégalement hors des bordels, ce qui apporte plus de liberté mais aussi plus de danger.
En Allemagne, la loi encadrant le commerce sexuel a transformé le pays en destination pour le tourisme sexuel avec des femmes migrantes entrainées illégalement qui risquent l'expulsion. Par ailleurs, le coût de la license rend très cher le fait de monter un tel business, ce qui favorise les grosses chaines et les bordels "industriels". La santé des femmes est contrôlée par leur employeur, ce qui réduit l'autonomie des travailleuses du sexe.
Pour Amnesty International, la décriminalisation prend du temps pour montrer ses effets car il faut que les attitudes évolue. L'ONG distingue clairement le modèle allemand et le modèle australien/néo-zélandais qui donne plus d'autonomie aux femmes et favorise les petites coopératives. Les mentalités semblent changer puisqu'en Nouvelle-Zélande, les prostituées rapportent à 40% qu'elles ressentent un sens de la camarederie et d'appartenance dans leur métier. En outre, la Police est beaucoup plus susceptible d'aider les prostituées. Avant, elle ne s'arrêtait pas quand les travailleuses sexuelles leur faisait signe de les aider. Maintenant, la Police intervient et prend plus au sérieux leurs plaintes. Par exemple, un client avait refusé de payer une prostituée après qu'elle ait délivré le service, la prostituée a fait signe à un policier et celui-ci a dit au client qu'il devait payer, l'escortant même jusqu'au distributeur de monnaie.
L'article parle ensuite du modèle indien, et c'est assez long et compliqué donc je vais résumer grossièrement. Initialement, les féministes indiennes considéraient que la prostitution était une forme de viol mais le pays compte plusieurs de travailleurs sexuels composé de très nombreux membres et très influents. Ces collectifs ont poussé les féministes à changer de posititon. Ils ont aidé à réduire le SIDA par une meilleure utilisation du préservatif, ils offrent des services spéciaux aux prostituées (des banques dédiées, des écoles pour leurs enfants etc.). D'après une étude, plus les arrestations de prostituées diminuent, plus la violence policière, des clients ou des macs diminue aussi. Plusieurs ONG pensent donc que les collectifs de travailleurs sexuels sont donc plus efficaces pour réduire le trafic et la prostitution de mineurs que les raids de Police. Mais cependant, toutes les maisons closes indiennes ne sont pas liées au collectif, et les conditions de travail ne sont donc pas monitorées correctement partout.
Les raisons pour les prostituées indiennes de faire ce métier sont très complexes. D'après une enquête seules 3% se déclarent forcées de faire ce métier mais seules 10% déclarent l'avoir choisi librement, les autres y ayant été poussées par différentes raisons comme la pauvreté ou une manière de fuir leur environnement familial.
Une féministe américaine et une journaliste indienne sont farouchement opposées au fait de soutenir les collectifs et préfèrent encourager les descentes de Police car elles pensent que les collectifs protègent les clients du SIDA et non les prostituées, mais leur position semble controversée. Et il y a aussi des régions rurales où la question est très complexe car la prostitution est une affaire de famille qui se pratique de génération en génération, avec une pression qui pèse sur les filles pour suivre la voie de leur mère.
Et l'article continue ensuite en imaginant comme la décriminalisation pourrait avoir lieu aux Etats-Unis ainsi que le background légal.
Désolée, c'est vraiment suuuuper résumé car l'article est très long mais j'espère que ça donne déjà quelques pistes de réflexions pour celles qui ne comprennent pas l'anglais!
https://www.nytimes.com/2016/05/08/magazine/should-prostitution-be-a-crime.html