@Dame Verveine J'avoue que je comprends pas bien les deux points de son raisonnement.
1) Est-ce que ton copain critiquait réellement la blague que tu cites ou les différents petits surnoms qu'elle a utilisés pour le tacler ? Je peux comprendre le deuxième point, il y a une certaine "bassesse" à ce type d'humour, bien que la gravité de telles insultes me paraît toute relative, mais si c'est bien le fait de dire sans pincette qu'il est un violeur pédophile, j'ai vraiment du mal à voir pourquoi ça lui poserait problème.
En quoi blaguer sur les violeurs est l'équivalent de blaguer sur les "autres gens" (les femmes ?) ? Il est évident que "femmes" et "auteur de viols sur mineur" ne sont pas équivalents, donc le parallèle entre rire de l'un et rire de l'autre ne m'apparaît pas très clairement (enfin, disons qu'il me semble que c'est pas un crime d'être une femme, en tout cas je trouve pas ça moralement répréhensible, mais il est vrai que la morale est relative). Ton copain n'utilise jamais l'humour pour s'attaquer à des institutions, idées, entités auxquelles il s'oppose ? J'ai du mal à y croire.
Serait-ce trop bas de rire d'un mec déjà bashé publiquement ? Son "bashing" dure depuis très longtemps, certes, mais ça ne l'empêche visiblement pas de continuer à tourner des films, ni d'être récompensé, donc si tu veux mon avis, ça veut dire qu'on est pas encore au stade où ce serait "trop". Je pense qu'on a encore un peu de marge pour faire du bruit et de l'humour. Quid de ses victimes ? il me semble qu'elles ont davantage souffert de ses actes et qu'elles peuvent difficilement clore le chapitre et guérir leurs blessures quand Roman-le-persécuté refait son apparition dans les médias et entraîne avec lui une vague de haine envers les victimes.
2) L'humour empêcherait-il de voir les arguments ? D'une part, je ne sais pas trop quels arguments il faudrait encore dérouler pour expliquer que c'est vraiment bof d'honorer un mec condamné pour des crimes sexuels. D'autre part, c'est un peu la base de l'humour politique de résumer en quelques mots choc une pensée plus complexe et d'inviter à la réflexion. (Si ton mec a déjà scandé un slogan en manif : il a fait strictement la même chose.)
Et je trouve que cette blague sert parfaitement ce but. Le mec fait un film sur l'affaire Dreyfus et insiste lui-même sur le fait qu'il s'agit d'un parallèle avec la persécution dont il serait victime (pour les crimes qu'il a commis, pour lesquels il a été condamné, et pour lesquels il est toujours en cavale, rappelons-le). Donc qualifier son film de "film sur la pédophilie dans les années 70", c'est rappeler qu'en faisant le choix de nominer ce film à de multiples reprises, le jury ne peut même pas se cacher derrière la "séparation de l'homme et de l'artiste" pour échapper aux critiques. L'enchaînement avec le film qu'elle cite juste avant "Grâce à Dieu, un film sur la pédophilie dans l’Eglise" pointe du doigt l'hypocrisie monstre et le crachat à la gueule des victimes que représentent les nominations du film et de Polanski lui-même.
Ton mec n'est pas le seul à avoir des choses à redire sur la manière d'agir de Florence Foresti, ou d'Aïssa Maiga (sur un autre sujet), ou d'Adèle Haenel, ou de toutes les autres femmes qui l'ont suivie, ou des femmes qui ont protesté dans la rue. Je vais supposer qu'il se considère comme un allié du féminisme, est-ce que cette position morale est vraiment compatible avec le fait d'avoir des objections dès que des femmes ouvrent la bouche pour aborder des sujets profondément inconfortables sans ménager les hommes ni édulcorer leurs propos ? Est-ce qu'il peut expliquer très concrètement ce que Florence Foresti aurait dû faire différemment pour faire passer son message ? Parce qu'à la façon dont toute la salle a ri et applaudi, il me semble qu'elle a déjà pas mal arrondi les angles pour faire passer la pilule. Il lui restait quoi comme option, le silence ? Ah ouais, c'est marrant comme c'est le mode de revendication féministe idéal selon nos alliés les hommes.
C'est un peu suspect tous ces mecs qui expliquent qu'il aurait fallu protester "autrement", par exemple de manière invisible et silencieuse, ce serait pas mal. J'ai lu qu'Adèle Haenel aurait protesté plus efficacement en n'assistant pas du tout aux Césars. Apparemment, ce serait une méthode de protestation plus efficace que de provoquer un esclandre en plein milieu de la cérémonie qui a ensuite été relayé sur tous les réseaux sociaux, mmmh ok. Les femmes qui l'ont suivie ont pour certaines attendu 5 secondes (rendez-vous compte !) avant de se lever, ce qui montre bien leur lâcheté (). Les mecs qui sont restés gentiment assis sur leurs derrières, rien à y redire, par contre. Quant à Florence Foresti, elle aurait elle aussi dû rester chez elle et refuser d'être maîtresse de cérémonie. Comme ça, elle aurait été remplacée par une personne plus complaisante et qui n'aurait rien dit et la cérémonie se serait déroulée sans un mot de travers, ah ouais, ça, ça aurait été un geste fort !!
Les alliés du féminisme soutiennent grave les femmes dans la lutte contre les violences sexuelles, mais attention, avec de l'humour ça passe pas, en manifestant, ça passe pas, en se levant et en criant "la honte", ça passe pas non plus… du coup il reste quoi ? Mouais, on vous voit.
Je pense que ça transparaît un peu, mais je ressens beaucoup de colère, en ce moment. Mais je suis surtout hyper fière de toutes ces femmes qui ont ri des bourreaux, haussé le ton et semé la gêne et l'embarras, que ce soit à la cérémonie des Césars ou ailleurs. Et j'espère que cette année sera riche en silence gênants parce que y'a pas de raison qu'on essaie de rendre nos luttes plus confortables !
1) Est-ce que ton copain critiquait réellement la blague que tu cites ou les différents petits surnoms qu'elle a utilisés pour le tacler ? Je peux comprendre le deuxième point, il y a une certaine "bassesse" à ce type d'humour, bien que la gravité de telles insultes me paraît toute relative, mais si c'est bien le fait de dire sans pincette qu'il est un violeur pédophile, j'ai vraiment du mal à voir pourquoi ça lui poserait problème.
En quoi blaguer sur les violeurs est l'équivalent de blaguer sur les "autres gens" (les femmes ?) ? Il est évident que "femmes" et "auteur de viols sur mineur" ne sont pas équivalents, donc le parallèle entre rire de l'un et rire de l'autre ne m'apparaît pas très clairement (enfin, disons qu'il me semble que c'est pas un crime d'être une femme, en tout cas je trouve pas ça moralement répréhensible, mais il est vrai que la morale est relative). Ton copain n'utilise jamais l'humour pour s'attaquer à des institutions, idées, entités auxquelles il s'oppose ? J'ai du mal à y croire.
Serait-ce trop bas de rire d'un mec déjà bashé publiquement ? Son "bashing" dure depuis très longtemps, certes, mais ça ne l'empêche visiblement pas de continuer à tourner des films, ni d'être récompensé, donc si tu veux mon avis, ça veut dire qu'on est pas encore au stade où ce serait "trop". Je pense qu'on a encore un peu de marge pour faire du bruit et de l'humour. Quid de ses victimes ? il me semble qu'elles ont davantage souffert de ses actes et qu'elles peuvent difficilement clore le chapitre et guérir leurs blessures quand Roman-le-persécuté refait son apparition dans les médias et entraîne avec lui une vague de haine envers les victimes.
2) L'humour empêcherait-il de voir les arguments ? D'une part, je ne sais pas trop quels arguments il faudrait encore dérouler pour expliquer que c'est vraiment bof d'honorer un mec condamné pour des crimes sexuels. D'autre part, c'est un peu la base de l'humour politique de résumer en quelques mots choc une pensée plus complexe et d'inviter à la réflexion. (Si ton mec a déjà scandé un slogan en manif : il a fait strictement la même chose.)
Et je trouve que cette blague sert parfaitement ce but. Le mec fait un film sur l'affaire Dreyfus et insiste lui-même sur le fait qu'il s'agit d'un parallèle avec la persécution dont il serait victime (pour les crimes qu'il a commis, pour lesquels il a été condamné, et pour lesquels il est toujours en cavale, rappelons-le). Donc qualifier son film de "film sur la pédophilie dans les années 70", c'est rappeler qu'en faisant le choix de nominer ce film à de multiples reprises, le jury ne peut même pas se cacher derrière la "séparation de l'homme et de l'artiste" pour échapper aux critiques. L'enchaînement avec le film qu'elle cite juste avant "Grâce à Dieu, un film sur la pédophilie dans l’Eglise" pointe du doigt l'hypocrisie monstre et le crachat à la gueule des victimes que représentent les nominations du film et de Polanski lui-même.
Ton mec n'est pas le seul à avoir des choses à redire sur la manière d'agir de Florence Foresti, ou d'Aïssa Maiga (sur un autre sujet), ou d'Adèle Haenel, ou de toutes les autres femmes qui l'ont suivie, ou des femmes qui ont protesté dans la rue. Je vais supposer qu'il se considère comme un allié du féminisme, est-ce que cette position morale est vraiment compatible avec le fait d'avoir des objections dès que des femmes ouvrent la bouche pour aborder des sujets profondément inconfortables sans ménager les hommes ni édulcorer leurs propos ? Est-ce qu'il peut expliquer très concrètement ce que Florence Foresti aurait dû faire différemment pour faire passer son message ? Parce qu'à la façon dont toute la salle a ri et applaudi, il me semble qu'elle a déjà pas mal arrondi les angles pour faire passer la pilule. Il lui restait quoi comme option, le silence ? Ah ouais, c'est marrant comme c'est le mode de revendication féministe idéal selon nos alliés les hommes.
C'est un peu suspect tous ces mecs qui expliquent qu'il aurait fallu protester "autrement", par exemple de manière invisible et silencieuse, ce serait pas mal. J'ai lu qu'Adèle Haenel aurait protesté plus efficacement en n'assistant pas du tout aux Césars. Apparemment, ce serait une méthode de protestation plus efficace que de provoquer un esclandre en plein milieu de la cérémonie qui a ensuite été relayé sur tous les réseaux sociaux, mmmh ok. Les femmes qui l'ont suivie ont pour certaines attendu 5 secondes (rendez-vous compte !) avant de se lever, ce qui montre bien leur lâcheté (). Les mecs qui sont restés gentiment assis sur leurs derrières, rien à y redire, par contre. Quant à Florence Foresti, elle aurait elle aussi dû rester chez elle et refuser d'être maîtresse de cérémonie. Comme ça, elle aurait été remplacée par une personne plus complaisante et qui n'aurait rien dit et la cérémonie se serait déroulée sans un mot de travers, ah ouais, ça, ça aurait été un geste fort !!
Les alliés du féminisme soutiennent grave les femmes dans la lutte contre les violences sexuelles, mais attention, avec de l'humour ça passe pas, en manifestant, ça passe pas, en se levant et en criant "la honte", ça passe pas non plus… du coup il reste quoi ? Mouais, on vous voit.
Je pense que ça transparaît un peu, mais je ressens beaucoup de colère, en ce moment. Mais je suis surtout hyper fière de toutes ces femmes qui ont ri des bourreaux, haussé le ton et semé la gêne et l'embarras, que ce soit à la cérémonie des Césars ou ailleurs. Et j'espère que cette année sera riche en silence gênants parce que y'a pas de raison qu'on essaie de rendre nos luttes plus confortables !