Atelier d'écriture (thématique)

16 Novembre 2013
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mademoisellepeps.tumblr.com
Euww et bien je ne sais pas, qui le valide? :dunno:
Et pour le thème, l'idée est vraiment simple: un texte sur quelqu'un, quelque chose, au moment de sa "mort" (je laisse ouvert pour laisser libre votre folle créativité). Le texte doit comporter cet instant de changement d'état, du vivant au non-vivant (ou moins vivant, ou vivant différemment selon ce en quoi tu crois). Et si c'est trop court on peut se rallonger le délai, j'avais dit ça parce que ça avait pas l'air de déchaîner les foules mais on est pas aux pièces!
 
18 Juin 2014
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Voili Voilou!
J'ai demandé a @Krumpet si on pouvait valider le thème et le laps de temps qu'elle donnait, et elle m'as dit que, n’étant plus active sur le topic, nous pouvions valider nos thèmes et que la durée de base était de deux semaines. Je propose donc ce laps de temps pour commencer, mais n’hésitez pas a les dire si il faut un plus grand délais, et on adaptera.

Je me permet donc de valider le thème de @Korbac

Décrire quelqu'un /quelque chose qui s’éteint :

un texte sur quelqu'un, quelque chose, au moment de sa "mort" (je laisse ouvert pour laisser libre votre folle créativité). Le texte doit comporter cet instant de changement d'état, du vivant au non-vivant (ou moins vivant, ou vivant différemment selon ce en quoi tu crois).

Comme d'hab', forme libre, longueur libre, éclatez vous bien.

Le thème est valable jusqu'au 30 mars, sauf si vous voulez plus de temps.
 
4 Novembre 2007
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Metz
lesvoyagesdemircea.wordpress.com
Inspiré d'une histoire vraie, j'arrive pas à en retrouver le lien.
-

Je ne comprends pas qu'on fasse tout un foin de la marche dans le sable. C'est pénible, surtout pour les mollets. J'aurais voulu m'en souvenir avant de choisir cet endroit. Mais j'avais envie de quelque chose d'assez photogénique. Ce qui est ironique puisque je me suis bien arrangé pour que personne ne voit jamais ce qui est en train de se passer. Mais je suppose que même suicidaire on échappe pas aux schémas que la vie nous a enfoncé dans le crâne. Enfin bref.

La mer du Nord m'a toujours fasciné. Cette étendue d'eau bleu lagon, elle a cette pureté fascinante, on voudrait la boire à grosse gorgée. Néanmoins elle a aussi ce côté menaçant... On sait, on sait pertinemment à contempler la mer du Nord, qu'elle nous tue aussitôt même qu'on la touche. Si elle est pure, cette eau, c'est précisément pour ça. Parce qu'elle tue l'homme qui s'aventure à vouloir y mêler sa chaire putride.

Et je m'y connais, en matière de chaire putride. Plus putride que putride même. Un cancer de la prostate, tu parles, cancer du cul oui !

Alors par respect je ne mettrais pas un pied dans l'eau. Je me contenterais de la regarder aller et venir à quelques centimètres de mes pieds, aller et venir, pulsation lente. Rassurante. Qui continuera. Qui continuera bien longtemps après que je ne pulse plus, moi. Avant et arrière, avant et arrière. Et ainsi de suite jusqu'à la fin des temps, sous l'effet des astres et de la gravité, de la Lune et de toutes ces forces invisibles et sans âge.

Alors que moi. Moi j'ai précisément 55 ans. Et j'arrive au terme, au stade terminal, au terminus. Trois ou quatre mois tout au plus. Je pourrais les passer là, à regarder la mer aller et venir pendant tout ce temps qu'il me reste. Mais un cancer, c'est douloureux. Pas pour rien qu'on parle de crabe. Et j'ai mal putain, j'ai mal au cul ! Dans quelques semaines je ne pourrais plus rien faire de mes dix doigts, et certainement pas faire ce que je compte faire.

Alors je m'assois et je vérifie que je n'ai rien oublié. Les quelques gars du patelin du coin qui m'ont croisé ? Pas bien grave, ils n'auront rien d'autres à dire que ce que j'ai soigneusement choisit de leur montrer : un faux nom, des balades quotidiennes dont personne n'a remarqué qu'elles évitaient soigneusement les caméras de sécurité. Et quand on retrouvera mon corps, personne ne saura avant longtemps qui j'étais. Oh, les médecins comprendront pourquoi je l'ai fais. Mais pourquoi là ? Pourquoi ici ? Comprendront-ils ?

On ne peut pas allez plus au nord que ce rebord glacial de l'Ecosse. Du moins c'est l'impression de bout du monde que je retrouve ici et qui m'attire. Comprendront-ils la volonté d'un homme qui meurs eux qui se croient encore si vivant ? Et avec raison. S'ils ne se croyaient pas si vivant ils se trouveraient avec moi, ici, au bord du monde à regarder la mer rassurante qui va et vient, d'avant en arrière.

Les chiens, eux, comprennent. Le pont d'Overtoun n'est pas si loin, et ils se jettent en masse, toujours du même côté, depuis des décennies.
Quand on a un cancer du cul, croyez moi, on ne se sent pas tellement plus noble qu'un chien.

Le vent dans ce coin du monde est plus libre qu'ailleurs, et paradoxalement pas si froid. Bien moins que cette eau qui sent la mort et l'iode. Pourtant il se calme. Un rayon de soleil me fait croire pendant quelques secondes à la chaleur humaine, je me souviens, il y a des années.... Bah, ils penseront que j'ai disparu. Je ne suis même pas sur qu'ils feront des recherche. Ca longtemps, ça fait des années.... Mais ce rayon de soleil a l'odeur de son sourire. Et pendant un instant je me souviens, et je sais que c'est le moment. L'âme d'avant en arrière, entaille les chaires. Je m'allonge et attend. Avant en arrière. Le sable me dérange, mais pas autant que cette douleur qui me paralyse l'aine. J'ai l'air malade, amaigris. J'ai l'air mort depuis longtemps maintenant, si je ferme les yeux ça ne changera presque rien et la moitié du chemin sera faite.

Je ferme les yeux. Avant en arrière. Ma cage thoracique. Elle se fait de plus en plus discrète. La mer, elle, garde le même rythme. Insolente. Avant et arrière. Ma cage thoracique se secoue de spasme. Puis se repose enfin. L'eau lèche mes chevilles, j'imagine que c'est elle, il y a vingt ans, qui caressait mes joues. Le soleil, ses mains, l'eau, sa peau. J'essaye de faire en sorte que ma dernière pensée ne soit pas dédié à ce mal qui me ronge l'anus. Alors je me concentre de toutes mes force sur elle. Chaque seconde j'en demande une de plus, pour me souvenir d'elle avec plus de netteté que jamais. C'était il y a trente ans maintenant, comprendront-ils ? Comment des évènements si lointain peuvent décider un vieil homme à mettre fin à ses jours, ici et maintenant, trente ans plus tard ? Cherchez la femme qu'ils disent dans les séries télés... Cherchez la bien...

Je voudrais ne pas penser à la douleur, je voudrais penser à elle, mais ma dernière pensée est "Comprendront-ils ?" et s'adresse aux inconnus qui trois jours plus tard ont retrouvé mon corps.

Sous l'effet des marées, d'avant en arrière, la mer m'avait attiré dans ses bras. Elle a conservée mes chaires intactes et les a rendu au prochain groupe de locaux a être passé dans le coin. Ironie du sort il s'agit précisément du taxi qui m'avait amené ici qui a ramené ma carcasse en ville. Allez et retour, d'avant en arrière.
 
29 Mai 2011
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Montréal
Nous sommes deux, mais nous ne formons qu'un. Deux embryons flottant , errant dans une seule et unique pochette amyotique. Un placenta, un utérus qui nous accueille tous deux. Une mère ,un père. Mais nous sommes deux , nous nous accrochons l'un à l'autre en symbiose parfaite. Nous nous endormons ensemble, nous nous réveillons ensemble. Nous bougeons ensemble. Nous nous dérobons tranquillement des limbes,ensemble. Une seule âme , répartie entre deux corps miroirs. Des miroirs déformés, Ma moitié ,bien qu'identique ne représente que la moitié de ma taille. La symbiose se rompt. J'absorbe nutriments ,vitamine et énergie et je grandis , je m'épanouis, seule. Mon reflet semble rapetisser à vue d'oeil. Je croit , je croît. Je ne comprends pas . J'absorbe, je mange , je dévore. Je n'en peux plus, c'en est trop. Je veux lui en offrir partager cette abondance, je ne peux pas. Je n'en peux plus. Je croît, je croît. J'étouffe, je suis trop à l'étroit.Je vais fendre les eaux, me répartir dans son ventre, lui ressortir par la tête. Je n'en veux plus, que cela cesse. Ma moitié va disparaître, je vais l'écraser , l'anéantir. Encore et encore, jusqu'à la goutte de trop, jusqu'à ce que ma source de vie ne me réduise à néant, J'explose et je meurs, ma moitié se nourrira de ce que mon cadavre cessera d'engloutir. Je ne suis plus , mais mon corps y est toujours. Ma moitié viendra au monde, mon cadavre viendra à la mort.
 
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Réactions : Selinde
19 Janvier 2014
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selindeseyes.wordpress.com
Je me suis toujours dis que la meilleure façon de quitter le monde des vivants était de mourir en combattant une de mes peurs les plus féroces. Il se trouve que j'ai toujours eu peur de l'eau. Les étendues d'eau m'effrayent. C'est tellement angoissant de voir des kilomètres, et des kilomètres d'eau sans en voir le bout. C'est pourquoi aujourd'hui, sous une pluie torride, je me retrouve devant cet océan déchaîné. Je suis trempée avant même d'arriver dans l'eau. La pluie s'abat sur moi, mais ne me décourage pas. Le vent souffle également. Les buissons sont couchés et se laissent dominer par le vent. Les vagues sont houleuses et se dressent telles des géants devant moi. Je ne suis pas encore rentrée dans l'eau qu'une angoisse envahissante me submerge. Je me laisse envahir par celle-ci et me dirige vers cet élément déchaîné. Mes pieds s'enfoncent sans le sable mouillé. Je suis à quelques centimètres de l'océan. Je ne me retourne pas et je continue d'avancer. Je sent mes pieds nus entrer en contact avec l'eau glacée. Les vagues se brisent sur mes jambes désormais submergés par l'eau. Je ne vois pas le fond de l'eau, je ne vois pas le bout de l'océan, cela me fait peur mais je continue d'avancer déterminée à en finir. Les vagues tentent de me déstabiliser mais je tiens bon et je suis solide comme une roche. Le vent siffle dans mes oreilles. L'eau m'arrive maintenant au niveau du visage. Bientôt, je ne pourrais plus respirer. Des larmes amères coulent le long de mon visage avant de se déverser dans cette étendue d'eau infini. L'eau monte de plus en plus vite. Je reçois des éclaboussures sur le visage. Mon maquillage coule et le noir se mélange au liquide salé. Soudain, une vague m'assaille et me happe. Je suffoque, mais je n'essaye pas de me débattre et je laisse cet élément m'emporter. L'air me manque, je sent que mon corps est en train de couler dans les méandres du Pacifique.

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J’aire dans ce désert sans fin sous un soleil de plomb. Je suis seule avec mes pensées. Mon sac pèse sur mes épaules. Je ne sais pas où je vais. Je n'ai pas de destination. Le soleil tape, ma langue est sèche. Je sors ma gourde et bois la dernière goutte. Je suis assoiffée. Je peine à marcher. Mes pas sont lourds. Je ne croise personne, mais espère tomber sur des marchands pour qu'ils m'aident à sortir de ce désert sans fin. Je n'ai plus de réserves d'eau et de nourriture. Je sent la fin approcher quand soudain j’aperçois un point d'eau, mais au lieu de boire de l'eau, je m'allonge confortablement sous un palmier et laisse mes pensées vagabonder. Ma fin est proche, mais cela ne me touche pas. Je sent mes yeux se fermer, les battements de mon cœur ralentissent. Je m'approche de la fin. Il n'y a pas de meilleur endroit pour mourir.
 
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Réactions : Chickenwing
18 Janvier 2014
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Paris
@Mircea Austen, j'aime beaucoup ton texte. Le ton, la façon dont s'est tourné ... :top:


La lumière s’éteint

J’ai 10 ans. A 10 ans, je suis grand. Enfin, il parait. C’est Papa qui me dit ça quand il vient me dire bonne nuit.
_ Mon p’tit gars, me dit-il, maintenant tu es un grand, non ?
Il me regarde avec des yeux bienveillants mais sérieux.
Je lui fais signe que oui, en me demandant ce qui va suivre. Quand il commence comme ça, mon cœur bat plus fort. J’ai l’impression d’être beaucoup plus grand que mes 10 ans. Je ne sais pas si c’est bien. Mais je ne veux pas décevoir mon père.
_ On est d’accord. Moi aussi je trouve que tu es grand. Mon petit garçon est un grand.
Il me fait un sourire complice, et je me détends. Si Papa pense que je suis un grand, c’est que je le suis. Un vrai grand comme lui.
_ Mais tu sais, les grands garçons ne dorment plus avec la lumière allumée.
Je jette un regard vers la petite lampe de chevet en forme de voiture de course qui reste allumée la nuit. Je l’ai toujours eue. Elle est familière et rassurante.
Les yeux de mon père me cueillent quand je me retourne vers lui. Il s’attendrit devant l’angoisse qu’il lit surement sur mon visage. Il me prend dans ses bras, et ça va mieux. Pour quelques minutes.
Parce que Papa a son air déterminé, et je sais que ma petite mine d’enfant, ça ne fonctionnera pas, ce coup-ci.
Il se lève après une caresse sur ma joue et va débrancher ma petite voiture.
D’un coup, j’ai l’impression que quelque chose s’est éteint en moi.
Je m’enfonce sous la couette jusqu’au nez.
Papa sourit en revenant vers moi.
_ Mon garçon, cette nuit, tu deviens vraiment un grand garçon. Je suis fier de toi. N’aie pas peur, d’accord ?
Je hoche la tête, mais le fait de parler de la peur l’a fait naître en moi, et je commence à trembler. Heureusement, Papa ne s’en rend pas compte, il s’est déjà relevé.
Il se dirige vers la porte, et se retourne sur le seuil pour me regarder.
_ Bonne nuit, bonhomme. Fais de beaux rêves.
Il me sourit, puis il éteint la lumière, et la porte se referme.
Je suis tout seul dans le noir.
Je tremble.
J’ai peur.
Je ne suis pas un grand.
Je serre les dents parce qu’il faut que je ressemble à un grand.
Pour Papa.
Je me bats contre ma peur pour le rendre fier.

Peut-être que c’est ça, grandir ?
 
16 Novembre 2013
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mademoisellepeps.tumblr.com
Ça fait des mois qu'elle lutte, contre ce crabe apparu comme une vilaine tache sur ses poumons dans une photo en noir et blanc. Le froid, les douleurs, les sautes d'humeur et la vue qui s’éteint, qui se brouille peu à peu comme une chandelle dans le brouillard.
Elle avait 80 ans certes, mais merde, elle avait pu courir, danser, marcher sur la plage avant que cet insidieux ne la cloue à son lit ou à sa chaise roulante. La belle voix grave et rauque de celle qui a trop fumé, elle qui trouvait qu'on en faisait des tonnes sur la dangerosité du tabac: elle avait bien tenu jusqu'à 79 ans, elle. Et puis le Karma, Dieu, la Chance, appelle-le comme tu veux, qui lui a balancé une targette en plein dans les gencives.
C'était bien dommage. Elle hésitait, bravache et fière d'un côté, crevant de trouille de l'autre, pestant moins contre le cancer que contre la cécité. Et puis le lymphome dans sa bouche a ramené sa vilaine tête et ça a commencé à être dur de manger. Manger, un des derniers plaisirs, quand elle n'avait pas à s'agiter aux fourneaux. Les trois quart d'une vie devant ces satanés feux, deux fois par jour, tous les jours de la semaine. Et quand elle n'était pas devant, fallait bien qu'elle pense à ce qu'elle allait mettre dans ces maudites casseroles. Tellement de temps perdu.
Et là elle était là, sous les couvertures, et elle ne bougeait presque plus. Ils étaient tous venus, l'avaient cajolé, entouré d'attention, lui avaient fait à manger sans qu'elle ait à s'approcher de la cuisine. Même si ça l'avait démangé, beaucoup, d'intervenir dans ce royaume qu'elle avait dirigée si longtemps.
Elle était sous sa couverture toute douce et elle avait pensé à Dieu, elle qui avait vécu sagement catholique, parce que c'était comme ça. Elle serait enterrée de même, mais en attendant, sous sa couverture, elle en avait un peu rien à faire du vieux barbu. Il ne lui avait jamais parlé. Et là elle s'avançait dans le rien, le rien glaçant, le rien bien moins confortable que passer le reste de cet ailleurs le cul posé sur un nuage avec des ailes dans le dos.
Il y avait ce trou noir devant, vertigineux, et elle ne savait pas quoi faire avec ça. Angoisse terrible parfois, lors de ces longues nuits d'insomnies. Et parfois l'envie. Arrêter la douleur, enfin. Parce qu'elle était fatiguée aussi, et elle en avait un peu marre de cette arnaque de vie qu'on lui avait fourgué. On lui avait mis dans les mains, on l'avait poussé dans le dos et on lui avait dit débrouille-toi. Elle avait dit qu'elle n'avait pas choisi mais on lui a rit au nez.
Et maintenant elle était là les pieds au chaud sous sa couverture, elle qui avait toujours peur d'avoir froid, et elle sentait que ça venait lentement. Ils étaient tous venus, l'avaient gorgé d'amour et puis ils étaient partis. Et elle avait lâché, les ombres autour du lit s'étaient rapprochées et elle s'était laissée dormir, le corps chaud de son mari contre elle, l'homme de sa vie qui la tenait dans ses bras et qui pleurait doucement, doucement sa femme qui lui coulait entre les doigts. Elle dormait parce qu'elle ne pouvait plus parler, qu'elle avait dit au revoir à chacun et que maintenant il était temps. Plonger un peu plus profond, le corps affaiblit par le manque de nourriture et la morphine qui coulait dans ses veines. Plonger encore, encore un peu, pour qu'il n'y ait plus que l'ombre, l'absence de bruit, le grand Absolu. De toute part, océan de néant. C'était doux, lâcher prise, enfin.
Ne laissant qu'un homme seul lové contre un corps dont le cœur est absent.
 
19 Janvier 2014
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Je savais qu'un jour cela arriverait. N'ayant jamais eu de chance dans ma vie, comment en aurait-il été autrement ? Ce n'est pas que je me plaigne particulièrement de ce que j'ai pu vivre jusqu'à aujourd'hui, non loin de là. J'en ai profité oh ça oui ! Visualisez le visage d'ange d'un enfant qui lorsqu'il sourit ... cela ne présage rien de bon, c'était moi ! J'étais un ange, je ne pleurais pas plus que ça, je discutais avec tout le monde, j'étais sage à l'école, un enfant modèle. Mais lorsque je souriais, ahaha, vous pouviez être sûr que j'allais faire une bêtise ! Mais bon, on m'a toujours dis que j'avais un joli sourire alors je savais attendrir les gens avant qu'ils me crient dessus (ce qui se résumait à me dire "oh c'est pas bien ..."). Tu parles ! Comme si je ne le savais pas, mais c'était tellement rigolo qu'il fallait bien que je recommence !
Mon adolescence a été comme les autres, des moments de rébellion ("J'en ai marre de vous, si ça continue je m'en vais !"), des hormones dans tous les sens, plus ou moins de déceptions amoureuses, de l'engagement, de la fuite ... Puis la majorité, et là ! J'ai pris mes valises et direction la liberté ! Enfin c'est du moins ce que je croyais. Pourquoi je disais que je n'avais jamais eu de chance dans ma vie ? Il est vrai que jusqu'à présent j'ai dépeins une vie tout à fait heureuse et banale ? Tout simplement parce que pour tous ces petits moments de bonheur, il y avait toujours un évènement pour "noircir" le tableau. Vous sortez pour la première fois avec un adolescent boutonneux dont vous êtes "raide dingue" ? Vous vous promenez près du canal avec les oiseaux qui chantent, tout se passe à merveille. Monsieur commence à vous attraper, à serrer votre visage tendrement et puis il se penche, à ce moment-là les secondes durent des heures jusqu'au moment où ... Vous glissez et vous étalez par-terre dans la
boue ! Parce que oui, le canal si romantique était en fait jonché de feuilles tombées des arbres et plein de boue parce qu'en automne il pleut ! Le nombre de fois où votre train arrive en retard et donc que vous ratez votre correspondance suivante, votre entretien de stage, votre entretien tout court. Et au moment où vous avez couru comme jamais dans votre vie, que vous arrivez à monter dans le train, celui-ci tombe en panne et est obligé de stopper à la première gare venue.
Voilà, une vie qui rime avec péripéties. Aujourd'hui, mon homme et moi prenons une voiture pour aller à l'aéroport. Notre premier voyage en amoureux, nous avons des étoiles pleins les yeux, je viens de lui apprendre que je suis enceinte, nous planons. Tellement que je ne vois la voiture d'en face qu'au dernier moment, je n'ai pas le
temps d'hurler ni rien. Depuis, il fait noir, très noir. J'entends du mouvement autour de moi, des voix, ils parlent de moi. Je ne discerne pas tout, ce que j'entend c'est mon homme, il est là, il est sauf ! Pourquoi pleure-t-il donc ? Pourquoi je ne peux pas me lever et le serrer dans mes bras ? Mince, non ... NON je ne veux pas, réveillez-moi !
Tout est si noir, pourtant je suis bien là et je les entends. Comment ça cela fait trois mois que je ne bouge plus ? Mon bébé ? Non. J'ai mal si mal. Réveillez-moi s'il vous plait. J'entend ce qui semble être le médecin expliquer à mon conjoint que si jamais je me réveille j'aurai de graves séquelles, je ne serai plus qui j'étais. Plus jamais moi, cette fille si souriante et pleine de vie. Le médecin continue sur sa lancée pour expliquer que mon homme doit prendre une décision, me laisser une possibilité de me réveiller un jour même si c'est dans 10ans et vivre dans la souffrance, ou bien accepter de me laisser partir. Le médecin part, et l'amour de ma vie pleure à n'en plus pouvoir. Je sais qu'il a pris sa décision. Quelques minutes plus tard, j'entend le médecin qui appuie sur des boutons, qui explique la procédure. Plus de bruits. Ce noir, toujours ce noir et plus jamais de sourires.

P.S : Bon je l'ai écris un peu vite ... Donc pour moi c'est bon, vous pouvez clore le thème. :)
 
Dernière édition :
  • Big up !
Réactions : Arlequine. et Korbac
3 Avril 2015
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Toulouse
Crépuscule

Elle vient impatiente pétrifier vos coeurs.
Vous qui passez dans l'ombre, étiez-vous jeunes et frêles?
Avant qu'un souffle brûlant vous glace et vous mêle
Aux corps qui ont souffert et qui dorment d'horreur.

Une phalange blanche sort et pointe la lune.
Quel étrange spectacle, un cimetière dort.
Seul le vent fait frémir un frêle arbuste mort,
Qui poussait au milieu des croix de terre brune.

Les tombes sont profondes et les larmes agacent
La pluie, qui désormais inefficace et lasse
Réchauffait les foyers et les coeurs des dormeurs.

Maintenant elle détrempe vos os qui las d'attendre
Grelottent sous les vers et les souvenirs tendres
Écris là, comme un parfum d'amour dans la torpeur.
 
  • Big up !
Réactions : Selinde et Korbac
1 Mai 2014
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Bonjour tout le monde,
Je poste mon texte pour le dernier thème. Je ne sais pas trop ce que ça donne, ça fait longtemps que je n'ai pas pris une plume. :red:


La rupture était proche, je le sentais. Je serrai des dents en voyant le coup que je ne pourrais pas esquiver, cette ultime frappe qui me serait fatale. Dans quelques instants je ne pourrais plus aider Louis, je devrais l’abandonner face à nos assaillants.


Au début, je n’étais pas grand-chose. Juste une connaissance, quelqu’un que l’on croise comme ça au détour d’une rue, une inconnue qui fait irruption dans votre vie un soir d’hiver mais qui ne chamboule en rien votre petite existence tranquille. Non, le changement vint après pour Louis. Des semaines s’écoulèrent avant qu’il accepte ma présence, des semaines durant lesquelles il apprit à me connaître, à découvrir tous mes secrets. De longues journées passèrent avant qu’il ne comprenne que je pouvais rester à ses côtés s’il voulait de moi, que je serais là dans ses moments de doute et qu’il pouvait compter sur moi pour le pousser à aller toujours plus loin, à lui donner la force d’avancer dans la vie. Et en quelques mois à peine, je devins sa béquille, son moteur.

Ca n’a pas toujours été facile. Il y eut bien des regards sceptiques quand Louis décida de me présenter à sa famille et à ses amis. Avec ses parents, le courant passa immédiatement. Ils m’ont adorée, m’ont admirée, moi qui n’existais pas pour leur fils il y avait encore quelques mois. Certains de ses amis m’acceptèrent également avec enthousiasme. D’autres en revanche me considérèrent comme une étrange lubie, une mode dont Louis se passerait vite et refusèrent de me revoir ou bien même d’entendre parler de moi.

Ils se trompaient. Je suis restée. J’ai épaulé Louis durant des années, je peux même me targuer de lui avoir donné des ailes. Comme c’était grisant de le sentir si libre, si jeune, prêt à avoir le monde à ses pieds. Rien ne semblait l’arrêter. Et quand des personnes mal intentionnées essayaient de le frapper, de le faire descendre de son piédestal, je réagissais, lui murmurais ce qu’il devait faire pour esquiver les attaques et maintenir ses positions. Certes, il y a des fois où je n’intervenais pas assez vite, des moments où les coups touchaient leur cible. Mais j’arrivais toujours à le soigner, à le relever. Après ses moments réconfortants, Louis me souriait, les yeux pétillants de malice. J’en aurais pleuré de joie.


Louis, mon cher et tendre Louis, j’aurais aimé que ces instants soient éternels.


Puis les choses changèrent. Les attaques devinrent plus régulières, plus sournoises mais surtout plus dévastatrices. Louis trébuchait plus souvent aussi, menaçant de tomber du haut du havre de paix que nous avions bâtit. Moi qui étais désormais inutile durant les assauts, je le relevais, je puisais dans mes forces pour l’aider à se rétablir. Et malgré ces difficultés, nous continuâmes comme deux partenaires inséparables. Malgré les souffrances, Louis me faisait toujours confiance et buvait chacune de mes paroles.


La victoire arriva par une chaude après-midi d’été. Les assaillants nous laissaient tranquilles depuis quelques semaines. Oh, ils envoyaient toujours un éclaireur ou deux dans l’espoir de trouver une faille dans notre muraille mais nous tînmes jusqu’à l’annonce de la bonne nouvelle. Revigorés, nous lançâmes une ultime attaque et écrasâmes nos adversaires. Pour la première fois depuis des mois, nous abattîmes les barrières que nous avions construites. Les ennemis avaient été chassés, plus besoin de protections. Nous accueillîmes avec joie ceux qui nous avaient apportés cette merveilleuse nouvelle.


Mais nous fûmes dupés. Ces gens apparemment si bienveillants se révélèrent être des ennemis plus fourbes que tous ceux que nous avions connus avant. Et ils réussirent là où les autres avaient échoué.

Après chaque attaque, Louis était au plus mal. J’essayais de toutes mes forces de l’aider à se relever mais vint un temps où ce n’était plus suffisant. Des heures sombres où Louis s’appuyait littéralement sur moi pour tenir debout et mettre un pied devant l’autre. Je lui murmurais que tout irait bien, que nous surmonterions cette épreuve comme nous l’avions fait si souvent. Mais je sentais la fatigue m’envahir progressivement et rapidement, je me mis également à trébucher. Jusqu’au jour où je lâchai Louis qui tomba lourdement de la colline où nous nous réfugions.

Il parvint à remonter avec difficulté mais quelque chose avait changé. Il me regardait désormais avec méfiance, me demandait de me taire quand je tentais de le réconforter. Quand il se sentait faillir, il n’acceptait qu’à contrecœur la main que je lui tendais. Je devenais folle, en proie à une angoisse sans cesse grandissante. Je pensais le voir se rapprocher de nos ennemis, de boire leurs paroles venimeuses. Jusqu’à ce terrible soir.


Ils vinrent en nombre. Ils étaient de toute origine, de tout âge. Lorsqu’ils lancèrent l’assaut, je sus que rien ne pourrait les arrêter. Je me plaçai pourtant entre eux et mon protégé, ce garçon souriant que j’avais vu grandir, dont j’avais admiré la beauté. Ce jeune homme que j’avais accompagné du mieux que je le pouvais, que j’avais aimé de tout mon être. Mais ce n’était pas cette personne qui me lança un dernier regard. Alors que le coup fatal allait me transpercer, je vis que les yeux de Louis étaient emplis d’un mélange de haine, de désespoir et d’une infinie tristesse. La vision que j’emportai dans la tombe était celle d’une personne brisée, épuisée avant même d’avoir pleinement vécue.


La douleur me saisit. Chaque parcelle de mon être poussa un hurlement déchirant avant que je n’explose dans un horrible fracas. J’entendis les morceaux de ce que j’avais été rebondir sur le sol dans une cacophonie hideuse, un mélange de sons répugnants et dissonants.


Comme toutes les illusions qui se brise, j’étais destinée à disparaître dans une lugubre symphonie.
 
  • Big up !
Réactions : Selinde et Arlequine.

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