Ça me perturbe...

[Naos]

En ce moment on parle beaucoup du fait que les femmes on des standards bas en matière d'hommes et du coup ça me perturbe : ça me perturbe qu'on puisse être lucide sur des questions comme le patriarcat et son propre conditionnement et que malgré tout, on ne parvienne pas à s'en défaire.

Je prends le prisme de ma propre expérience, mais j'ai connu et côtoyé quelques hommes dans ma vie (amoureuse, familiale, amicale), dont pas mal qui se comportaient de manière moyenne avec moi (m'utilisaient comme confidente/thérapeute/oreille/maman/support de développement personnel), j'en ai parfaitement conscience, je pense être plus ou moins avertie des questions féministes, et pourtant ça me demande beaucoup de m'en défaire et de sortir de schéma.
Je pense aussi à tous les témoignages de femmes ici ou dans mon entourage (mère, amies) qui se coltinent des mecs très moyens, disent qu'elles veulent "sauver leur partenaire", en font trois fois plus en matière de communication, en ont parfois complètement conscience, sont des femmes que j'estime, trouve intelligentes, sensibles, et lucides, écoutent parfois des podcasts sur le sujet, lisent parfois des bouquins sur la charge mentale, et qui restent malgré tout. Ou à l'inverse s'extasient de ce qui semble normal, à savoir que leur mec est extraordinaire parce que la répartition des tâches est plus ou moins égale dans leur couple, et qu'il leur fait leur jus d'orange le matin.

Il est tout à fait possible de sortir de schéma et de placer la barre plus haute, évidemment et d'exiger mieux pour soi-même. Les femmes ne sont pas prisonnières d'elles-mêmes. Mais en attendant, ça me perturbe beaucoup de réaliser qu'un conditionnement c'est aussi ça : être parfois très lucide et avoir du mal à se débarrasser de tous ces réflexes.

 

[Flowina]

@Lapiluz Je comprends tellement

Ça m'a fait la même chose quand du jour au lendemain je me suis teint les cheveux en rose. Je suis allée faire mes courses, pris les transports, je suis allée à mon nouveau boulot (boulot plutôt arty mais boulot quand même), j'ai vu mes parents... Et je n'ai perçu aucun regard de travers, reçu aucun commentaire pendant plusieurs jours à ce sujet (ça a fini par arriver, mais très rarement, et le plus souvent à mon initiative).

En soit c'est cool mais ça m'a vraiment perturbé de ne même pas avoir plus de remarques que ça.
Je pense que je m'y attendais tellement que j'étais presque un peu déçue de n'avoir presque aucun retour spontané à ce sujet.

Du coup j'en suis venue à une autre conclusion que la tienne : en fait la plupart des gens de mon entourage en ont absolument rien à foutre de mon apparence . Ceci dit c'est assez déculpabilisant sur ma peur du regard des autres.

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[Membre supprimé 359013]

Je vais essayer de parler de quelque chose, un sujet que je n'ose pas aborder IRL car j'ai trop peur de la réaction des gens...

Spoiler: Questionnement

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Je crois que j'ai tout dit... Et vraiment ce sont des choses dont je n'ose pas parler car apparemment, le désir d'enfant doit être inné chez les femmes, on doit forcément aimer les enfants puisque nous sommes "amenées à devenir mères"... Moi je ne sais plus...

 

[Membre supprimé 293787]

@Teix_ je ne sais pas si tu attendais une réponse mais

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[Membre supprimé 359013]

@Alien_or Oui, j'attendais une réponse et je te remercie beaucoup, tu m'as aidée à ne pas culpabiliser de ce que je ressens.
Les injonctions aussi me font peur. Eternelle anxieuse, angoissée, et j'en passe, c'est comme si on me mettait une pression. Sans compter le fameux "Tu as bientôt 30 ans, attention l'horloge biologique !"... Mais je suis célibataire, je ne vais pas faire un enfant avec le premier venu tout ça pour avoir un enfant ?..

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J'avais une prof quand j'étais à la fac, qui nous disait que le meilleur âge pour avoir un enfant c'était 22 ans (d'où est-ce qu'elle sortait ça, nul ne le sait), et qu'on devrait toutes êtres enceintes parce que c'était le bon âge. Un jour, elle était venue me gonfler en me disant que j'étais faite pour avoir beaucoup d'enfants et que je devais m'y mettre... Je lui ai répondu "Ok je fais un enfant, mais c'est vous qui vous en occupez parce que moi j'en veux pas. Deal ?". Elle m'a plus jamais adressé la parole.

 

[zoulouve]

@Teix_ tu connais peut-être déjà mais si tu vas sur ce sujet, ça pourrait te faire du bien.
https://forums.madmoizelle.com/suje...des-enfants-ici.143159/page-283#post-11723033

 

[Margay]

Il y a un collègue au taff qui ne me calcule plus depuis son retour de vacances, j'ai aucune idée de pourquoi. Et je crois qu'il fait quand même des efforts quand il est obligé de m'adresser la parole. Outre ça qui me perturbe, il y a aussi ma réaction : j'ai passé l'après midi à ressasser et m'imaginer des situations de conflits/résolution de conflit, alors que bon, c'est un collègue avec qui j'ai jamais eu d'affinité particulière tout en restant sympathique par politesse, mais sans plus quoi. Je comprends pas pourquoi je ressasse autant alors que rationnellement parlant, j'en ai pas grand chose à faire, et qu'il est pas non plus ouvertement désagréable, je sens surtout une tension et il me parle pas même pour les politesses de base (sauf bonjour/au revoir)
Je trouve ça un peu frustrant de voir que ça m'atteint alors que j'aimerais que non, et que ce soit un non-évènement dans ma vie

 

[Rosenrot_]

@Naos : Je me demande quel choix ont les femmes qui aiment les hommes quand il y a si peu de mecs "décents" disponibles. Sans déconner, parmi les dizaines et les dizaines de couples hétéros que j'ai côtoyés au cours de ma vie, je pense pouvoir affirmer que deux (2) de mes potes sont dans des relations équilibrées avec des mecs qui sont de bons partenaires (d'après ce qu'elles racontent + mon propre ressenti avec les mecs en question). Ça veut pas dire que j'affirme que le reste se traînent des boulets, parfois j'ai juste pas assez d'informations pour former une opinion. Et je veux bien croire que beaucoup de ces mecs dont je ne sais rien sont des mecs en or ! Mais mon expérience jusqu'à présent, c'est plutôt qu'il y a une écrasante majorité de cas où je n'avais pas une très haute opinion du mec, pour dire les choses poliment. Donc partant de ce constat, si les "mecs biens" sont rares, est-ce qu'on est pas un peu obligées d'abaisser nos exigences ici et là ? Est-ce que ça vaut pas le coup d'être la coach de développement personnel et relationnel d'un mec moyen à défaut de trouver directement un mec mieux ?
Et puis "le cœur a ses raisons que la raison ignore". J'ai vraiment l'impression que beaucoup des limites que je me fixe redeviennent négociables avec moi-même dès que je m'attache un peu à un mec. J'aimerais me foutre des baffes, mais c'est ainsi. Les sentiments et le besoin d'affection font souvent peu le poids face au savoir théorique.
Sans compter qu'il y a une proportion non négligeable de gros connards, donc si t'as connu ce genre de mauvaises expériences, des mecs qui te donnent des miettes d'affection et d'attention ou des mecs un peu nazes qui se sortent parfois les doigts du cul passent pour des mecs merveilleux en comparaison.

Aussi, il me semble que beaucoup de femmes hétéros ont pour projet de fonder une famille, et la réalité biologique c'est que s'il n'y a pas de limite d'âge à proprement parler, elles ont plutôt intérêt à trouver un partenaire au plus tôt pour avoir des enfants tant qu'elles sont plutôt fertiles et que la grossesse ne pose pas un risque trop important. Il y a eu une discussion sur ce même topic concernant le bon timing pour se marier, ça vaut aussi pour le fait d'avoir des enfants. Si idéalement il faut une relation stable de quelques années avant d'avoir des enfants, t'as pas forcément le temps d'enchaîner les mecs jusqu'à trouver la perle rare. J'ai pas vraiment ce cas de figure dans mon entourage, mais je regarde pas mal d'émissions de télé-réalité où on croise à répétition le schéma de la femme approchant de la quarantaine et qui veut fonder une famille, qui se jette sur le premier mec correct et lui met la pression au bout de quelques mois pour se marier/faire des gosses alors même que la relation est bancale, que le mec lui manifeste peu d'intérêt ou alors de façon très toxique (jalousie, etc.). C'est triste à voir.
(Bref, je suis bien contente d'être childfree, moi. )

Je ne pense pas que ce soit une fatalité non plus, et je pense que justement le féminisme peut donner des "armes" pour se défendre individuellement, à défaut de voir un changement collectif chez les hommes. Mais souvent, ça passe par le fait "d'éduquer" un mec pour qu'il atteigne tes critères plutôt que par le fait de faire un tri ultra-sélectif dans tes rencontres.
Il y avait eu un article sur le lesbianisme politique sur Madz, et je recommande vraiment de lire les commentaires parce qu'il y avait eu des questionnements très intéressants. Forcément, la question de se passer entièrement des hommes offusque beaucoup de femmes hétéros (et je suis pas là pour relancer le débat), mais je pense qu'il ne peut être que bénéfique d'y réfléchir honnêtement, même si c'est juste pour rêver à d'autres possibilités.

 

[Naos]

@Rosenrot ça n'engage que moi mais justement j'ai l'impression qu'on a énormément intériorisé le fait qu'il vaut mieux être en couple avec des hommes médiocres que seule, que c'est presque la seule alternative qu'on est désormais capables d'imaginer. Alors qu'être seule et épanouie est déjà en soi une alternative. Mais que, comme tu le dis, elle est difficilement acceptable pour beaucoup de femmes hétéro, tant la vie avec un homme, même nul, est considérée comme une option plus intéressante, qu'être une femme célibataire et en paix avec soi-même.

Pour moi ça relève un peu de la misogynie intériorisée que de penser que la vie d'une femme ne se suffit pas à elle-même. Je trouverais ça intéressant qu'on mette l'accent sur le fait qu'une femme épanouie n'a pas besoin d'un partenaire bancal, que le couple n'est pas une finalité en soi, et que d'autres formes de parentalité, si désir de parentalité il y a, existent. J'y pense souvent d'ailleurs car des pères médiocres , défaillants, violents parfois, il en existe beaucoup, et même dans ce cadre les femmes restent malgré l'intérêt de l'enfant, parce qu'on a aussi grandi avec cette idée qu'il faut forcément un père et que ce qui doit prévaloir malgré tout, c'est l'unité familiale.

"Le cœur a ses raisons que la raison ignore", j'accorde également de l'importance à l'amour, mais je pense que l'amour romantique, tel qu'on nous l'a vendu sert aussi souvent de prétexte à ne pas questionner ce qui devrait l'être : à savoir que les femmes produisent beaucoup de travail émotionnel, souvent au détriment de leur propre épanouissement, et que l' "amour" ne devrait jamais être la seule justification.

Je comprends tout à fait l'idée et le besoin de former un couple, parce que je le ressens aussi, mais plus j'y réfléchis et plus je me dis que les choses seraient probablement différentes si on ne m'avait pas bercée avec l'idée que l'aboutissement d'une vie quand on est une femme c'est d'être en couple, idéalement dans un couple hétéro, et que notre rôle dans tout ça c'est de faire vivre le couple, autrement dit assumer la majorité de la charge mentale et relationnelle, souvent au détriment de notre propre épanouissement.

 

[Rainy_days]

@Teix_

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[lilith_ever]

@Naos @Rainanvoak merci pour vos contributions et ces réflexions intéressantes.

Spoiler: mon avis

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Mon post n'a pas vocation à contredire qui que ce soit ou à émettre un jugement quelconque. Il faut respecter la vision de chacun.e du couple et de la maternité.

 

[GrumpyPrincess]

Personnellement, on me met régulièrement la pression au sujet du couple et des enfants, au point qu'un jour on m'a demandée si par hasard je n'étais pas lesbienne puisqu'on ne m'avait jamais vu avec un garçon... Mais, égoïstement peut-être, je fais passer mon épanouissement personnel avant tout le reste. Et je considère que le couple n'en fait pas partie. C'est ma vision des choses.

Mon épanouissement perso passe par la réalisation de projets qui étaient en suspens depuis trop d'années, ça passe aussi par continuer ma thérapie histoire de mettre de l'ordre dans ma tête, de mieux gérer mes émotions. J'aimerais être en paix avec moi-même avant de me mettre en couple.

D'ailleurs, le couple me fait peur. Ce ne sont pas les hommes à proprement parler qui me font peur, c'est vraiment cette histoire de couple. Parce que j'ai l'impression que je ne l'envisage pas comme les autres, et on me l'a reproché. Je vois sur Facebook ou Instagram des couples qui font absolument tout ensemble, qui sont toujours ensemble, partout... Je ne supporterais pas. J'ai besoin d'être seule, j'ai besoin de moments où je suis seule. Ça n'a rien à voir avec la solitude, c'est juste que parfois, j'aime bien être seule. Et j'ai l'impression qu'avant de trouver un gars qui apprécie la même chose, je peux attendre que les cochons volent.

J'ai refusé de me mettre en couple avec un ami pour plusieurs raisons, dont certaines peuvent paraître dérisoires. Mais ce mec est une GLU. C'est affreux. Il m'envoyait tout le temps des messages, il venait m'attendre en bas de chez moi ; quand on marchait dans la rue il voulait tellement marcher à côté de moi que parfois, il me marchait dessus ; il n'arrêtait pas de liker mes posts/photos/partages facebook ; bref il était TROP là. Et ça m'étouffe en vrai. Sans compter qu'il y a une autre raison qui pour moi est vraiment une des principales : il mange vite, comme un goinfre, la bouche grande ouverte. Doux Jesus. S'il y a bien un truc qui m'insupporte... Mais bon après, on me l'a suffisamment répété : je suis "bizarre".

En attendant, je vois des couples autour de moi, certains qui ont toujours été bancals, d'autres qu'on croyait solides et puis qui se fissure, vraiment c'est inquiétant je trouve.
J'ai des amies qui se sont mises en couple par convenance, parce qu'elles ne voulaient pas rester seules, et puis elles ont eu un enfant comme ça pour essayer, sans avoir de situation stable... Là une de mes amies vient de me dire que son mari l'a quittée sur un coup de tête, elle et leurs deux enfants. Ils ont tout fait précipitamment, ils voulaient avoir des enfants avant 40 ans, résultat en seulement six ans ils ont enchaîné mariage, deux enfants et prochainement divorce... C'est flippant.
Et mon cousin et sa femme sont en couple depuis leurs 18 ans, donc presque 20 ans, et là depuis l'arrivée de leur deuxième enfant, c'est le bordel. Parce que leur aîné est ingérable, que le bébé leur demande beaucoup d'énergie, du coup aux repas de famille, ça tourne souvent mal...

Je dois dire que tout ça ne m'encourage pas vraiment. Chaque situation est unique, je le sais, rien ne dit que ma vie de couple ressemblera à ça. Mais bon, c'est toujours dans un coin de ma tête. Aujourd'hui, tout est devenu jetable, y compris les relations humaines. Et quand on voit la facilité à tromper son conjoint, les sites internet dédiés à l'infidélité, les applications... J'avais mangé à côté d'un gars qui était en train d'appeler sa femme, de lui dire tout plein de mots d'amour, tout en scrollant sur Tinder. Ok, ça ne veut rien dire, mais quand même ça m'avait étonnée.

On nous survend le couple et la maternité comme étant le Graal de la vie, je pense qu'il faut avant tout être bien avec soi-même. Le reste, ça viendra ou pas. J'en reviens de la maternité, il y a 10 ans je voulais avoir beaucoup d'enfants, maintenant je ne sais même plus si j'en veux un, quand je pense à la grossesse, au post-partum, à toute l'énergie que demande un enfant, à tout l'argent que ça coûte d'avoir un enfant (rien que le prix d'un doudou bordel !)... Non vraiment, j'ai déchanté...