Je voulais aller lire quelques messages sur le topic sur les bruits d'enfants dans l'espace public, mais je vois qu'il a été cloturé. Je suis un peu dèg parce que là je rentre du taf et je viens de me rendre compte d'un truc que j'aimerais vous partager du coup :
Il y a une problématique à une question que l'article n'a pas soulevé (et qui de plus me touche personnellement) : Quid des personnes qui sont OBLIGÉES de subir des hurlements permanents d'enfants alors que c'est pas leur taf, avec le sourire parce qu'il ne faudrait surtout pas froisser les clients, et qui n'ont aucune possibilité de "fuir" ou de tout simplement mettre un casque ?
Je m'explique : Je gère le rayon culturel (librairie/multimédia) d'un assez grand magasin (20 000m2, donc une bonne surface avec beaucoup d'affluence) et mes responsabilités se sont étendues en période de grandes vacances à celui de la papeterie et des fournitures scolaires (donc je gérais deux rayons super blindés H24 et où on a une très forte population d'enfants étant donné qu'ils n'avaient pas école pour ceux en âge d'y aller et qu'il fallait bien acheter les fournitures pour la rentrée).
Je suis extrêmement sensible à certains types de bruits (bruits répétés pendant longtemps, bruits de bouches, et, le pire de tout : les bruits forts et/ou aigus). Cependant, je suis obligée de prendre sur moi pour le boulot parce que :
1) Une grande surface, c’est bruyant de base donc je savais à quoi m'attendre en prenant le job
2) Le client, s'il est pas content il te fout la misère au milieu du rayon et en plus derrière il va te cracher dans le dos à ton supérieur, que ce soit justifié ou pas
Donc on prend sur nous, on sourit même quand Jocelyne et Roger sont à 30cm de toi à laisser Kylian et Titouan saccager le rayon que tu es présentement en train de ranger DEVANT NOTRE GUEULE. On sourit, même quand ça fait 45mn qu'un enfant hurle parce qu'il veut ce taille-crayon et pas un autre, et que quand il quitte enfin le rayon avec sa famille y'en a deux autres qui commencent à se battre en criant. On sourit aussi, quand on essaie de bosser, qu'on veut passer avec des piles de fournitures dans les mains, un caddie rempli ou un transpalette blindé et qu'on doit slalomer entre des enfants jouant au loup dans les allées sans les écraser ou faire tomber quoi que ce soit.
Pendant deux mois, jour après jour, soir après soir, je suis rentrée chez moi dans un état lamentable, épuisée, énervée, avec un mal de tête à réveiller les morts.
Vous voyez où je veux en venir ? Y'a des gens qui ont pas le choix de dealer avec les gosses des autres de manière cordiale et souriante même s'ils sont hypersensibles au bruit, qu'ils sont fatigués, qu'ils ont des problèmes de migraines, qu'ils aiment pas les enfants, qu'ils sont autistes, misophones, qu'ils aimeraient être partout ailleurs qu'à cet endroit-là, à cet instant T.
Sauf qu'on peut pas. Parce qu'on est obligés d'être là. Et d'encaisser.
Donc là, ce qui m'énerve c'est qu'on ne pense pas DU TOUT à nous. C'est facile de balancer un "bah t'as qu'à te barrer" ou "bah t'a qu'à mettre un casque". Sauf que les enfants des gens, quand les parents en question ne font pas l'effort de penser à l'impact (sonore, mais pas que) qu'ils peuvent avoir dans l'espace public et au fait qu'iels ne soient pas seul/es (déjà, les seuls parents avec des enfants qui mettent le dawa, mais aussi les seules personnes présentes dans l'endroit en question), ben y'a des individus qui ont rien demandé qui vont devoir dealer avec la progéniture d'inconnu/es en fermant leur gueule. Et ça c'est juste être un enfoiré égoïste que de ne pas l'admettre. C'est facile de s'auto-persuader que les gens qui sont agacés par les sons forts d'enfants dans les lieux publics sont des vilain/es antiféministes qui haïssent les mères et veulent les exclure de la société. Sauf que c'est juste pas le cas, et c'est malhonête de prétendre le contraire.
Je veux bien que ce soit gênant, malaisant, énervant, ce que tu veux de te manger des regards noirs ou des soupirs d'inconnu/es alors que tu galères à calmer ton enfant, mais après l'été que je viens de passer JAMAIS on ne pourra me persuader que c'est pire que de passer 6h en continu minimum avec des enfants qui jouent mieux des cordes vocales que certains chanteurs de heavy tout en voyant les parents s'en foutre, voir carrément se barrer en te les laissant dans le rayon pour avoir la paix (parce que rayon livres = garderie c'est bien connu).