Personnellement, une thématique qui me préoccupe en particulier c'est le féminisme, ou du moins la lutte contre une société genrée. J'admets parfaitement que face aux questions sur l'économie, l'immigration, la politique internationale, etc. ce sujet n'ait pas la priorité dans l'esprit des électeurs, mais il me tient quand même à c?ur. Et puis je trouverais grave qu'au motif qu'il y a plus urgent/important ailleurs on néglige ces questions de sexisme et discrimination.
Hier soir j'ai eu une grande discussion sur ces sujets avec deux connaissances, et même si le débat a été vif à certains moments, ces personnes étaient contentes parce qu'elles m'ont dit ne pas souvent avoir de conversation de ce type.
Je me suis efforcée de leur démontrer que ma vision du féminisme ne consistait pas à lutter uniquement pour les droits des femmes, mais visait plus à affranchir hommes et femmes des rôles qu'on leur assigne en fonction de leur sexe physiologique pour laisser à chacun(e) la chance d'explorer pleinement son potentiel intellectuel, émotionnel, physique etc. Le problème c'est que beaucoup de gens pensent que l'inné joue un grand rôle dans la construction de ce que nous sommes, alors qu'à travers quelques lectures et rencontres je me rend compte que ce rôle est somme toute très relatif... Personnellement, je trouve intolérable l'idée qu'on ait décidé pour moi comment je devais me comporter en tant que fille. Il me semble que c'est une atteinte à ma liberté d'être, mais les mécanismes sous-tendus par ces principes de genre sont tellement intériorisés qu'on ne se rend même pas compte qu'on en est prisonnier.
Ce qui est étrange, c'est que ce qui me parait très libérateur et décomplexant, a tendance à en insécuriser d'autres.
Il est probablement plus facile de se dire que la vie et notamment les relations hommes-femmes, sont ce qu'elles se sont parce que certains d'entre nous viendraient de Vénus, et d'autres de Mars... C'est confortable de penser comme ça, mais c'est aussi très limitant et finalement ça ne facilite pas les rapports entre les deux sexes de se dire que nous ne pouvons pas éprouver les mêmes émotions, que nous sommes en décalage niveau sexe et sentiments, que nous ne pouvons pas avoir les mêmes préoccupations, les mêmes centres d'intérêts etc.
Une autre chose frappante, c'est que ces personnes qui défendent une vision essentialiste des sexes admettent indirectement en être les victimes, mais en même temps sont en butte à une quelconque possibilité de changement des mentalités. Parce que c'est "impossible", "trop tard", "ça serait triste", etc. Des arguments de choc, finalement... (
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Du coup hier soir j'ai eu le droit aux arguments classiques : les animaux, l'histoire, la nature humaine et puis les "en général c'est comme ça que ça passe".
Et les gens sont tellement convaincus que la généralité représente la normalité que les exceptions que je pouvais soulever étaient balayées du revers de la main, alors que du fait de leur statut même d'exceptions, elles prouvent bien que RIEN dans nos comportements n'est figé et transmis par des instincts que l'humanité toute entière partagerait.
Bon quand même à la fin il y en a un des deux qui me semblait un peu moins ferme sur ses positions initiales, et franchement j'étais plutôt fière de moi!
Enfin voilà, du coup je ne sais pas si c'était vraiment le type de réponse que tu attendais,
Nusch. , mais comme tu disais que le débat pouvait être large, je me suis dit qu'il y aurait peut-être de la place pour ça aussi!