Dans le cas de cette femme, consciente de son état, de sa situation, et qui demande à ce qu'on l'aide à mourir, il me semble que la question ne se pose - ne se posait, puisque vous dites qu'elle est morte - même pas !
A ceux qui ont suggéré le suicide, je répondrai comme d'autres qu'il s'agit d'un acte violent dont la valeur symbolique diffère fortement de celle de l'euthanaise ("bonne mort" littéralement), sans entrer bien sûr dans les détails juridiques qui rendent l'euthanasie plus avantageuse financièrement mais illégale. Vous dites aussi que donner la mort est un acte traumatisant, mais sincèrement... les médecins et le personnel médical travaillent entourés de gens souffrants, et parfois de gens qui meurent. Et ils sont amenés à prendre des décisions importantes voire capitales pour la santé de leurs patients, décisions qui peuvent potentiellement entraîner la mort, non ? Même sans aller jusque là, je pense que nombre de médecins ont déjà eu des cas de conscience, ou de la culpabilité. Je considère que ça fait partie du lot du métier.
Ensuite, on ne choisit pas de vivre, ça paraît logique de ne pas choisir de mourir... sauf qu'une fois en vie, on est obligés de mourir un jour. Et ca m'amène à dire que la mort ne s'oppose pas à la vie, mais que la mort fait partie intégrante de la vie, en est une étape - peut-être la dernière, c'est un autre débat. Alors en tant que sujets libres de disposer de notre vie à notre gré, pourquoi ne pourrait-on pas décider de mourir ? Ca existe et ça s'appelle le suicide, mais ça nous ramène à d'autres cas, qui selon leur légitimité mériteraient à mon avis d'être traités médicalement et officiellement - par l'euthanasie.
Après évidemment, la mise en place d'une loi sur l'euthanasie paraît compliquée, sur le plan éthique, politique, et encore et toujours les fameuses dérives, les limites à poser, comme partout. Certains l'ont mieux exprimé que moi.
Et quant à Chantal Sébire, elle aurait pu aller en Suisse ou ailleurs, mais elle a choisi de demander en France, je ne sais pas si elle avait par là dans l'idée d'ouvrir un débat mais ç'a été le cas. Je ne sais pas si c'est une bonne ou une mauvaise chose, et je ne pense pas non plus qu'édicter un amendement à la va-vite suite à un débat médiatique d'actualité soit très recommandé, mais bon, la question de l'euthanasie est vraiment à poser et à débattre, et il est à espérer que l'émergence de tels cas lancera un vrai débat de fond qui débouchera sur des solutions concrètes.