Tu as parlé de diététicien.nes, est-ce que tu vas devoir suivre une sorte de "régime" spécifique presque toute ta vie ensuite? Comment tu le vis et l'appréhende pour la suite? Tu as parlé de TCA, est-ce que tu avais des moments où tu mangeais trop?
Alors, en fait je suis suivie par le nutritionniste qui est aussi médecin et qui coordonne les bilans préopératoire pour les chirurgies bariatriques. Durant mon hospitalisation j'étais suivie par ce médecin nutritionniste mais ce sont les diététiciennes qui ont assuré les ateliers et à qui on posait toutes nos questions. Ce sont elles aussi qui nous ont préparé une répartition alimentaire adaptée à notre métabolisme de base et activité physique.
Pour le moment, ils me font suivre une répartition alimentaire avec des quantités et des fréquences. Je mange de tout, il n'y a pas d'aliment interdit. En revanche, ils me conseillent de respecter une fréquence de consommation pour les produits sucrés et/ou très gras: une à deux fois par semaine maximum. Le fast-food, on nous conseille 1 à 2 fois par mois maximum aussi. Ce sont des conseils applicables à tout le monde, l'équilibre alimentaire en diététique étant basé sur des proportions à chaque repas: 1 produit laitier (fromage ou yaourt), des protéines, des féculents, des légumes, 1 portion de fruit.
Pour l'après opération, là encore je n'ai aucun interdit, à part les boissons gazeuses qui sont à proscrire (risque de dilatation de l'estomac). Je vais continuer de manger selon l'équilibre alimentaire mais en plus petite quantités et je vais ajouter des collations.
Pour le moment, le manque de sucre est un peu dur à gérer pour moi étant donné que c'est mon alimentation doudou depuis des années. Ce sont des habitudes à changer essentiellement. Je mangeais beaucoup de desserts très sucrés. En dehors de cette appétence pour le sucre ma manière de manger était relativement bonne, elle n'a pas eu à modifier grand chose (et mes analyses sanguines et la stabilité de mon poids en sont plutôt la preuve).
Concernant les TCA, j'ai souffert d'hyperphagie avec des phases de boulimie non vomitive de mon adolescence à mes 23 ans. Par la suite, j'ai gardé quelques séquelles avec notamment cette appétence pour le sucre et une tendance à confondre "bien manger" et "trop manger": la satieté était pour moi synonyme de maux de ventre, alors qu'en fait je' n'avais plus faim bien avant cela.
J'ai lu par ailleurs quelqu'un parler du fait d'accepter son corps tout en cherchant à maigrir: ce sont pour moi 2 choses différente. À l'heure actuelle (mais c'est récent), j'ai accepté mon apparence physique. J'accepte d'être grosse, que mon corps ne corresponde pas aux standards de la beauté. J'ai accepté que mon corps ne ressemblerait jamais à l'idéal que je m'en fais et j'en prends soin. Mais ma volonté de changer n'est pas liée à un désir d'être mince mais bien à un désir de guérir. Jusqu'ici, je vivais plutôt bien mon obésité sur le plan médical. Mais aujourd'hui ce n'est plus le cas. Je pense à ma santé et à mon avenir.
Par ailleurs, accepter son corps ne veut pas dire ne rien vouloir changer. Pour moi, s'accepter comme on est, c'est faire la paix avec soi-même, c'est être bienveillant envers soi-même. Et c'est une attitude qui perdure que je pèse 105 ou 55 kilos. On peut mieux se plaire à 55 ou à 105, mais je trouve que rien ne justifie qu'on rabaissé ou humilie notre corps. Certaines personnes diront que si on s'accepte, on ne maigrit pas, mais pour moi c'est plus profond qu'une simple apparence physique: c'est accepter qu'on est qui on est avec 50 kilos de moins ou de plus, des vergetures, la peau fripée, accepter qu'on mérite le respect et la bienveillance quel que soit notre poids. Un corps est un corps, et le mien j'en prends soin. J'en ai fini avec les longues minutes passées devant le miroir à m'insulter intérieurement, et je pense que cet état d'esprit permet de mieux envisager le changement physique radical qui s'opère suite à ces chirurgies. C'est aussi pour ça que j'en suis là.
Concernant l'alimentation intuitive, je trouve qu'elle aide beaucoup à apprendre à déguster, savoir quand on a faim, quand on doit s'arrêter. Personnellement, ça m'a aidé à stabiliser mon poids ces 2 dernières années, et aussi à faire la paix avec moi-même.
Je ne peux que vous conseiller la lecture des livres des Dr Zermati et Apfeldorfer à ce sujet.
Il y a également le site du G.R.O.S qui a été cité: vous pourrez y trouver une liste de praticiens ne pratiquant pas les régimes mais promouvant les rééquilibrages alimentaires et travaillant sur les sensations de faim et de satiété, la dégustation...
A l'heure actelle j'ai perdu 2,5 kilos en un peu plus d'un mois. Je vois que mon poids descend lentement. Je sais cependant qu'il m'est impossible de perdre 40 kilos seule car au moindre "écart" je reprends rapidement. L'obésité étant une maladie complexe, c'est compliqué de comprendre comment notre corps réagit.
Les envies de sucre parfois se font ressentir, mais depuis que je pratique l'alimentation intuitive, je n'ai plus de crises d'hyperphagie comme avant. Du coup, j'arrive à mieux gérer ce manque (car chez moi le sucre est clairement une drogue).
Dans l'ensemble je mange très bien, et je n'ai plus faim entre les repas comme avant.
Par contre, j'ai un gros souci digestif car depuis que j'ai augmenté les portions de légumes j'ai des ballonnements et des maux de ventre... Si vous avez des conseils à ce sujet je suis preneuse