Législatives 2012 : le duel Le Pen-Mélenchon

[VII]

Il ne s'est pas contenté d'insulter un journaliste (ça il le fait de façon récurrente comme le dit avec humour Revel), il qualifie l'Express de "journal fasciste", dans la plus pure tradition stalinienne dont Cuba est l'un des derniers avatars sur la planète.
Pour l'instant, Mélenchon ne s'est pas expliqué sur sa diatribe. Dès qu'il le fera, s'il le fait, je publierai ses propos ici.

Edit : dans un billet publié hier sur son blog, il dénonce le "harcèlement de quelques mirmillons (qui) nous a déjà assez pourri la vie", mais il n'explique pas son altercation avec le journaliste de l'Express.

Ça devient fatiguant, déjà Cuba faisait parti des non alignés donc n'avait pas de très très bonnes relations avec l'URSS (qui n'est pas réductible Staline soit dit en passant). T'as confondu avec la Corée du nord non?

Et puis Cuba=pire pays du monde? Sérieux?
Les héritiers de Staline sont pour la plupart des ultra-libéraux (Russie, Ouzbékistan, Arabie Saoudite par exemple), renseigne toi avant de dire que le pire pays de la liberté de la presse est Cuba (même RSF cette association douteuse ne le classe pas dernier).
Je trouve ça indigne de "la presse" de continuer à taper sur Cuba sans arrêt (mais la Chine surtout pas hein, on est partenaires économiques) c'est malhonnête, de la désinformation voire de la propagande (vu le matraquage auquel on a le droit, même ici).

Ah et juste, en quoi dire qu'un truc est fasciste revient à dire qu'on est stalinien?

 

[Emel-]

"La liberté de la presse ça va deux minutes" ? Dis-moi, fondamentalement, qu'est ce qui te différencie sur ce sujet d'un militant du Front national ?

Rien à voir. Je suis pour la liberté de la presse, pour la liberté d'expression du FN (bien que celui-ci ne cesse de lancer des procédures à tout va contre ses détracteurs et se place en victime). Mais dire que Mélenchon est contre la liberté de la presse et insinuer qu'il soutient des dictatures, c'est malhonnête.

De même que parler de la liberté de la presse sachant que celle-ci appartient à de grands groupes avec une ligne éditoriale précise (d'ailleurs, les rédacteurs ne s'en cachent pas, ils trouvent normal que le patron du magasine fixe une ligne éditoriale), quand celle-ci cache des informations compromettantes sur le groupe auquel elle appartient, je ne suis pas sûre qu'on puisse parler de "liberté". Cette dernière a bon dos. Les connivences entre le monde journalistique et le monde politique, "industriel", c'est bon... pas besoin d'être au FN pour les dénoncer.

Ils n'informent pas correctement et quand un type comme Mélenchon est virulent à leur encontre, ils crient au loup... c'est bon quoi. Il faut arrêter de se moquer du monde. Ce n'est pas Barbier qui avait titré son éditorial "pour en finir avec Mélenchon" ? On peut douter de la pertinence de leurs articles qui n'ont rien de neutre, pas de fond. Mélenchon s'énerve et sa réaction est compréhensible.

Quand tout un chacun aura le droit d'ouvrir un journal, disposera de fonds pour, on pourra peut-être parler de "liberté". Pour l'instant, ce n'est pas le cas.

 

[Denis]

Rien à voir. Je suis pour la liberté de la presse, pour la liberté d'expression du FN (bien que celui-ci ne cesse de lancer des procédures à tout va contre ses détracteurs et se place en victime). Mais dire que Mélenchon est contre la liberté de la presse et insinuer qu'il soutient des dictatures, c'est malhonnête.

Je ne parlais pas de Mélenchon mais de toi et de ta phrase "la liberté de la presse ça va deux minutes".
Deux minutes, c'est un peu court pour exercer un droit fondamental, pilier de la démocratie.

MadmoiZelle nous appartient à Fab et moi. Nous ne sommes la filiale d'aucun groupe industriel, inféodés à aucun parti et nous profitons pleinement de cette liberté de la presse pour afficher ce que nous pensons, les valeurs que nous défendons.

Je dirai donc ici autant de fois qu'il me plaira que je juge dangereuses les déclarations de Mélenchon lorsqu'il traite de fascistes les journalistes qui ne lui reviennent pas.

Quitte à ce que lui ou ses partisans nous qualifient un jour à notre tour de fascistes.
A la vitesse où il évolue, dans sa bouche, cette insulte vaudra bientôt brevet de démocrate accompli.

 

[Azeban]

il qualifie l'Express de "journal fasciste", dans la plus pure tradition stalinienne dont Cuba est l'un des derniers avatars sur la planète..

Donc en gros, critiquer un journal (qui, au passage, ne s'est jamais gêné pour critiquer Mélenchon), c'est vouloir museler la liberté de la presse, et on arrive à un bon gros point quasi-Godwin (c'est plus dur de traiter les gens de gauche de Hitler, alors on les traite de Stalineff, Mélenchon=Cuba=Staline.
Si je dis que le Figaro c'est un torchon de droite, ça veut dire que je suis stalinienne aussi ? (je ne souhaite pas l'interdire pour autant, hein).
Bref, pardon, mais moi traiter Mélenchon de stalinien pour ça, ça me semble, pour le coup, franchement extrême.

J'irais même plus loin sur Mélenchon et la liberté de la presse. Qui, pendant la campagne, a beaucoup défendu les conditions de travail des journalistes (qui me semblent fortement liées à la liberté de la presse) ?

Par ailleurs, je plussoie Nusch. sur le fait que la liberté de la presse pourrait grandement être améliorée en France !

 

[Denis]

J'irais même plus loin sur Mélenchon et la liberté de la presse. Qui, pendant la campagne, a beaucoup défendu les conditions de travail des journalistes (qui me semblent fortement liées à la liberté de la presse) ?

Voici comment les syndicats de l'Express réagissent aux propos de ce grand défenseur des journalistes qu'est Mélenchon...

« Les syndicats CFDT et CGT de Groupe Express Roularta (GER) sont révoltés par les propos que Jean-Luc Mélenchon a tenus le 26 mai à l’encontre de *Tugdual Denis, journaliste à L’Express. Notre collègue couvrait sa campagne législative à Méricourt (Pas-de-Calais) et le candidat du Front de gauche lui a lancé: « Qu’est-ce que vous faites encore là, sale petit espion? Ça fait trois jours que vous m’espionnez, rentrez à Paris écrire vos saloperies dans votre journal fasciste. Fichez-moi le camp, dégagez! »

Attachés à la liberté de la presse autant qu’ils le sont à la liberté d’opinion, les syndicats CFDT et CGT de GER protestent vigoureusement contre ces agressions verbales et cette singulière assimilation du reportage d’un journaliste à de l’espionnage. Ils assurent Tugdual Denis de leur entier soutien et de leur *estime confraternelle.

Qualifier L’Express de « journal fasciste », c’est insulter gravement tous ses journalistes. Accuser notre collègue d’être lié à l’extrême droite est indigne: en s’en prenant violemment à un journaliste, Jean-Luc Mélenchon étale son mépris pour un salarié exerçant son métier dans le respect absolu de la déontologie professionnelle.

Les travailleurs de la presse ne poursuivent qu’un seul objectif: informer les citoyens. Ils sont à ce titre des acteurs essentiels de la démocratie, alors même qu’ils exercent leur profession dans des conditions de plus en plus difficiles.

Ceux qui prétendent défendre les droits des salariés et la liberté de la presse ne devraient jamais l’oublier. Si Jean-Luc Mélenchon est de ceux-là, il devra changer radicalement de comportement.

Les syndicats CFDT et CGT de Groupe Express Roularta, le 29 mai 2012″

 

[VII]

Voici comment les syndicats de l'Express réagissent aux propos de ce grand défenseur des journalistes qu'est Mélenchon...

« Les syndicats CFDT et CGT de Groupe Express Roularta (GER) sont révoltés par les propos que Jean-Luc Mélenchon a tenus le 26 mai à l’encontre de *Tugdual Denis, journaliste à L’Express. Notre collègue couvrait sa campagne législative à Méricourt (Pas-de-Calais) et le candidat du Front de gauche lui a lancé: « Qu’est-ce que vous faites encore là, sale petit espion? Ça fait trois jours que vous m’espionnez, rentrez à Paris écrire vos saloperies dans votre journal fasciste. Fichez-moi le camp, dégagez! »

Attachés à la liberté de la presse autant qu’ils le sont à la liberté d’opinion, les syndicats CFDT et CGT de GER protestent vigoureusement contre ces agressions verbales et cette singulière assimilation du reportage d’un journaliste à de l’espionnage. Ils assurent Tugdual Denis de leur entier soutien et de leur *estime confraternelle.

Qualifier L’Express de « journal fasciste », c’est insulter gravement tous ses journalistes. Accuser notre collègue d’être lié à l’extrême droite est indigne: en s’en prenant violemment à un journaliste, Jean-Luc Mélenchon étale son mépris pour un salarié exerçant son métier dans le respect absolu de la déontologie professionnelle.

Les travailleurs de la presse ne poursuivent qu’un seul objectif: informer les citoyens. Ils sont à ce titre des acteurs essentiels de la démocratie, alors même qu’ils exercent leur profession dans des conditions de plus en plus difficiles.

Ceux qui prétendent défendre les droits des salariés et la liberté de la presse ne devraient jamais l’oublier. Si Jean-Luc Mélenchon est de ceux-là, il devra changer radicalement de comportement.

Les syndicats CFDT et CGT de Groupe Express Roularta, le 29 mai 2012″

Pourquoi on perd le sens de la mesure la? On peut qualifier un journal de "fasciste" sans insulter les journalistes (pour parler de la ligne éditoriale, des liens avec des groupes industriels qui produisent des armes qui tuent des gens et qui sont vendues à un tas de pays instables, en crise etc)
A titre d'exemple, dans Madmoizelle certains journalistes/ employés(?) parlent bien "d’extrême gauche " pour le FDG et personne ne sort de communiqué "oh c'est insulter tous les gauchistes qui luttent pour la révolution" alors que le FDG n'a rien d’extrême (cf. définition de wikipédia)

Quand au petit couplet "les travailleurs de la presse" c'est de la mauvaise foi, on ne peut pas mettre tous les journalistes dans le même sac comme si c'était une jolie famille unie (d'ailleurs on voit bien que les groupes de presse sont souvent la cible de syndicats, que certaines décisions sont contestées, qu'il y a des gréves), d'ailleurs "travailleurs de la presse" comme c'est emploiyé ça veut rien dire, en quoi le colporteur de Metro poursuit le but d'informer les citoyens? Ils comptent les agences de pub dans "travailleurs de la presse" aussi?

Hop hop hop, selon la déf du "fascisme" de wiki, pour les marxistes (donc Melenchon on peut supposer) "Pour certains marxistes, le fascisme n'est qu'une forme d'expression du régime capitaliste, au même titre que la démocratie libérale bourgeoise. Dans cette perspective, le fascisme est l'expression ouverte de la violence du régime capitaliste, qui est masquée par les libertés formelles dans sa forme de démocratie libérale"
Ça correspond à l'Express mouahahaha

 

[VII]

C'est pas une définition ça. C'est une déformation historique. Le capitalisme, c'est assez dégoûtant tout seul sans qu'on ait besoin de l'assimiler au fascisme (qui était socialiste à ses débuts, rappelons-le, et là on s'y perd haha).


Après pour ce qui est d'assimiler Front de gauche à Extrême gauche, je suis d'accord avec toi, mais en même temps maintenant "la gauche" ce n'est plus le socialisme mais le PS (donc du centre socialisant qui s'accommode avec le régime libéral en tentant au moins de mettre en place quelques mesures sociales) A partir du moment où on a cessé de remettre en question ce modèle libéral, tout socialisme véritable est devenu extrême gauche. Pour moi, "la gauche" n'est pas réellement socialiste dans son acception actuelle.

Mais c'est drôle non? (J'aime voir l'Express outragé hinhin)
Disons que dans la perspective de tracer des frontières actuelles la limite gauche/ extrême je la voit dans le réformisme et la volonté de s'inscrire dans le champs politique (il me semble que le NPA et co ne veulent pas être elus) enfin je sais pas (ouais malin, j'y réfléchirai).
Tu parles de la gauche=le PS ou le PCF aussi?

 

[Azeban]

Pour moi, qualifier le FdG d' "extrême gauche" comme c'est fait régulièrement dans la presse, c'est une volonté de les décrédibiliser, ni plus ni moins.
C'est pas parce que le PS est passé au centre-gauche mou que tout ce qu'il y a à sa gauche doit être immédiatement rebaptisé extrême gauche. D'ailleurs, l'aile gauche du PS, elle est à l'extrême gauche aussi ?

Je rappelle ce qu'est le Front de Gauche : l'union de plusieurs partis, dont les deux principaux sont le Parti de Gauche, initialement composé de gens qui se sont barrés du PS, et le Parti Communiste.
Wikipédia décrit l'extrême gauche comme étant les partis situés à gauche des PS et PC. Bon, du coup, on n'y est pas trop pour le FdG...

Par ailleurs, je crois ne rien apprendre à personne si je dis que le mot "extrême" est tout de même connoté négativement. Si le FdG c'est extrême, c'est que ses militant sont des extrémistes, et on ne va pas aller écouter des extrémistes ! D'ailleurs on va même s'empresser de mettre tous les extrémistes dans le même sac, et de dire qu'au fond on ne vaut pas mieux que les autres fous xénophobes d'extrême droite. Moi j'attends qu'on m'explique ce qui est extrême dans le programme de l'Humain d'abord.

Pour ceux qui veulent absolument considérer que le PS est "la gauche" (selon moi ça dépend beaucoup de qui au PS, dire que Manuel Valls est à gauche, par exemple, ça me semble étrange), il restes les mots "gauche radicale" ou "gauche de la gauche", qui ne sont pas "extrême gauche".
(d'ailleurs, ça vaut aussi pour Syriza en Grèce qui est souvent repeinte en extrême gauche, ou en anti-Europe)

 

[Azeban]

L'usage du mot a changé il y a peu de temps, je trouve (quand le PC faisait 3%, personne les qualifiait d'extrême gauche !).
Je ne trouve rien d'honteux à être anti-capitaliste non plus, je te rassure C'est justement pour ça que j'aime bien qu'on n'emploie pas le mot extrême pour ça (tout le monde ne l'emploie pas d'ailleurs, heureusement).

J'ai déjà vu des gens me dire, avant la présidentielle, que le FdG était quand même trop extrémistes, sans être capable de dire pourquoi : ils connaissaient pas trop le programme parce qu'ils n'avaient pas pris le temps de s'intéresser au programme d'extrémistes Et c'était pas des gens idiots, ni sans éducation, hein, loin de là.

 

[VII]

C'est p'etre aussi que toute idéologie ou système de production en place tente de "détruire" les autres possibilités à la base: en réécrivant l'histoire.
Faudrait jeter un œil sur un manuel d'histoire de lycée mais je pense quand quand il manque une base historique la critique est plus difficile, quand on présente le capitalisme comme le système qui a triomphé des autres parce que "plus viable" on occulte que ça a été des choix politiques (qui peuvent être remis en questions, critiqués).
Disons que le capitalisme est souvent vu comme la suite logique (de quoi?) de l'histoire, comme un truc naturel (SIC) qui se serait révélé à tous.
En discutant avec les gens je me dis souvent que le problème c'est l'enseignement de l'histoire.

 

[Denis]

A voir ici un extrait du débat organisé samedi par France3 Nord/Pas-de-Calais :

Le Pen/Mélenchon : "Gorilles" contre "chochottes"

 

[Azeban]

Le débat entier est dispo sur le blog de Mélenchon Débat sur France 3 Nord/Pas-de-Calais