Parce que Mitterrand a fait du FN un parti comme les autres pour diviser la droite. Et que depuis, l'UMP et le PS n'ont cessé de l'instrumentaliser en surfant sur ses thématiques. Il est plus facile pour ces partis de se faire réélire au second face au FN lorsqu'ils ont été au pouvoir et que ça a merdé.
En 2002 par exemple, l'insécurité était au cœur de la campagne et peu de temps avant les élections, je me souviens d'un reportage qui avait la une dans les journaux télés où un petit vieux avait été agressé chez lui. En 2007, Sarkozy a fait exactement la même chose en durcissant le ton, fort de son passage au ministère de l'intérieur et de ses sorties mémorables sur les les cités qu'il fallait nettoyer au karcher, des "racailles" qu'il allait mettre au pas etc.
Il a réussi à prendre de court le FN en faisant sien son discours (aidé par P. Buisson à l'époque). Durant son mandat, on n'aura jamais autant entendu parlé d'Islam, d'"intégration", de délinquance etc. j'en passe et des meilleurs. Un discours finalement anti-républicain où il n'était plus question de faire des français un "corps" mais de communautariser le discours politique en renvoyant les gens à leurs origines, leur religion etc.
Tout ceci n'ayant été que du flan (il a tout de même su garder une base électorale qui lui est resté fidèle au premier tour et lui a permis d'accéder au second), Hollande a fini par être élu.
Au début, ça a été mais à l'inverse de Sarkozy (et c'est là le piège), le PS depuis les années 80 ne cesse de renvoyer dos à dos les classes populaires dites blanches qui seraient arriérées, rétrogrades, racistes, privilégiées etc. aux classes populaires issus de l'immigration qui seraient et stigmatisées par les premières et qui elles, seraient foncièrement progressistes, tournées vers l'avenir etc. Alors que pendant très longtemps, les deux ont vécu en bonne entente. D'un point de vue tactique pour le PS, il y avait tout intérêt à briser une "alliance de classe" qui aurait pu les mettre à mal.
Le PCF qui traditionnellement était porté par les classes populaires dites traditionnelles, après X renoncements et compromissions a fini par être déserté par celles-ci au profit du FN (qui plus est, MLP a su adopter un discours keynésien qui lui a permis, à l'inverse de son père de toucher un des coeurs du problème) . Quand tu regardes dans le Nord-Pas de Calais, c'est criant.
Après le gouvernement Ayrault et en quête de légitimité, Hollande a placé Valls et connaissant le personnage, il était évident qu'il allait nous faire la même que Sarkozy. Discours républicain qui n'en est pas un, sécuritaire etc. Il a joué les Clemenceau sans en avoir les épaules avec les résultats que l'on sait.
A ces combines politiciennes et électoralistes de bas étage, tu rajoutes une matraquage médiatique dégueulasse qui dure depuis des années. Une augmentation de plus de 80% de faits divers dans les journaux télés, des reportages sensationnels incessants sur l'insécurité, toutes sortes de crimes, l'Islam etc. qui donnent l'impression au téléspectateur moyen de vivre à Mossoul ou une favela où il risque à chaque instant de se faire égorger dans une baignoire ou de se faire tirer dessus à chaque coin de rue. A ce stade, on frise la manipulation mentale mais ça marche. Bouygues perd du pognon avec TF1 mais lui permet de diffuser son idéologie.
Les groupes à qui appartiennent ces grands médias soutiennent le PS et l'UMP qui roulent pour eux depuis un moment déjà. Mais ils préféreront toujours en dernier recours, une prise de pouvoir par l'extrême-droite que par la "gauche" radicale.