Ce n’est pas vraiment un inconnu, ou peut être finalement l’était-ce. Je l’ai croisé il n’y a pas longtemps, et j’ai appris que je ne le croiserai plus. Plus dans ce monde en tout cas. Il a décidé de partir en voyage, et de ne plus en revenir.
Je ne pouvais pas savoir, et au fond même si j’avais su, ça n’aurait rien changé. Mais ça m’ennuie. C’était une belle personne, une vraie personne, qui n’avait rien d’hypocrite. Il était réservé, je n’ai jamais su de quoi sa vie était faite, et je n’ai jamais demandé. Je l’ai croisé il y a peu, une bise, quelques banalités en rangeant le matos, lui ai-je vraiment parlé? Je ne sais plus, et ce n’était pas important, nous travaillions ensemble autrefois, nous allions probablement retravailler ensemble dans quelques mois, le moment présent ne comptait pas, et pourtant...
Je m’en veux car tout était sûrement là, caché. Je m’en veux car quand j’ai appris, j’ai regretté. Personne ne devrait décider de partir en voyage, mais je ne suis pas certaine que je dirai de tout le monde « c’est dommage, c’était une belle personne ». Il en était une, une de celles avec qui j’aimais bien travailler, une de celles avec qui j’aimais bien rire même si je ne sais plus de quoi, une de celles qui manqueront au paysage quand je reviendrai.
Il faudrait, je ne sais pas, pouvoir rattraper les gens et leur dire.
Il est parti et il n’a pas su. Et quand il est parti, le verre ne pouvait être que vide, donc il ne pouvait sûrement même pas s’en douter.
J’espère en tout cas que tu es parti en espérant trouver un ailleurs meilleur et que tu l’as trouvé, ou que tu le trouveras bientôt. Que tu ne regretteras pas.
Je sais les heures sombres moi aussi, les idées noires qui les traversent, l’obscurité lancinante...
Alors je ne sais pas, j’espère que tu trouveras ta paix. Quoique la vie t’aie fait, tu fus quelqu’un de bien, une dont la présence était agréable, et t’en n’avais peut être pas conscience.
Pardon pour l’autre jour. Si j’avais pu deviner, je te l’aurais dit directement.