Hey les randonneur·euses!
Je viens coucher ici une aventure qui m'est arrivée ce week-end pour essayer d'améliorer ma réaction face à ce genre de situation si elle était amenée à se reproduire.
J'avais prévu de faire une courte randonnée avec un ami que je connais depuis maintenant trois ans. Nous avions déjà effectué une randonnée ensemble qui s'était plutôt bien passée. Cette personne a des soucis de santé qui impliquent de se cantonner à des itinéraires de 10 - 15k sans trop de dénivelé, ce que j'ai appris quand je lui ai proposé une randonnée de 20k et 1000 D+ : il a refusé en m'expliquant le pourquoi du comment. La randonnée que j'avais repérée semblait correcte : 11k environ, 300 D+.
J'arrive un peu harassée et en retard (et de mauvaise humeur, je le reconnais). L'ami en question ne m'en tient pas rigueur et la rando, dans ce qu'elle a de joli et d'agréable, me remet vite d'aplomb. Cependant, à mi-parcours, Ferdinand me dit qu'il a mal à la jambe, que ça le lance. Je pense à une crampe, je lui dis de s'étirer (est-ce une bonne idée, d'ailleurs), de boire de l'eau et de manger une barre (avec du magnésium, entre autres). On s'interrompt, il me dit que ça va passer. Ok, on prend le chemin d'un belvédère. On fait une pause. Il me raconte que ça lui est déjà arrivé, qu'il ne s'agit pas d'une crampe, qu'on ne peut pas y faire grand chose, qu'il doit se reposer. On s'assied, on discute un peu, il finit par s'allonger et je vois que sa jambe est prise de spasmes (c'est assez spectaculaire), il gémit. Je me dis "wow, je vais peut-être devoir appeler les secours en fait" et verbalise cette interrogation. Il me dit que ce n'est pas la peine et qu'il faut simplement se remettre en route. Je dis ok. On est restés un peu moins d'une heure au point de vue. Il me file ses affaires, je transvase le tout dans mon sac et on reprend la rando. On est à mi-parcours, je lui dit qu'il reste 5km et qu'on peut couper à un moment pour en enlever la moitié.
Le chemin est agréable, on discute. On voit un cycliste venir d'un autre chemin, je regarde ma carte : il semblerait qu'on puisse couper par là. On commence à descendre mais le chemin tient davantage de la sente à chamois qu'autre chose, Ferdinand demande qu'on rebrousse chemin (ce que je n'envisageais pas MEME SI je savais que Ferdinand se sentait mal).
On revient sur nos pas et on rejoint bientôt la route. A ce moment-là, Ferdinand me demande si on peut faire du stop, il se sent trop mal pour continuer (ce qui me surprend : il ne s'est pas plaint depuis la reprise de la rando). J'entends une voiture, je la hèle. L'automobiliste nous conduit très gentiment jusqu'à la voiture de Ferdinand. Je lui demande s'il vaut mieux attendre un peu avant qu'il ne reprenne la voiture, trouver une pharmacie, etc. Il me dit qu'il préfère repartir.
Bon. Le pire dans tout ça : j'ai passé plusieurs formations de secourisme, je devrais être moins démunie et plus à l'écoute (c'est surtout ce point qui me pose souci) de ma victime.
Alors j'ai objectivement très mal géré la situation et voici les pistes que je me donne pour remédier à cet état des faits :
- avoir une conversation carrée qui cadre les choses. Ce que j'aurais pu/du faire :
- objectiver la douleur avec une échelle
- expliquer très clairement ma réflexion sur la manière dont j'entendais mener la fin de la randonnée, type : on est à mi-chemin, on a fait environ 5km/10. Le chemin du retour a l'air plus facile que celui de l'aller, donc on va continuer la rando (plutôt que rebrousser chemin) et j'ai vu qu'il y a possibilité de la raccourcir, peut-être de 2k. Est-ce que tu te sens capable de marcher autant que ce qu'on a déjà marché avant de rejoindre ta voiture ? Si oui, on reprend. Si non, j'appelle les secours.
Peut-être déplier les possibilités en mode arbre décisionnel : secours OUI/NON, +1h de marche OUI/NON, tenter notre chance au hameau 1,5k avant OUI/NON
- prendre un avis médical en appelant le 15
- prendre une trousse de secours (là, elle n'aurait sans doute pas servi à grand chose). Mais c'est un rappel pour me dire qu'il n y a pas des randos où "ça va, c'est tranquille, pas besoin" et d'autres où il faut en avoir une
- davantage prendre en compte le profil que j'ai en face de moi, surtout face à la douleur. Je pense que, mine de rien, Ferdinand a un profil assez stoïque, habitué à la douleur. Ajoutons à cela qu'il culpabilisait peut-être de foutre en l'air la rando (il m'a demandé si je lui en voulais pendant que nous étions pris en stop) et qu'il a pu se dire qu'il allait réussir à prendre sur lui (là, je projette un peu mais il m'est déjà arrivé de me dire "allez, plus que deux heures, plus que XX, ça va le faire" parce que j'étais engagée dans qq chose, dépassant ensuite mon seuil de tolérance à la douleur et devenant une loque complète : très contre-productif) pour ne pas me gâcher cette sortie ()
Je ne sais pas ce qui me permettra de mieux saisir la gravité de la situation si une chose similaire se reproduit mais j'ai été à la masse complet cette fois-ci.
Bien sûr, je décris la situation alors que je sais comment elle s'est finie, mon degré de compréhension et mon vécu étaient très différents sur le moment.
Si vous avez des pistes de réflexion, de la doc ou autre, je suis preneuse.
Je m'en vais lire
ceci en attendant.