@Clemence Bodoc
Mais dans quel(s) milieu(x) ce genre de discours est répandu ? Au sein de la petite-bourgeoisie essentiellement.
Le passage cité par
@Ipsie témoigne précisément de ce besoin de distinction. Le mépris social est structurel et constitutif de notre société.
Il y aurait d'un côté les activités dites "nobles" et de l'autre, les activités dites "vulgaires".
D'un côté les gens réfléchis, raisonnables, pacifiques, tolérants, ceux qui savent pourquoi ils vont à République et de l'autre, les popus -accessoirement violents- qui ne font rien d'autre que gueuler pendants les manifs. La parole d'un "beauf" n'ayant aucune espèce d'intérêt.
Faire cette distinction entre les manifs de "prolos" et ce qui se passe à République, c'est participer à ce mépris social et c'est se situer du côté des dominants.
On a dépouillé les classes populaires de leur Histoire, de leur culture (il a existé une culture populaire avant l’industrie culturelle), de ce qui faisait d'elles d'une classe sociale à part entière et comme si ça ne suffisait pas, on les attaque jusque dans leur ethos. C'est un fait.
Tu te rends d'autant plus compte de toute cette violence symbolique quand toi-même tu viens d'un milieu populaire et que tu évolues autre environnement social.
L'émergence de Nuit Debout vient des mobilisations contre la Loi Travail. ce mouvement aimerait -entre autres- déboucher sur une grève générale. Depuis (et c'est bien aussi, on a besoin de ces débats), il s'ouvre à d'autres thématiques mais ça reste le point de départ, celui qui a su rassembler tout ce beau monde.
Sans la participation des syndicats (je pense à la CGT Montreuil a prêté la sono sans quoi les premières AG n'auraient pas été possibles), des militants d'organisations politiques, Ruffin avec la projection de Merci Patron ! ou bien encore de Lordon, on peut se poser la question de savoir si cet évènement politique aurait pu voir le jour.
Et c'est ce qui m'intéresse, l'articulation entre les aspirations des classes populaires et celles de la petite-bourgeoisie.
Seulement, cette articulation ne se fera pas si chacun ne met pas un peu d'eau dans son vin.
A l'heure actuelle, il n'y a que la question sociale -trop longtemps négligée- qui permettrait de dépasser un peu les clivages sociétaux, pour le bien de tous.