(Suggestion : Pierre Michon, Vies minuscules :
"Elle descendit du taxi, elle était en beauté, rayonnante et bavarde, fardée ; dans le couloir, je la caressai : je me souviens avec autant d'émoi qu'à l'instant où un geste brutal me la livra, de sa chair pâle dans ses bas noirs, de ses mots que ma main fit trembler."
" ... je n'avais plus le même goût de poser la main sur Marianne : je m'étendais nu sur le dos et attendais qu'elle me chevauchât, comme se laisse border un enfant couché."
"Toute parole, toute larme abolies, je poussais des cris de crétin bousculé, je grognais : prenant Marianne dans la chambre des Cards comme un porc à la glandée couvre la paysanne qui l'y conduit, j'avais dû pousser de semblables grognements [...]"
"... dans cette ombre ardente, je déshabillais longuement Marianne, la détaillais dans la fournaise, la jetais sur le plancher blond que cuisait la torpeur des jours ; au coeur de ces reflets conjugués, les passages trop roses de ses cuisses prenaient les teintes d'un de ces Renoir où, violemment exhibé dans l'éclat d'un soleil mais pris encore dans un demi-jour de meule, le modelé mauve des chairs surgit plus nu de s'ombrer d'or, de blé pourpre ; la véhémence de mes mains, l'exultation de ses bonds et l'excès de sa bouche, faisaient infiniment frémir cette chair et ces nuances, l'une et les autres lourdes : les cris de Marianne aux jupes soulevées, la sueur et la pénombre riche, sont ce que je conserve de cet été-là [...]"
Bravo.)