@Neverland90 Ce qu'on lui reproche c'est surtout d'être une très mauvaise scientifique, et d'utiliser la science pour servir ses convictions. Il y a de très nombreuses femmes dans le domaines (plus que dans les autres disciplines de science "dure" comme la physique ou les mathématique), et l'immense majorité ne vont pourtant pas dans son sens.
D'autant que l'article que tu cites est très... orienté.
Bizarrement, cette étude a été présentée comme une nouveauté, alors qu’elle ne fait que confirmer ce qu'on sait depuis des décennies. Il a suffit pour cela que les auteurs manipulent un peu les statistiques et modifient la manière de formuler les choses. Avant on disait :
Il existe des différences bien établies entre les cerveaux masculins et féminins, mais elles sont vraies en moyenne seulement, localisées et souvent d'importance moyennes ou faibles.
C'est devenu :
Il n’existe aucune différence entre les cerveaux masculins et féminins, à part quelques-unes vraies seulement en moyenne, localisées et souvent faibles.
Joel et ses collaborateurs ont examinés les différences sexuelles de "traits de personnalité, d’attitudes, d’intérêts, et de comportements" (ainsi que de traits cérébraux) et a conclu, de manière assez spectaculaire, que les hommes et les femmes n’avaient quasiment aucune différence systématique, en soutenant dans les médias (
par exemple ici ou anglais
la) que "personne ne présente tous les traits typiques d’un sexe" et que par conséquent, il faudrait complètement abandonner le sexe comme variable dans l’étude des sexes…
On ne peut pas nier que l’étude de Joel et al. est impressionnante : elle analyse une remarquable collection de données concernant un large éventail de variables. Malheureusement, les techniques spécifiques que Joel et al. ont utilisées pour déterminer si une différence sexuelle était "réelle" sont très problématiques. Par exemple, Joel et al. ont postulés qu’il n’y avait de différence sexuelle que lorsqu'il y avait "un haut degré de cohérence interne dans la forme de différents éléments d’un même cerveau" (par exemple si tous ces éléments présentaient la forme 'masculine').
C'est-à-dire que pour qu’une différence sexuelle cérébrale existe "vraiment", les hommes devaient avoir un cerveau relativement masculin
de toutes les manières possibles, et les femmes devaient avoir un cerveau relativement féminin
de toutes les manières possibles. Sinon, on ne pourrait pas parler de différences sexuelles... ??????
Même problème pour les différences psychologiques : dans l’une de leurs analyses, une différence sexuelle n’était considérée comme réelle que si les hommes étaient stéréotypés dans
toutes les activités relevant d’un stéréotype de genre (par exemple, si les hommes étaient dans le tiers supérieur des cinq activités typiquement masculines que sont la boxe, les travaux de construction, le golf, les jeux vidéo et le visionnage de vidéos pornographiques et si ces hommes étaient aussi dans le tiers inférieur des 5 activités typiquement féminines que sont le scrapbooking, la prise de bains, la conversation téléphonique, le visionnage de talk shows, et l’emploi de cosmétiques).
Inversement, il fallait que les femmes soient dans le tiers inférieur de toutes les activités typiquement masculines et dans le tiers supérieur de toutes les activités typiquement féminines pour qu’une différence sexuelle soit reconnue. Aucun écart par rapport aux stéréotypes de genres n’a été permis.
Aucun. Au moindre écart, aucune différence sexuelle n’était reconnue. En utilisant ce critère extrême, ils ont obtenu le résultat que seulement 1,2% des hommes et des femmes présentaient une "différence sexuelle" dans leurs comportements genrés. Mais ce qu'il faut réellement lire et comprendre, c'est que seuls 1.2% des hommes et femmes sont des caricatures parfaitement stéréotypées.
L’emploi de ce critère pour décider si une différence sexuelle existe est pour le moins étrange. C’est comme si les auteurs avaient délibérément conçu leurs analyses statistiques pour pouvoir déclarer : "Ce ne sont pas ces différences sexuelles-là que vous recherchez".
En résumé, c'est très orienté et assez malhonnête. Mais ça pourrait effectivement être du Catherine Vidal, car elle utilise exactement ce genre de procédé, avec beaucoup moins de finesse et de sérieux dans ses analyses.