Quand ces mouvements encouragent à se reconnecter à sa féminité intérieure, j'ai souvent l'impression qu'ils parlent d'une notion philosophique : les valeurs du féminin étant dénigrées, on est souvent encouragées à les réprimer pour se conformer à un modèle construit par ou pour les hommes cis. Donc pour moi, quand on parle de "féminité", l'idée ce n'est qu'être une vraie femme c'est ceci ou cela, mais plutôt qu'il y a certaines qualités associées au féminin qu'on ignore et qu'on doit apprendre à les développer/les écouter pour notre propre développement personnel et non celui des autres (ex: le fait d'être tourné vers l'autre et empathique doit devenir une manière de mieux se reconnecter avec soi-même et non de se mettre au service des autres etc.)
Cette idée qu'il existerait des "valeurs féminines" (tout comme des valeurs "masculines"), je trouve ça très dérangeant car cela légitime les inégalités de genre. C'est sur ce socle théorique que se basent les discours du genre : "c'est normal que ce soient les femmes qui s'occupent des enfants, car elles sont plus patientes, plus attentives et plus intuitives que les hommes, et puis ça fait partie de leur essence féminine sacrée" ou bien "c'est normal que peu de femmes aient des postes de direction, car elles sont globalement moins ambitieuses, moins carriéristes et plus empathiques que les hommes". C'est un peu la porte ouverte à toutes les généralisations foireuses sur le genre et la façon dont il nous détermine.
En fait, je trouve ridicule qu'on oppose sans cesse le féminin au masculin, sachant qu'à part nos organes génitaux rien ne nous différencie à la base. Pour moi il n'y a pas de valeurs féminines ni masculines, si ce n'est celles qui ont été construites par la culture. Il n'y a que des valeurs, tout court, et je trouve que c'est vraiment réduire les individus et leur dénier la possibilité d'être qui ils/elles sont que de prétendre qu'il existe des valeurs qui appartiennent au "féminin" et d'autres au "masculin".
C'est vraiment ça que je déteste dans le courant essentialiste, que je trouve en plus de ça dangereux car il renforce les stéréotypes de genre et légitime les inégalités F/H.
Alors oui, il y a peut-être une essence féminine au sens purement biologique, mais je ne pense pas qu'elle influe sur notre façon d'être ou d'appréhender le monde. Ca, c'est le conditionnement culturel qui s'en charge.