@marie-madeleine : Cet article utilise une rhétorique anti-féministe que je trouve assez magnifique (et assez courante).
1. Tu décides arbitrairement que le patriarcat n'existe pas, ou plus. Que nous vivons dans un monde déjà complètement égalitaire.
(Note : surtout, ne pas développer ce point, le balancer comme si c'était une évidence.)
2. Tu prends des trucs qui sont des conséquences du patriarcat (exemple : "ce sont les hommes qui payent toujours au resto", "les hommes qui sont victimes de violence ne sont jamais pris au sérieux") et tu les attribues au féminisme. Tu "prouves" ainsi que le féminisme est mauvais pour les femmes, et aussi pour les hommes au passage.
(Note : surtout, ne pas donner d'argument pour dire que c'est le féminisme qui est la cause de ces problèmes, le balancer comme si c'était une évidence.)
3. Tu dis que les féministes font des femmes des victimes, puisqu'elles réclament des droits particuliers, et que c'est elles qui créent l'image de la femme fragile.
(Note : il est indispensable d'avoir déjà utilisé le point 1, et d'oublier le fait que ces aides soient indispensables et que, malgré leur existence, les inégalités continuent.)
Deux petits trucs aident beaucoup dans ce genre de raisonnement :
1. Ne jamais avoir lu d'études sur les inégalités réelles H/F en France et dans le monde.
2. S'appuyer sur des cas particuliers (et si possible personnels) pour prouver que les femmes n'ont pas besoin du féminisme et peuvent tout à fait réussir sans aide.
Personnellement, par exemple, en tant que femme blanche hétéro cis riche, quand je regarde mon cas personnel, c'est facile de dire que le sexisme me concerne peu, que je suis rarement une "victime", à part deux ou trois harcèlements de rue par mois et encore (à partir de là, je peux même remettre en cause l'expression "harcèlement de rue", car ce-n'est-pas-si-grave-que-ça, et ce-sont-quelques-individus-isolés - bonus 500 points).
Alors, oui, je peux dire : regardez-moi, j'ai réussi, je ne suis pas une victime, et je vais m'empresser d'élargir mon expérience personnelle et de dire que toutes les femmes peuvent être aussi accomplies que moi ! Comment ça, femme trans* lesbienne noire pauvre, t'es pas d'accord ? Arrête un peu de te considérer comme une victime, veux-tu. Avec de la volonté, tout est possible. Bouge-toi un peu les fesses, et demain, tu seras PDG. Et toi, la victime de viol, ne viens pas me gonfler avec ton histoire, t'avais qu'à pas te bourrer la gueule.
Comment ça, je schématise ?
Non, vraiment, relisez l'article, tout y est.
EDIT : juste un point qui me fait doucement rigoler (et tout me fait doucement rigoler dans cet article, mais je ne vais pas avoir le temps de le démolir point par point) :
"
we have all kinds of career opportunities and earning potential handed to us, an artificially uneven playing field in all the jobs we actually want" (traduction : non seulement on peut choisir la carrière que l'on veut et le salaire qui va avec, mais en plus la sélection est inéquitable - sous-entendu : en notre faveur). Oui, aucun métier n'est interdit aux femmes en France, et les quotas peuvent nous donner un coup de pouce. Or, je sais pas si elle a remarqué, mais les femmes sont toujours minoritaires dans les domaines et les professions les mieux rémunérées. Aaah, mais ça doit être parce qu'on est toutes des feignasses sans volonté (sauf elle et sa mamie), pas parce qu'on vit dans un PUTAIN DE PATRIARCAT.
EDIT 2 et après j'arrête : "
We have all the say in reproduction, from our right to abortion to the leeway to decide exactly how and how much the father of our children will be allowed or forced to contribute to their wellbeing. We've even seen due process almost completely done away with when it comes to accusations of rape and sexual assault." (Traduction : c'est nous qui prenons seules les décisions sur la contraception et l'avortement, et qui décidons exactement combien et comment le père contribuera, et en plus, des fois, quand il y a eu des accusations de viol ou d'agression sexuelle, les homme n'ont plus du tout leur mot à dire.)
Bon, déjà, il me semble que c'est un juge qui prend la décision pour les pensions alimentaires. Mais je peux me tromper. Et puis ensuite, c'est vrai que c'est terrible que les hommes ne puissent pas forcer ou empêcher les femmes d'avorter. Encore plus quand les grossesses sont le fruit d'un viol.
Won't somebody think of the rapists?!