J'ai fait un coming out auprès d'une camarade ce matin.
C'est une personne avec qui je m'entends bien mais à qui je n'avais vraiment pas prévu d'en parler. C'est venu dans la conversation. Nous avons un prof merveilleux, hyper au fait des questions d'actualité, notamment liées au militantisme. La conversation a donc doucement dérivé d'un éloge de ce prof, vers une réflexion sur les cercles militants et leur ouverture (ou non ouverture) aux non-initié.e.s, au fait que se développe un vocabulaire spécifique pas toujours facile à acquérir (parce que ça fait beaucoup de vocabulaire d'un coup à assimiler). Et paf, au milieu d'une phrase, je sors "moi par exemple je suis asexuelle".
Je crois que j'étais la première étonnée d'avoir sorti ça comme ça. Du coup ça l'a intéressée. Elle m'a demandé ce que c'était. Elle a donc découvert du même coup la différence entre orientation romantique et orientation sexuelle. J'ai pu évoquer avec elle le "débat" d'il y a quelques mois.
Elle a été très polie, et d'une grande écoute, sans jugement. Même si elle m'a sorti les fameux "ça fait beaucoup de cases", "attention à ne pas s'enfermer dans des cases". Du coup je lui ai sorti ma réplique implacable : "tu es une femme?" "oui" "tu as l'impression d'être enfermée dans la case
femme ?" "non"
Je me rends compte que je vois plus les "cases" comme un échiquier, sur lequel on se déplace facilement, on peut être à cheval sur plusieurs cases.
Ce court dialogue fonctionne souvent bien : après, elle m'a posé des questions :
- mais du coup, il n'existe quand même pas des mots pour tout? par exemple pour des personnes qui peuvent ressentir une attirance sexuelle mais très rarement?
- c'est la grey-sexualité
Elle a paru enthousiaste (plus que choquée) qu'il existe un terme : comme si elle avait d'un coup accès à un domaine hyper riche de diversité. Après réflexion elle m'a dit "c'est bien qu'il y ait des mots pour définir ces aspects de nos vies : ainsi on ne le vit plus comme un problème mais comme un élément avec lequel on doit composer. Et c'est vrai que ça facilite le dialogue :
moi je suis ça c'est plus rapide à dire que de donner la définition entière à chaque fois".
Elle s'est aussi intéressée aux difficultés potentielles qu'on pouvait rencontrer pour avoir une vie de couple (comment composer avec un.e partenaire non asexuel.le? comment rencontrer un.e autre asexuel.le puisque nous ne sommes qu'1% de la population?) : je lui ai parlé de l'existence de sites de rencontre spécialisés. Elle a trouvé ça cool.
On a parlé du genre aussi. Enfin bref, ça fait du bien de pouvoir parler de toutes ces questions, très présentes sur MadZ, IRL. Je sais pas pourquoi mais ça me rend toute joyeuse ce CO, cette écoute/ouverture de sa part et d'avoir pu faire un peu de pédagogie sur le sujet.
Et honnêtement ça me rassure sur de potentiels CO à faire à l'avenir : il y a des amies à qui je voudrais vraiment en parler mais avec qui je n'ose jamais comme si
ce n'était pas le bon moment.
Vous arrivez à sentir quand c'est le bon moment, vous?
edit : orthographe