Le topic philosophique ( notre agora à nous )!

[MartheS]

Parce que... Parce que c'est comme ça haha. Je n'ai jamais été emballée par Sartre.

Je sais bien que les féministes us se réclament de De Beauvoir. Cela dit les américaines ont développé un féminisme bien plus tourné vers une finalité politico-pratique. Et le féminisme américain est plus, comment dire, englobant du point de vue des causes que le féminisme d'inspiration beauvoirienne. On peut penser aux féministes abolitionnistes du XIXème aux USA.

Et puis elles n'ont pas les mêmes références. Là où De Beauvoir se réclame de Sartre, les américaines sont souvent des lectrices de Tocqueville.

Anthropo et socio servent de grilles de lecture dans plusieurs domaines de la vie où le sexisme est particulièrement prégnant. -> Recueil de données dans le domaine des sciences exactes + reconstruction du paradigme masculiniste dominant pour comprendre pourquoi les femmes abandonnent fréquemment la recherche en sciences exactes. C'est le propos d'Evelyn Fox Keller, qui, au départ, travaille exclusivement en physique théorique, découvrant peu à peu les sciences sociales qui vont lui servir de référence pour comprendre les phénomènes qu'elle constate dans le domaine universitaire des années 80-90.

 

[MartheS]

Ne serait-on pas en train de se lancer dans de la bonne vieille épistémo du féminisme ?

 

[MartheS]

cf entretien très intéressant trouvé sur Cairn :

"Avec Le Deuxième Sexe, vous avez influencé énormément celles qui ont été les premières militantes du mouvement féministe américain. En retour, est-ce qu’on peut dire que les textes des féministes américaines ont eu une influence, un apport important dans votre pensée ?

S.B. — Certainement, elles m’ont beaucoup fait réfléchir : Le Deuxième Sexe, je ne le désapprouve pas du tout aujourd’hui, mais il ne va pas vraiment tout à fait assez loin. Et dans les recherches des féministes américaines beaucoup de choses l’ont certainement dépassé en audace, et surtout en ce que j’appellerais proprement féminisme. Ce que je reproche au Deuxième Sexe aujourd’hui, c’est d’avoir été trop confiant dans l’avenir de la société en général, et par exemple dans ce que je croyais devoir être le triomphe du socialisme. Je pensais que s’il y avait une amélioration de la société, du même coup la situation des femmes s’améliorerait. Ce que j’ai compris en fait au bout d’une vingtaine d’années, lorsque j’ai constaté que rien ne s’était passé dans les pays socialistes de mieux que dans les pays capitalistes, c’est que la lutte des femmes était une lutte absolument intrinsèque, personnelle, individuelle, ne pouvant être menée que par les femmes. Qu’elle était certainement liée à la lutte des classes et que le féminisme avait plus de chances, s’il y avait un jour un socialisme, au vrai sens du mot, que dans un pays non socialiste. Mais cela ne suffirait pas : il fallait que les femmes mènent leur propre combat. C’est précisément ce que j’ai trouvé dans les livres des féministes américaines qui, peut-être parce qu’elles avaient moins d’espoir que moi dans le socialisme, l’ont compris très tôt.


Il y a un livre dont j’aimerais parler, parce qu’il n’a pas été, selon moi, assez reconnu aux Etats-Unis ni en France, c’est le livre de Shulamith Firestone, La Dialectique du sexe, que j’ai beaucoup aimé : il y avait sur le racisme, l’enfance, l’émancipation parallèle des femmes et des enfants, des choses que j’ai trouvées excellentes et qui m’ont fait réfléchir. Naturellement j’ai lu Betty Friedan en son temps, j’ai lu aussi Kate Millett dont le livre m’a beaucoup intéressé. Je préfère d’ailleurs son tout dernier livre, intéressant et très riche comme expérience féministe [1][1] Flying, trad. fr. En vol, 1975, Paris, Stock (NdT). J’ai lu également Firestone et plusieurs autres livres, réalisés par des collectifs féminins et dans lesquels j’ai trouvé beaucoup d’idées qui ne contredisaient pas les miennes, mais qui très souvent allaient plus loin. Quelquefois je remarquais une ou deux contradictions, mais c’était plutôt moi, en effet, qui avais eu tort et les féministes américaines qui avaient raison en allant plus avant que je ne l’avais été. Elles m’ont beaucoup influencée et elles m’ont amenée à approfondir davantage ma pensée."​

 

[Pseudo-Original]

@MartheS merci beaucoup, c'est très intéressant !

 

[MartheS]

@MartheS merci beaucoup, c'est très intéressant !

De rien, sujet passionnant

 

[MadRose]

*Toc toc toc*
Hello les amateurices de philosophie!

Du haut de ma vingtaine (et de mes deux années "perdues" pour me réorienter -même si rien n'est jamais perdu), je m'intéresse aux ouvrages et pensées philosophiques. Juste un peu, mais assez pour trouver vos échanges intéréssants. J'ai toujours été nulle en cours de philo en Terminale L, même si c'était une des matières qui me passionaient le plus.

J'ai survolé vos premières pages, et lu plus minutieusement les deux dernières. (De Beauvoir, je note)
La philosophie est pour moi difficile à lire (malgré mes "facilités" avec Platon) mais j'adore les extraits que j'ai lu de deux ouvrages : Les Essais de Montaigne et Les Pensées de Pascal.

Je suis très portée sur les questions du sens d'une vie, de l'Être, du bonheur relatif, du positivisme... selon des termes que j'emprunte à la spiritualité/au développement personnel. Et je m'intéresse de plus en plus aux questions de genre et de féminisme.

J'aurai voulu savoir quels sont vos auteurs favoris, et, surtout, si vous piochiez vos lecture seulement dans les rayons de philosophie ou aussi dans les essais dans d'autres domaines (sociologie/arts/histoire...)

Merci de m'accepter parmi vous, que j'admire déjà

 

[Awdrey]

Salut à tou.te.s.
Je viens squatter sur ce forum car j'aimerais bien avoir quelques indications. En fait, je cherche des titres d'essais philosophiques traitant de la notion du sens de la vie, et j'ai du mal à en trouver car les philosophes abordent plus souvent l'existence et de mon côté je cherche surtout le pourquoi

 

[MartheS]

Hé! C'est effectivement des problématiques très développement personnel, mais je suggère d'aller chercher plutôt dans l'éthique, ainsi que dans toutes les grandes philos du sujet. Cela dit c'est très vaste comme domaine, si tu pouvais préciser...
Peut-être, plus accessible et très agréable, tu peux regarder François Jullien, Cioran... Il y a de jolies choses.

Et évidemment il faut pas se cantonner à la philo, aller piocher partout, en histoire, histoire de l'art, socio, anthropo!

 

[La femme de Frank]

Je vous partage deux extraits qui m'ont enthousiasmée ces derniers temps (ah l'ultime sensation de lire quelque chose auquel on s'identifie ou dont on avait juste la conviction depuis tant de temps...!) :

Nous disons bonnes les vertus d'un homme, non pas à cause des résultats qu'elles peuvent avoir pour lui, mais à cause des résultats qu'elles peuvent avoir pour nous et pour la société : dans l'éloge de la vertu on n'a jamais été bien « désintéressé », on n'a jamais été bien « altruiste » ! On aurait remarqué, sans cela, que les vertus (comme l'application, l'obéissance, la chasteté, la piété, la justice) sont généralement nuisibles à celui qui les possède, parce que ce sont des instincts qui règnent en lui trop violemment, trop avidement, et ne veulent à aucun prix se laisser contrebalancer raisonnablement par les autres. Quand on possède une vertu, une vraie vertu, une vertu complète (non une petite tendance à l'avoir), on est victime de cette vertu ! Et c'est précisément pourquoi le voisin en fait la louange ! On loue l'homme zélé bien que son zèle gâte sa vue, qu'il use la spontanéité et la fraîcheur de son esprit : on vante, on plaint le jeune homme qui s'est « tué à la tâche » parce qu'on pense : « Pour l'ensemble social, perdre la meilleure unité n'est encore qu'un petit sacrifice ! Il est fâcheux que ce sacrifice soit nécessaire ! Mais il serait bien plus fâcheux que l'individu pensât différemment, qu'il attachât plus d'importance à se conserver et à se développer qu'à travailler au service de tous ! » On ne plaint donc pas ce jeune homme à cause de lui-même, mais parce que sa mort a fait perdre à la société un instrument soumis, sans égards pour lui-même, bref un « brave homme », comme on dit.

Nietzsche, Le gai Savoir

Ahlala, ce délicieux cynisme !

Qu'il fût mélancolique, je le savais, mais je n'aurais jamais imaginé que l'amour pût produire un tel effet sur lui ! Et pourtant, quelle logique n'y a-t-il pas dans tout état d'âme, même anormal, quand il est bien en place. Les gens affirment souvent qu'une âme mélancolique doit tomber amoureuse pour que disparaisse tout vague à l'âme. S'il est vraiment mélancolique, comment serait-il possible que son âme ne succombe pas à la mélancolie en se consacrant à ce qui, pour lui, est de la plus haute importance. Il était profondément et sincèrement épris, cela était clair, et pourtant dès les premiers jours il était capable de se ressouvenir de son amour. Au fond, sa relation était finie. Le fait de l'entamer lui avait fait enjamber toute la vie. Si la jeune fille meurt demain, cela ne produira en lui aucun changement essentiel (...) Le souvenir a le gros avantage de commencer par une perte ; aussi est-il sûr, puisqu'il n'a rien à perdre.

Kierkegaard, La Répétition

D'ailleurs au fait, je suis Soren Kierkegaard.

Spoiler

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[Awdrey]

@MartheS Je viens de voir ta réponse par pur hasard, je suis désolée de répondre si tardivement.
Quand je parle de sens de la vie, je veut surtout évoquer non pas l'origine de la vie humaine mais vraiment le sens de l'existence, avoir des réponses aux questions existentielles, le suicide, la mélancolie...

Je sais que Camus aborde ce thème avec Le Mythe de Sisyphe, il y a aussi Sartre avec L'existentialisme est un humanisme je crois, mais j'aimerais beaucoup avoir d'autres références similaires. On m'a dit que les philosophes existentialistes abordent énormément cette problématique mais je ne sais pas vers quelle oeuvre me tourner.

Je ne recherche pas de livres de développement personnel ou de psychologie de comptoir qui nous vendent un soi-disant bonheur avec de gros titres et des explications simplistes alors que les choses sont bien plus complexes en réalité.

 

[MartheS]

@MartheS Je viens de voir ta réponse par pur hasard, je suis désolée de répondre si tardivement.
Quand je parle de sens de la vie, je veut surtout évoquer non pas l'origine de la vie humaine mais vraiment le sens de l'existence, avoir des réponses aux questions existentielles, le suicide, la mélancolie...

Je sais que Camus aborde ce thème avec Le Mythe de Sisyphe, il y a aussi Sartre avec L'existentialisme est un humanisme je crois, mais j'aimerais beaucoup avoir d'autres références similaires. On m'a dit que les philosophes existentialistes abordent énormément cette problématique mais je ne sais pas vers quelle oeuvre me tourner.

Je ne recherche pas de livres de développement personnel ou de psychologie de comptoir qui nous vendent un soi-disant bonheur avec de gros titres et des explications simplistes alors que les choses sont bien plus complexes en réalité.

C'était pas un reproche hein pour les livres de dvpt personnel ! Quant à l'existentialisme, malheureusement je m'y connais pas trop, et c'est pas tellement ma tasse de thé. Donc je réitère mon conseil Cioran, Kierkegaard + Nietzsche

 

[La femme de Frank]

@Awdrey Je suis en train de lire La force majeure de Clément Rosset. Lui admet que la vie n'a aucun sens (donc je sais pas si ça t'iras comme postulat ), mais part de cette idée pour mettre à mal la raison, et dire que seule la joie nous permet de vivre pleinement, cette joie ni rationnelle ni raisonnable qui elle seule nous permet d'accepter et d'apprécier l'ici et maintenant. C'est une bonne introduction à Nietzsche aussi.