[...] le leader naturel, qui n'est pas là pour prendre le devant de la scène et se glorifier, mais qui a, dans ses discours, sa façon d'être, de communiquer avec les autres et d’interagir en règle générale la capacité de motiver, de donner à autrui la volonté et la force, la motivation, si l'on veut, de se dépasser. [...] c'est une identité porteuse d'idées et de projets (mais pas forcément de l'autorité suprême, ça n'est pas forcément la même personne) qui parvient à obtenir la confiance des personnes qui l'entourent [...]
Oui je vois ce que tu veux dire, exactement comme Rick dans The Walking Dead, ou comme
C'est de la fiction, mais selon cette définition ces personnages là sont l'incarnation parfaite de ce que tu décris comme des leaders naturels, puisqu'ils inspirent confiance aux autres et qu'ils arrivent à porter les valeurs et les projets du groupe.
Je comprends que ça peut être quelque chose de positif, même si ça induit la présence d'une certaine hiérarchie.
Le fait de comparer cela à un groupe de 50 personnes... Ouais, non
Justement, je ne pense pas du tout que ce soit comparable. Ce que je voulais dire, c'est que déjà à un niveau micro comme un groupe de 50 personnes, il y a des facteurs sociaux qui se mêlent aux facteurs psychologiques et qui font que les leaders sont qui ils sont, mais au niveau d'un Etat entier c'est encore "pire" ; et la part sociale/sociologique, prend énormément de place dans la détermination de qui a des chances d'être nommé leader. En gros, non seulement certaines personnes ont plus de chances que d'autres d'arriver jusque là (pour des raisons d'origine sociale etc), mais en plus, les représentations collectives de type : on veut un président puissant avec un gros zizi (je caricature à peine), jouent un rôle super important dans le fait que les gens auront tendance à considérer telle personne comme plus "présidentiable" qu'une autre.
Si on reste sur la question du genre, on voit bien que les femmes sont sous représentées, et que par exemple, MLP a une certaine posture, tenue, voix, qu'on pourrait qualifier de "masculine", et que ça lui donne une crédibilité. Ce n'est pas pour rien si certaines des personnes qui ne l'aiment pas la traitent de "bonhomme".
Il y a une thèse récente d'une sociologue dont j'ai oublié le nom, qui a montré que les femmes qui arrivent à des postes de direction dans les entreprises de consulting, ont souvent tendance à (consciemment ou inconsciemment), adopter une posture "masculine" pour être plus crédibles, à parler avec une voix plus grave, et à se vêtir de manière plus "androgyne" (Mais tout en gardant une part de féminité, parce que paradoxalement, il faut montrer qu'on a la carrure d'un homme mais il ne faut pas trop en faire non plus et savoir "rester une femme", sinon ça fait mauvais genre - c'est le cas de le dire -).
Donc oui, pour être leader il faut avoir des caractéristiques qui donnent confiance aux gens et qui les laissent penser qu'on est la bonne personne pour porter leurs valeurs, et c'est vrai qu'un leader peut être positif ; mais en même temps, ces caractéristiques là sont aussi déterminées par des représentations qui sont historiquement et socialement situées, dans un système qui reste dominé, que ce soit économiquement ou symboliquement, par des hommes, plutôt blancs etc.
quand on voit un gouvernement où on ne sait pas trop qui a le dessus sur qui (cf Valls qui semblait toujours plus ou moins avoir l'ascendant sur Hollande, dont la figure présidentielle n'était pas forcément très présente - et je ne parle pas de fermeté, ni de virilité, ni de dureté, je parle de leadership) la question se pose de savoir si les rôles sont clairement définis dans l'esprit de tous... Et s'ils sont compréhensibles par les personnes qui les entourent.
Là encore, il faut voir sur quels critères est-ce qu'on se base pour dire que Valls semblait avoir l'ascendant sur Hollande ?
Ce que je veux dire, c'est que je ne suis pas sûre que tous les traits qu'on va avoir tendance à attribuer à un leader potentiel sont forcément positifs. Je pense que ces traits sont assez déterminés par nos représentations sociales, qui sont en partie sexistes, racistes, influencées par un système de pensée capitaliste (je ne sais pas trop comment l'exprimer) etc.
Du coup ce qui est déterminé par des mécanismes psychologiques s'entrecoupe avec des représentations sociales qui sont très contestables, et ces représentations sociales infiltrent notre inconscient. C'est pour ça que je pense que c'est important de s'interroger sur cette figure de leader, sur ce qui la constitue et à qui on l'attribue.