@Belle-de-nuit et
@MorganeGirly Je ne sais pas quoi vous répondre, le traitement médiatique de Mélenchon a été tellement grossier, surtout en cette fin de campagne, pour moi on ne pouvait pas passez à côté. D'autant plus que parmi les 5 premiers candidats c'est celui dont le programme favorisait le plus la démocratie et les médias essayaient constamment de lui coller une étiquette de dictateur!
Et puis la dérive complotiste et le refus de la transparence il est du côté de le Pen et Fillon. Quand la FI critique la presse c'est parce qu'elle la veut libre. Ici une audition de Henri Maler (acrimed) et Pierre Rimbert (le monde diplo):
La critique est clairement constructive quand on veut recréer un meilleur système.
Critiquer l'organisation et la gestion des médias n'est pas le problème. Mélenchon a parfaitement le droit de dire "voilà, je pense que la presse est soumise à trop de conflits d'intérêts, ça se voit sur tel et tel sujet, il faut y remédier". En revanche, dire "j'ai perdu à cause d'une grande machination médiatique", c'est le genre de trucs qu'un candidat anti-démocratique ferait. Un candidat qui respecte les médias ne devrait JAMAIS accuser ouvertement les journalistes d'être au service d'un ennemi dès qu'il y a des critiques contre lui, même s'il pense très fort que les médias sont orientés dans leurs critiques. Il devrait tenir un discours critique totalement deconnecté de sa personne, et j'ai vu très très souvent Mélenchon faire tourner sa critique de la presse autour de lui-même. Je l'ai rarement vu défendre les journalistes à vrai dire, et bien plus souvent leur casser du sucre sur le dos. Même Poutou qui s'en prend plein la figure ne va pas clamer sur tous les plateaux que les journalistes sont des vendus. Il respecte leur fonction.
Ensuite, Mélenchon a quand même fait 19% hein, c'est quasiement le double de 2012 donc j'ai tendance à penser qu'il n'a pas juste obtenu ce score à la force de ses petits bras après tant d'années dans la politique. Je comprends pas pourquoi il accuse "le système" de sa défaite alors que clairement, le système a permis à sa campagne de prendre cette année. Peut-être que s'il a perdu c'est tout simplement que la majorité des Français ont préféré voter pour d'autres pour une multitude de raisons, pas à cause de la "médiacratie"
. Parce que pour le coup, il a lui aussi beaucoup bénéficié de médias orientés en sa faveur, notamment des médias en ligne. On a cité un article de Médiapart sur ce topic qui recensait les positions des ONG sur les programmes des candidats. Cet article était totalement biaisé dans la manière dont il laissait entendre que Mélenchon était le préféré des ONG, alors que je me suis déjà exprimée sur le sujet, c'était beaucoup moins net que ça.
Pour ma part, j'ai vu des articles critiques sur Mélenchon oui, des éditoriaux caricaturaux, oui. Mais j'ai vu beaucoup beaucoup de couverture médiatique sur lui et sur le fond de son programme. Plusieurs critiques étaient pertinentes et pas mal d'articles étaient loin d'être négatifs ou de le présenter comme un dictateur en puissance.
A titre d'exemple, j'ai déjà expliqué en détails que sa position sur la Syrie, la Russie et accessoirement l'Europe me posait problème et cette inquiétude ne me vient PAS des millionnaires qui possèdent des journaux mais des propres discours de Mélenchon. On peut avoir une opinion pas 100% reluisante de Mélenchon par soi-même, même si toi tu trouves son programme génialissime en tous points.
Et d'ailleurs, les journalistes ont parfaitement le droit d'exprimer leur opinion négative sur un candidat, ça fait justement partie de leur liberté de journaliste. Le problème c'est qu'il n'y a pas beaucoup de diversité d'opinion dans les médias, mais un journaliste qui présente une série de faits négatifs dans un article d'opinion n'est pas en train de commettre une faute professionnelle
Le problème c'est que le discours de Mélenchon donne l'impression qu'il pense tellement avoir raison que toute critique à son encontre est forcément biaisée. Sauf que non, ça fait partie de l'exercice démocratique de se faire critiquer, y compris par des gens pas neutres. Donc ce genre de posture est pour moi dangereuse, qu'on aime le reste du programme de Mélenchon ou pas.
Peut-être qu'actuellement c'est encore le cas - mais Macron, c'est bien celui qui a instauré le CICE, à savoir des cadeaux fiscals de 13milliards d'euros aux entreprises, censé être accordé en échange d'1 million d'emplois en contrepartie. Contrepartie qui n'a jamais été respectée, la grosse partie des 13 milliards a fini dans les poches des actionnaires, et n'a donc pas du tout été investi pour le développement des entreprises et donc la création d'emploi.
Donc sur ce point là on peut effectivement dire que l'Etat a laissé beaucoup passer - mais apparemment personne n'en a tiré de leçons puisque le CICE est une mesure que Macron veut renouveler.
Je pense que cet exemple est très révélateur, surtout en parallèle avec l'histoire du CICE : l'Etat semble plus strict quand il s'agit de pinailler sur les avantages offerts aux salariés, que lorsqu'il s'agit de contrôler la fuite de l'argent public vers les actionnaires.
Pour ma part je pense que c'est tout le problème de Macron : il veut parler à tout le monde (ou plutôt, il parle à la finance et aux grands groupes, mais veut donner l'impression de parler à tout le monde), donc il se retrouve effectivement à proposer des mesures contradictoires.
Comme par exemple supprimer/ne pas renouveler des postes de prof mais instaurer des effectifs de 12 élèves dans les classes ZEP de maternelles.
Ou bien promouvoir la liberté totale d'entreprendre et en même temps la protection sociale
Concernant le CICE, oui, c'est plutôt un échec et ça a été très mal suivi, mais je ne pense pas qu'on puisse être aussi catégorique sur le fait que ça soit allé aux actionnaires car les commissions de suivi et les économistes ont du mal à évaluer si le CICE a eu des impacts positifs. C'est très facile d'un point de vue comptable de mettre la ligne CICE à côté d'un projet déjà prévu par exemple. A partir de là, comment évaluer si le CICE a provoqué des investissements ou non? Et je le vois bien, les dirigeants d'entreprise sont généralement très flous quand ils expliquent à quoi a servi le CICE.
Par contre je nuance un peu la remarque sur les actionnaires. Les marges et profits des entreprises ont augmenté grâce au CICE par rapport aux années de crise, sans a priori être énormément réinvestis, mais parler de "poche des actionnaires" c'est un peu plus complexe que ça, et je n'ai pas vu d'étude le disant clairement en ces termes.
Il ne faut pas oublier que les actionnaires des entreprises sont assez souvent... d'autres entreprises. Et que donc verser des dividendes à l'entreprise mère ne sert pas nécessairement à rémunérer quelques millionnaires mais peut également servir à renflouer d'autres filiales qui vont mal, et donc à préserver des emplois ailleurs. Je ne dis absolument pas que le CICE a servi à ça, d'ailleurs si c'est le cas ce n'est pas normal, mais je préviens juste que les économistes parlent surtout d'effets incertains plus que de vache à lait pour les actionnaires.
Dans tous les cas, c'est sûr que le CICE fait plutôt office de gadget inutile que de mesure pertinente et qu'il n'y a pas grand intérêt à le défendre (sous cette forme en tout cas).
Après pour les contrôles URSSAF, je suis assez d'accord. Je trouve la rigueur sur les contrôles assez injuste lorsqu'il s'agit d'avantages pour les employés... Mais le truc aussi c'est que par exemple quand un employeur te donne une voiture de fonction, ça lui coûte moins cher que de te payer chaque mois un complément de salaire te permettant de t'acheter une voiture + les cotisations sociales qui vont avec. Donc les entreprises détournent aussi le système en essayant de donner des cadeaux aux salariés plutôt qu'en les payant plus. Et si c'est perçu comme un avantage en plus pour les petits salaires qui de toute façon ne seraient pas payés plus, c'est quand même pas mal du détournement quand il s'agit d'un gros salaire que d'offrir un appart de fonction et une voiture de fonction plutôt que 2000 euros par mois supplémentaires, d'autant plus que si ce salarié ne déclare pas ça comme un avantage en nature, ça fait des sous perdus au niveau des cotisations + des impôts sur le revenu.