Bon j'avais dit "j'abandonne" mais merci
@Margay pour le débat intelligent donc je reviens 5 minutes
Après tout ce qui est formation, veille législative, pour les juges et les policiers, c'est quand même pas les assos féministes qui les font, si?
Je sais pas trop comment ça se passe mais je sais qu'il est très fréquent que les formations internes fassent appel à des intervenants externes, qui sont généralement des spécialistes, donc pour le cas des violences sexistes, possiblement des assos féministes ou des gens formés auprès d'assos féministes... Du coup le manque de moyen risque d'affecter la qualité des formations voire de les empêcher si ya juste pas de formateurs dispos sur le sujet. Ou alors on va avoir un formateur qui n'y connait pas grand-chose et c'est contre-productif mais je suppose que c'est un peu le cas déjà vu la piètre qualité de la prise en charge des violences sexistes.
Pour le harcèlement moral qui ne vise pas du tout le CSP+ blanc et qui touche tout le monde homme ou femme : ok, je concois. Par contre, je crois pas qu'il sera écrit dans la loi "lorsqu'un homme à X comportement avec une femme, il s'expose à Y pénalité", je suppose que l'article de loi sera pas genré (et j'espère)
Ce que je voulais dire par "qui protège les femmes" c'est qu'on se doute que la loi sur le harcèlement sexuel cible plus les femmes même si elle permet de protéger également les hommes, elle a été créée pour les femmes. A l'inverse, celle sur le harcèlement moral a été créée sans victime particulière en tête.
"Honnêtement, je ne connais pas de loi visant à défendre les femmes et ciblant en priorité les catégories privilégiées
" => tu veux dire, que ce soit écrit dans la loi? Ou implicite? Parce que le harcèlement de rue ne visera pas dans la loi même les catégories défavorisé
Implicite. En fait, ce que je trouve intéressant dans l'article que j'ai cité et d'autres, c'est un peu ce qui est résumé en conclusion :
En tant que féministes et chercheur.e.s sur les violences de genre, nous nous opposons à la pénalisation d’une question liée aux droits des femmes, qui servira à désigner quelles formes de sexisme sont illégitimes, et donc à maintenir dans l’ombre celles qui, commises dans les beaux quartiers et les grandes entreprises, restent légitimes et irrépréhensibles.
J'ai l'impression que l'idée derrière cette opposition c'est pas "on dit rien contre les pauvres, c'est mal" mais "c'est très curieux de choisir particulièrement ce combat-là", ça donne un peu l'idée d'un combat pour les femmes à deux vitesse : on est pour défendre le droit des femmes quand ce sont les "mauvaises gens" qui les mettent mal, pas quand ce sont les bonnes gens.
Par exemple, la loi Travail de Macron prévoit une fusion du CHSCT avec les autres instances représentatives du personnel. Le CHSCT est une instance des grandes entreprises chargée de veiller à la santé et à la sécurité des salariés. Parmi ses prérogatives, il peut enquêter conjointement avec l'employeur ou indépendamment sur les situations de harcèlement sexuel dans l'entreprise. Ce type d'enquêtes sera sûrement toujours possible après la fusion, mais ça sera sacrément plus compliqué a priori, notamment parce que les ex-membres du CHSCT seront chargés de plein d'autres choses et n'auront plus forcément le temps de s'occuper de la santé et de la sécurité des salariés en détail, donc plus forcément le temps de prendre aux sérieux les craintes exprimées par les salariées. Or, il faut de la patience et de la subtilité pour qu'une salariée se sente suffisamment en confiance pour signaler les agissements douteux d'un collègue à son encontre. Ce n'est pas possible d'être patient et subtil quand on n'a plus le temps d'écouter et d'enquêter, ou plus le temps d'être formé à ces questions.
Donc pourquoi d'un côté supprimer le CHSCT, ce veilleur qui renforçait la sécurité des femmes, rendre plus compliqué l'accès à la contraception pour les mineures... et se prononcer contre le harcèlement de rue en mode "grosse priorité"? Pour moi, ça pousse forcément à se questionner sur la manière dont le gouvernement utilise le droit des femmes pour servir d'autres enjeux. Là en l'occurence, les mesures prises jusqu'à présent et les effets d'annonce, ça permet d'associer certaines catégories au sexisme tout en en dédouanant d'autres. Je suis pas en mode "théorie du complot" hein, mais Macron a déjà bien prouvé qu'il était capable d'utiliser le féminisme comme vernis pour servir son propre intérêt.
Et puis faut pas oublier que des personnalités comme Sarkozy et Valls ont bâti leur popularité sur la stigmatisation des populations racisées, ils ont clairement bénéficié du discours discriminant qu'ils ont tenu. Donc ça peut parfaitement être une stratégie politique.
Or, une loi fondée sur la volonté de séduire les foules, quitte à pointer du doigt excessivement certaines populations, c'est rarement une loi qui donne de très bons résultats et sert vraiment la cause. Elle risque même d'être contre-productive.
En tout cas, moi j'ai l'impression que c'est un peu le propos de l'article que j'ai cité et de plusieurs personnes qui ont des réserves sur la loi. On risque de nuire à la lutte contre le sexisme si on se concentre sur des situations qui ne concernent que certaines populations, car on invisibilisera une partie des problèmes profonds.