titien;4256153 a dit :Sinon j'ai pu lire qu'en diagonal votre analyse de VD et je partage certains de vos points de vu mais pas tout. Peut être parce que je garde en tête que c'est une série pour ado et qu'ado j'aurais vraiment aimé. Après j'ai pas la prétention de parler au nom de tous mais je ne m'identifie pas forcément plus aux femmes qu'aux hommes dans cette série -je suis très éloignée de tous - et m'ont identification à la victime ou au bourreau dépend vraiment des scènes.
C'est clair que Damon est un connard, que ce qu'il fait vivre à Caroline et d'autres est un viol. Le fait qu'on finisse par passer au dela de ses crimes est assez dérangeant et en même temps vient "naturellement". Encore une fois je parle un peu en mon nom propre mais même si maintenant moins (voir pas du tout) lorsque j'étais ado je trouvais ce genre d'histoire et de personnages fictifs assez agréable parce que très cathartique. Je n'ai jamais souhaité tué personne bien sur mais cette ambiguïté bien/mal était quelque chose que j'appréciais dans les fictions et même que je recherchais, parce qu'elles mettaient en scène de façon exagéré ce que je "refoulais" par mon éducation, mon caractère et ma morale. Lorsque j'écrivais des histoires, ces personnages là étaient nombreux.
Je suis d'accord avec toi sur ce point, c'est pour ça que j'ai dit que je comprenais que Damon puisse fasciner les ados.
Moi aussi, j'en avais marre des gentils héros quand j'étais ados.
Je me souviens que ma préférence héroïque avait fait un peu ce schéma-là :
Enfant, j'adulais les gentils.
Ado, j'adulais les méchants.
Adulte, je détestais les méchants et je préférais à nouveau les gentils.
Un bon exemple, c'est le film Gladiator que j'ai toujours adoré depuis sa sortie quand j'étais en 4e ou 3e. Pendant quelques années, mon personnage préféré était de loin l'empereur joué par Joaquin Phoenix, ce qui rendait hyper perplexe mes parents car il est totalement fou, et c'était un meurtrier incestueux. Mais son personnage me fascinait, j'aimais son débat intérieur, son ambigüitié et l'acteur savait retranscrire tout ça : ça faisait appel à des émotions qui ressemblaient un peu aux questionnements adolescents (qu'est-ce que le bien et le mal? qui suis-je réellement? etc.)
En plus de ça, je le trouvais beau et je le portais aussi aux nues pour son sex appeal, malgré son horrible caractère.
En revoyant le film à 18 ou 20 ans, ma perspective avait complètement changé car j'étais plus en paix avec moi-même et je trouvais soudain que le personnage de Maximus joué par Russell Crowe qui m'avait laissé assez indifférente à 14 ans était le plus attirant. Tout-à-coup, j'admirais sa loyauté, son ingéniosité, son courage, son sacrifice... Bref, toutes les qualités du héros classique. Et si je reconnaissais que le personnage de l'empereur Commodus était très intéressant, je n'étais plus en admiration devant lui du tout.
A l'époque, je fustigeais la niaiserie des histoires d'amour classiques et je m'énervais devant le côté trop moral et convenu des héros. J'étais fan des anti-héros de la littérature classique : Dom Juan, Lorenzacio, Richard III et autres personnages jugés immoraux par leur société et un peu torturés parce qu'ils n'y ont pas leur place (encore une fois, le syndrome adolescent).
Depuis, je les aime toujours mais j'aime aussi des personnages plus "nobles".
Du coup, je comprends très bien que des personnages qui agissent sans ramener tout à la morale comme Damon soient des vrais idoles pour des ados en questionnement.
Le truc c'est que tous les personnages que j'ai cité : Commodus, Dom Juan, Richard III etc., même si leurs créateurs nous poussent à avoir de l'empathie pour eux et à être intrigué par leur parcours, ils ne nous laissent pas croire que ce qu'ils font est moralement acceptable. Les héros sont toujours punis à la fin et les autres personnages leur servent de garde-fous, rappelant concrètement sans cesse qu'ils ont tort d'agir comme ils le font. On voit aussi la souffrance qu'ils infligent à leurs victimes et la souffrance que ça leur inflige à eux.
En tant que spectateur potentiellement influençable, on te donne d'autres clés pour réfléchir que la seule caution du personnage principal.
Or dans Vampire's Diaries, de ce que j'en ai vu, Damon est considéré comme un personnage qu'on peut tout à fait aimer puisqu'il finit par se faire accepter avec ses "travers" meurtriers et violeurs, qu'il est apprécié très tôt d'Elena, et qu'il ne se "repent" jamais de ses crimes.
Pour moi, un tel personnage peut être intéressant bien sûr. Seulement, pour un public adolescent, il devrait être plus clairement identifié comme personnage négatif et ne pas gagner la caution morale de l'amour de l'héroïne principale et des autres personnages positifs. Les ados peuvent fantasmer sur lui derrière leur écran, mais il faut qu'on leur montre toujours qu'aussi séduisant qu'il soit, ses actes ne sont pas acceptables.
Or il me semble de ce que j'en ai vu (et de ce que je viens d'en lire) que ce n'est pas le cas! Son côté sombre est présenté comme cool et c'est tout. D'ailleurs, il sauve à plusieurs reprises des gens en mettant de côté sa morale, montrant donc que c'est non seulement cool mais parfois aussi nécessaire.
Le fait qu'il viole ces filles est un acte qu'on peut décrypter et identifier quand on comprend bien le sens du viol et qu'on a des limites très claires sur le moment où un acte sexuel devient un viol. Or c'est bien loin d'être une connaissance acquise de tous les spectateurs et c'est là où il y a un problème : la série ne donne pas de pistes qui permettraient de comprendre à quel point ce qu'il a fait est inacceptable.