J'ai souvent entendu parlé du sexisme en école de commerce, surtout lors des soirées d'intégration, mais là j'ai bien cru halluciner !
Pour le contexte : je viens d'intégrer une école de commerce (l'E*S*C pour ne pas la nommer...) et le BDE de notre programme a décidé de nous réserver une petite surprise à l'occasion de la fin de nos journées d'informations.
Déjà, pas le choix d'y assister ou non : on était tous rassemblés dans un amphi où nous étions censés passer un test de maths. Le test se révèle un fake quand tous les membre du BDE entre dans l'amphi, dont les lumières se sont en partie éteintes, portant des masques de clowns de film d'horreur. Jusque là, c'était bien pensé, ça pouvait être sympa.
Si l'essentiel du truc ne consistait pas en insultes sexistes et homophobes et en tripotages. Parce que le BDE voulait sûrement faire dans l'humour original, j'imagine !
Pour résumer : l'ensemble du BDE (les clowns dans l'amphi et sur scène, et les autres membres au premier étage de l'amphi) lance des floppées d'insultes du type "enculés", "grosse pute", "soumise", "pédés", "garage à bites", etc. Les "clowns" se chargent d'obliger à venir sur scène des étudiants, chacun leur tour, - qui avaient, quelques semaines plus tôt remplis un questionnaire envoyé par le même BDE pour préparer le WEI. Evidemment, le but est d'humilier publiquement ces étudiants, qui sont en fait en très grande majorité des étudiantes. Des éléments de leurs réponses sont dévoilés sur grand écran, genre "je suis démaquable" ; réaction de tout le BDE : "grosse pute !", "traînée !" etc. Pour les garçons, les insultes sont plutôt de l'ordre de "pédés", "enculés", "puceau", etc.
Les filles amenées sur scène se font bousculer et tripoter par le BDE et, pour l'une, "invitée" à repasser un caleçon durant toute la durée du "show" sous les cris "soumises !". Quant un garçon est aussi amené, ils sont poussés l'un contre l'autre sous les ordres : "la sodo ! la sodo !", "le pécho ! le pécho !", "le viol ! le viol !", etc.
Les personnes qui ne coopérent pas sont traitées de "coincées" et celles qui sortent de la salle sont suivies par des membres du BDE.
Dans la salle, beaucoup riait (surtout au début), la plupart avait l'air de rire jaune ou ne réagissait plus du tout. En tout, ça a bien duré 1h30-2h.
J'ai trouvé tout le déroulé de l'intégration complètement glaçant. Et je n'imagine pas ce que ça a pu être pour les personnes qui ont subi un viol, parce qu'il devait sûrement y en avoir dans la salle. Je ne comprends pas que des individus, aussi nombreux, puissent trouver ça normal de rire de tels atrocités. Et tout ça a eu lieu dans le cadre d'une école !
J'ai eu envie d'intervenir à un moment, d'interpeler un membre du BDE, mais je n'ai pas osé : je me sentais piégée, risquant d'être à mon tour poussée sur scène à tout moment.
Franchement, un humour qui n'humilierait pas les groupes déjà oppressés, qui ne serait pas un instrument d'agression, ce ne serait pas possible ?
Bref : :sick2: