Disons les choses clairement : je pense que le retour au franc serait une connerie sans nom.
Concrètement , qu'est-ce qu'il y aurait à attendre d'une sortie de l'euro ? Une dévaluation compétitive de la monnaie pour booster les exportations ? Admettons. Mais si la France sort de l'euro, de facto, cela signifierait la fin de la zone euro, le retour aux monnaies nationales pour tout le monde. Dans ce cas, qu'est-ce qui empêcherait les autres de faire de même ? Si on commence une "guerre" à la dévaluation, il serait terriblement naïf d'imaginer que les autres pays ne suivront pas la même voie.
Le retour au franc se base également sur une autre hypothèse fausse : que la compétitivité des produits serait uniquement une compétitivité-prix : si les produits français devenaient comparativement moins chers que les produits des autres pays (ce qui, je viens de le dire plus haut, est loin d'être assuré), alors ils seront plus compétitifs. Ben non, le prix n'est pas le seul critère de compétitivité. La qualité, l'innovation la personnalisation du produit, l'image de marque, le prestige, etc. sont des critères au moins aussi importants. Et si nous voulons une France compétitive, on ferait peut-être mieux de chercher dans cette direction-là, plutôt que se lancer dans une bataille perdue d'avance sur les prix. M'enfin bon, c'est évidemment plus facile de faire croire aux gens que tous leurs problèmes s'envoleront en quittant la monnaie unique. Penser une véritable politique industrielle demanderait bien plus d'efforts, et ça fait mal au crâne...
Il y aurait encore beaucoup de choses à dire : les coûts de transition prohibitifs, la difficulté de fixer un taux de conversion, l'incertitude extrême qui résulterait d'une annonce par le gouvernement d'un retour au franc (panique des marchés, fuite des capitaux, augmentation des taux d'intérêt - et du poids de la dette - en raison du risque majeur d'inflation liée à la dévaluation, et les gens qui se ruent aux distributeurs pour vider leurs comptes avant le désastre).
Présenter le retour au franc comme la solution miracle à nos soucis, c'est non seulement une aberration économique, mais également un moyen de détourner l'attention de l'opinion des vrais problèmes : absence de politique industrielle, frilosité dans l'innovation, non-existence de projets économiues d'envergure, relations commerciales faussées par la sous-évaluation du yuan, etc. C'est dommage, nous mériterions mieux.