Mai 2021, bilan :
Pas de nouvelles nationalités ce mois-ci.
Nombre d'auteurs dans ce challenge : 5.
- Un livre de Jane Austen
- Un livre d’un.e auteur.ice d’Afrique
Afropéa, utopie post-occidentale et post-raciale, de Léonora Miano. Elle ne se considère pas comme afropéenne. Ses réflexions sur le fait qu'un certain nombre de mouvements et produits culturels noirs (le mouvement de la négritude, Black Panther) constituent une réponse à l'occident selon les règles de ce dernier plutôt qu'une création en soi était intéressante. Pour elle, une production afropéenne qui s'affranchirait de ce positionnement par rapport à l'occident reste à advenir.
Je n'ai pas adhéré à la structure du livre, j'aurais préféré des chapitres plus courts. - Un livre d’un.e auteur.ice d’Amérique latine
L'écriture sur le corps des femmes assassinées de Ciudad Juarez, de RL Segato.
En France, on limite la notion de féminicide au féminicide intime (le conjoint ou ex-conjoint tue "sa" femme). Là, le crime dont il est question est celui qui est perpétré contre une femme inconnue, de classe populaire, racisée, que le meurtrier ne connaît pas. Le crime sert à faire entrer les hommes dans une confrérie mafieuse & les y faire rester (ils sont liés entre eux par un pacte du sang). L'annihilation du corps de ces femmes est la manière dont ces groupes signifient et perpétuent leur pouvoir (il est question "d'expressivité" de ce type de crime : il n'est pas instrumental). Il y a un lien qui est fait entre le capitalisme et le patriarcat. Pour elle, la finalité du capital, c'est "la production de la différence au travers de la reproduction et de l'accroissement progressif de la hiérarchie jusqu'à l'extermination de certains individus comme l'expression incontestable de son succès" p 88. - Un livre écrit par un.e auteur.ice asiatique
Confession Amoureuse, Chiyo Uno. On suit une sorte de beauf rebondir d'une femme à l'autre dans le Japon des années 30. - Un livre d’un.e auteur.ice d’Europe de l’Est ou centrale
La guerre n'a pas un visage de Femme, S. Alexievitch
Magistral, un coup de coeur. J'ai été happé par le récit héroique de ces femmes qui ont participé à la IIGM, qu'elles aient été tireuses d'élite ou cantinières. C'est très vivant, je ne l'ai pas lâché. - Un livre d’un.e auteur.ice d’une nationalité dont tu n’as jamais rien lu
- Un livre écrit par une femme
Un monde à portée de main, M. de Kerangal.
J'ai beaucoup aimé certains de ses livres (Naissance d'un Pont, son essai sur Lampedusa). Si celui-ci ne figure pas au rang de mes préférés, j'ai aimé la manière dont l'autrice se ménageait des trouées narratives pour nous parler des sujets dont elle avait envie (Lascaux, la cinecittà, une tortue imbricata) et caser plein de jolis mots qui lui plaisaient. Ça donnait une intrigue faiblarde mais le côté assumé m'a séduite. - Un livre écrit par un.e auteur.ice LGBT+
The Lady's Guide to Celestial Mechanics, Olivia Waite.
J'avais lu le #2 de la série en 2020 et plutôt apprécié. Là, je trouve l'intrigue et les personnages un peu plaqués sur le même moule. Je l'ai néanmoins lu de manière compulsive en moins de 24h. - Un livre d’une autrice racisée
- Un livre d’un.e auteur.ice dont tu n’as jamais rien lu
Habiter en oiseau, Vinciane Despret.
Essai d'une philosophe qui s'intéresse beaucoup au vivant non-humain. Une réflexion sur le concept de territoire appliqué à l'ornithologie. L' autrice s'emploie aussi à nous montrer quels biais empêchent parfois les scientifiques de poser des questions intéressantes à leurs sujets. Une structure en points/contrepoints que j'ai aimée : elle explore des pistes dans les points / elle démonte une théorie qu'elle juge foireuse dans les contrepoints. - Un roman d’aventure
- Une BD / un roman graphique
Juliette, les fantômes reviennent au printemps, de C. Jourdy.
Je voulais relire Rosalie Blum mais je ne l'ai pas trouvé à la BM. Une relecture aussi.
J'aime beaucoup le dessin précis et rond de l'autrice. Une mélancolie que j'apprécie, elle est assez douce. - Un classique de la littérature d’un autre pays que la France
- Une saga familiale / Une histoire de famille
Sombre Dimanche, Alice Zeniter. On suit une famille de losers Hongrois de la deuxième guerre mondiale aux années 2000. Tout le monde y est résolument anti-héroique, personne ne se redime. Cependant, j'étais contente qu'ils quittent leur jardin cerné par les voies de chemin de fer et les détritus pour emménager sur les rives du lac Balakon. - Un roman de SFFF
The Power, Naomi Alderman. Dystopie où les femmes, du jour au lendemain (ou presque), peuvent électrocuter qn si ça leur chante;
Ca se lit vite et bien et j'ai envie de le mettre entre les mains des différentialistes (les femmes sont tellement plus altruistes, si les femmes avaient le pouvoir, le monde irait mieux, etc.) - Un roman jeunesse
Sauveur, t2, MA Murail. J'aimais beaucoup ses livres plus jeune (Le Clocher d'Abgal, Une Dinky Rouge sang, Oh Boy!) et j'ai renoué avec son style (touches légères d'originalité, refs littéraires, intégration de la pop culture du moment...). Vivement que je lise la suite! Et le début. - Un livre qui parle de lutte sociale ou politique
De la démocratie en pandémie : santé, éducation, recherche, de Barbara Stiegler
Ca se lit vite, ça permet de détricoter certaines chose (les limites de la responsabilité individuelle face à l'incurie gouvernementale). Des trucs un peu flous (les Lumières : pas de définition, c'est vraiment l'époque qu'on convoque un peu n'importe comment n'importe quand et pas toujours de manière très légitime, je trouve que ça ne fait pas exception ici) - Un livre dans lequel la nature a une grande importance
Le poids du papillon, Erri de Luca
J'ai pris plaisir à retrouver les personnages et décors habituels du romancier. C'était très court et donnait une large place à la confrontation homme-animal ainsi qu'au déclin et à la mort. - Un livre dont l’histoire se déroule dans un pays que tu n’as jamais visité
Octobre Liban, Camille Ammoun
Le narrateur nous invite à une promenade à ses côtés et retrace l'origine des soulèvements populaires libanais de 2019 - 20. Je ne connais rien de ce pays, c'était un introduction agréable. - Un livre avec un/des personnage(s) LGBT+
Two can Keep a secret, Karen McManus. Le frère de l’héroïne, ainsi que l'une de leurs amies, est homosexuel. Un roman policier jeune adulte qui manque de profondeur. - Un livre dont le personnage principal est une femme forte
Pretty Little Wife, Kane Darby.
Un roman policier. J'ai pas trouvé les personnages ou l'intrigue folle mais certains thèmes sont bien amenés bien vus (la violence psychologique, le trauma...). Et effectivement, l’héroïne survit à des situations difficiles et traumatisantes. Elle n'est pas invulnérable mais elle reprend le contrôle de sa vie et rend justice (le thème "faire justice soi-même peut-il être légitime ?" est en revanche soulevé mais pas réellement traité, c'est dommage) - Un livre dont le personnage principal est racisé
The Hate U Give, Angie Thomas. Un roman jeune adulte sur fond de Black Lives Matter. Une relecture. Je crois que je l'ai davantage apprécié cette fois-ci. J'ai vu le film aussi. - Un livre dont le titre contient un prénom
La cuisine de Marguerite, Marguerite Duras. Je peux enfin dire que j'ai lu Duras. Il s'agit d'un bel objet qui présente quelques recettes qu'affectionnait l'écrivaine ainsi que des photos de la cuisine de cette dernière et des recettes écrites de sa main. Je ne réaliserai sans doute aucun de ses plats : ils contiennent tous de la viande et/ou des produits animaux. Nonobstant, j'ai pris plaisir à le lire. - Un livre dont le titre tient en un seul mot
Présentes, Lauren Bastide
Un essai très abordable sur le féminisme de l'autrice, qui donne une bonne place à d'autres voix que la sienne et finit sur l'histoire de sa soeur. - Un livre dont la couverture est en noir et blanc
Nemesis, A. Christie
J'ai adoré ce roman policier qui met en scène mon personnage préféré (avec Tuppence et Tommy) de la reine du crime : Miss Marple. Bon, l'intrigue ressemble beaucoup à celle d'un de ses autres ouvrages mais elle lance beaucoup de fausses pistes au visage de sa lectrice (en mode "mais ce crime (étranglement) ne peut qu'être l'oeuvre d'un homme". Alors la lectrice de 2020 se dit : mmhm, ce sont les années 60 donc il y a des chances que l'autrice ait souscrit à cette analyse (sans compter que les stats vont dans ce sens, m'enfin)... que nenni, c'est un red herring de plus! - Un livre qu’on t’a offert
Liv Maria, de Julia Kerninon. Une collègue me l'a offert et comme je ne connaissais vraiment pas ses goûts, j'étais un peu méfiante. Si je n'ai pas adhéré à la fin et que le plot twist arrivait à trois kilomètres, j'ai apprécié la manière dont l'autrice traitait de littérature (notamment Faulkner). Le personnage est séduit très jeune (17 ou 18 ans) par un professeur quarantenaire marié qui lui ment sur un certain nombre de choses. J'ai trouvé très bien vue la manière dont le personnage, une fois devenu mère, voit sous un autre jour l'été qu'elle a passé avec cet homme alors qu'elle revient sur les lieux de cette liaison avec une jeune fille qui a l'âge qui fut le sien alors. - Un livre que tu voulais lire depuis longtemps
La pensée straight, Monique Wittig.
Autant les premiers essais m'ont happée (ça fait du bien de lire qq ch d'un peu radical et matérialiste de temps à autres), autant j'ai eu du mal à le finir. C'est une collection d'essais assez hétéroclite, certains traitent de son rapport à l'écriture, par ex. - Un livre publié avant 1900
Horace, Corneille.
Irf. Un truc qui a mal vieilli. En vrai, je ne sais pas. J'avais apprécié les comédies de Corneille lues par moi-même et goûté l'étude du Cid et de l'Illusion Comique (dont l'intrigue m'échappe absolument). Là, déjà je devais traduire ce qu'ils disaient dans ma tête (alors en fait il est vnr) et ensuite, les valeurs portées par la pièce sont tellement éloignées des nôtres... J'étais full camp Camille, je trouvais tous les mecs nazes voire toxiques et Sabine pleurnicheuse (bon, ses trois frères sont morts, elle a cru perdre également son mari -qui ne revient que pour lui dire mais arrête de pleurer mtnt, c'est un peu longuet la eh oh!- donc c'est euh compréhensible) - Un livre écrit entre 1950 et 2000
- Un livre publié après 2010
Le consentement, Vanessa Springora. Je n'ai pas adhéré au style. Cependant, cette phrase me reste en tête : "Comment admettre qu'on a été abusé quand on ne peut nier qu'on a été consentant ?" - Un livre de plus de 500 pages
- Un roman dont il existe une adaptation en film/série
Olive, d'Elizabeth Strout. J'en avais parlé sur le topic Que lisez vous en ce moment parce que je n'étais pas sûre d'être d'humeur à lire quelque chose qui traitait : de suicide, de tentative de suicide, de dépression, d'inceste, de rupture amoureuse... you name it! Et malgré tous ces thèmes très durs, parce que l'autrice nous ménage des moments de grâce qui nous indiquent qu'une forme de rédemption est malgré tout possible, j'ai adoré. Olive est une prof de maths à la retraite, grosse et brusque. Elle révèle, malgré ses manquements à l'égard de ses proches, une vraie générosité envers des inconnu·es qui change tout à fait leur vie.
Je n'ai pas voulu quitter ces personnages tout de suite, j'ai donc lu Olive, again et j'ai visionné la mini-série HBO avec Frances Mcdormand dans le rôle d'Olive. Très belle série, Martha Wainwright était très bien dans le rôle de la pianiste de bar alcoolique et brillante. - Un livre lu en une journée
Nous, femmes de Téhéran, de Farian Sabari : une adresse d'une femmes iranienne à des européennes. C'est un peu court, un peu simple mais ça a le mérite de donner une ribambelle de noms de femmes qui font avancer les choses en Iran (et je ne connaissais aucun de ces noms, à part pour Marjane Satrapi). - Un livre long à lire / que tu as mis (très) longtemps à lire
J'ai mis un peu plus d'un mois pour finir Ne nous Libérez pas, On s'en charge, Une histoire des féminismes de 1789 à nos jours de B. Pavard & al. Franchement très bien, écrit de manière accessible, beaucoup de figures m'étaient inconnues et les autrices intégraient les Dom Tom ainsi que la question coloniale dans leur ouvrage. Il y a une alternance portraits individuels - de mouvements - contexte historique qui se fait bien. Ca se finit en 2020, on passe par Me Too, Polanski aux Oscars... Peut-être que c'est moins pertinent/historique. C'était aussi plus facile à lire parce que je connaissais davantage. - Un coup de coeur
Un féminisme décolonial, de Françoise Vergès. J'ai peut-être davantage adhéré à sa descente en règle du féminisme civilisationnel (soluble dans le néo-libéralisme, qui chante la liberté du corps féminin en bikini et voue aux gémonies le hijab) qu'à sa présentation des féminismes décoloniaux et anti-racistes eux-mêmes. - Un livre d’Agatha Christie
The Thirteen Problems, A. Christie.
Je me suis replongée avec joie dans son oeuvre, je peux remercier ce challenge pour m'avoir aidé à renouer avec un amour de lycée. - Un livre dont la nationalité de l’auteur commence par la lettre B (Bolivie, Belgique, Botswana,…)
- Un livre dont l’auteur.ice est connu.e avant tout pour autre chose (chanteur.se, peintre… )
Ils Partiront dans l'ivresse, de Lucie Aubrac.
Grande résistante, elle nous raconte neuf mois de 1942 à 1943 : elle fait évader son mari, ils conçoivent leur deuxième enfant, il se fait de nouveau capturer (décidément, Raymond!). Résistante, elle nous raconte son travail (prof d'Histoire agrégée - je dis ça parce qu'un de ses professeurs d'université lui avait dit qu'elle était tellement intelligente qu'elle aurait pu (ou presque pu, je ne sais plus) passer l'agrégation masculine. Sympa!) , la manière dont elle doit gérer la pénurie lorsqu'il est question d'accueillir "les gars" chez elle, le fait qu'elle se retrouve avec des chaussettes dégueulasses à laver quand des personnes de son réseau se retrouvent en prison, la layette qu'elle tricote pour son futur enfant... Je ne reviens pas de tant d'audace (et ce qu'elle nous raconte est éminemment cinématographique). - Un classique français
Lorenzaccio, d'A de Musset.
Ca se lit bien mais c'était un peu boring quand même (le héros romantique, j'adhère moyen). C'est MA Murail qui m'avait donné envie de le lire, tiens. - Un roman feel good
- Un livre qui parle de la mer / océan
The Body on the Beach, S. Brett.
Pas terrible. Un cozy trop cliché pour que ça prenne et me donne envie de lire la suite. - Un livre avec de la magie
Ten Thousand Stitches, Olivia Atwater. Une romance dans laquelle intervient un faerie. Bon, sympa et ne tombe pas dans le cliché/trope "domestique épouse maître, l'amour plus fort que la classe sociale". - Un livre qui parle d’un personnage historique
Les derniers Jours de Mandelstam, de VK Ghata.
Sur la fin du poète Mandelstam, envoyé au goulag pour avoir écrit un poème contre Staline. Ca m'a donné envie d'en savoir plus sur cette période de l'Histoire et de la littérature russe même si je n'ai pas apprécié le livre plus que ça. - Un roman qui se passe à une période de fête (Halloween, Noël, etc.)
- Un livre avec une couverture moche
L'Origine du Monde, de Liv Stromquist. Autant j'ai beaucoup aimé le propos, autant, ben je trouve la couverture moche. J'aimerais lire ses autres livres. - Un livre qu’on t’a prêté
Pas dans le cul aujourd'hui, de Jana Cerna.
Un conseil : à ne pas lire dans un lieu public sauf décontraction absolue.
La lecture de la courte biographie de l'autrice incluse dans l'avant-propos m'a mise mal à l'aise (l'Etat lui a retiré ses enfants pour incompétence-négligence, elle s'est remariée, elle en a eu un autre et l'Etat le lui a de nouveau enlevé. C'est l'Etat policier de Ceaucescu) - Un livre paru en 2021
- Le premier mot du texte fait plus de 5 lettres
- Un recueil de contes/légendes
- Un livre de vulgarisation scientifique
Sous Nos Yeux, petit manifeste pour une révolution du regard, I. Brey & M. Malle
Théoricienne féministe du cinéma, I. Brey nous livre une version pour ado de son propos. Agréable et rapide à lire, avec une filmographie que je garde sous le coude.
Pas de nouvelles nationalités ce mois-ci.
Nombre d'auteurs dans ce challenge : 5.