Bonjour,
J'ai vingt-cinq ans. Je m'appelle Sarah. Je suis scorpion, je chante très mal. Prématurée de deux mois, allergique au pollen, trop gentille, trop naïve, mon chien Snoop est aussi beau et sociable qu'intelligent - il parle aux cailloux, cours derrière les petits à vélo et essaye encore d'attraper sa queue.
Je suis bavarde, très bavarde, trop bavarde. Je suis tête en l'air, bordélique et gourmande. Et je crois que je sors dune longue période de dépression. Ou alors, j'ai tellement envie den sortir que petit à petit elle me quitte.
Je suis officiellement
célibataire depuis 10 mois. Officiellement parce que cela ne fait qu'un mois que mon cœur a tenté de sortir de mon corps pour se jeter du haut de mon immeuble. Quand -
jeneveuxpasprononcersonprénom - m'a dit qu'on pouvait continuer les cinés, les restos, les balades, les conversations jusqu'à pas d'heure, les fous rire MAIS qu'on ne devait plus se câliner, coucher ensemble, s'embrasser, dormir dans les bras l'un de l'autre, faire comme si rien n'avait changé en fait... Oui. Vous avez bien compris, j'aime me faire du mal. Couper les ponts après une rupture ? Ha ha ha...
Je vis dans un appartement de 30m² depuis huit ans. Quand on fait un rapide calcul on peut se douter que le squat de mon adolescence me sort par les trous de nez. Par tous les trous existants d'ailleurs. La déco, le quartier, le voisinage, le manque d'espace - on en accumule des merdouilles en huit ans mine de rien - les mauvais souvenirs...
Mon salon me sert aussi de chambre et de salle à manger. Mon voisin de palier pense que je lui grave des "gros porcs" sur sa boîte aux lettres,
le voisin du dessus trouve que j'éternue trop fort et un petit malin s'amuse avec des marqueurs indélébiles à écrire des ... , "suce" ou dessine de magnifiques pénis sur ma porte d'entrée.
J'ai fait un master au collège parce que j'aimais me faire ridiculiser par ma prof d'anglais - que j'ai eu la chance d'avoir cinq années de suite - et que j'aimais par dessus tout me faire emmerder par des petits cons. J'étais petite, maigre, affublée d'une paire de lunette bariolée et grosse comme ma tête. Je ne préfère même pas parler de mon appareil dentaire, de ma coupe de cheveux ou de mes fringues. D'ailleurs mes parents peinent à trouver des photos de moi datant de cette époque. Je ne sais absolument pas pourquoi...
Mon cartable jeté en dehors du bus au premier arrêt,
les chantages, le racket, la violence physique et verbale, la menace. On était quatre. Une boulotte à la coupe garçonne , une asperge de deux mètres, une pas très futée et qui sentait parfois la litière pour chat et moi.
Mais on s'aimait fort et on a survécu à ces années hostiles. L'une est mariée, l'autre est maman et la dernière a le métier qu'elle a toujours espéré avoir.
En 2000 mon grand père est mort.
"Une vie contre une vie" m'a dit ma grand-mère. Un mois après ma mère, qui n'arrivait plus à avoir d'enfant a appris qu'elle allait devenir une deuxième fois maman. J'ai le plus beau des petits frères, le plus beau de tous les bébés éprouvettes comme on les appelle. C'était sa dernière chance pour que la fécondation in vitro marche. Et elle a marché ! J'ai la plus forte des mamans.
J'ai failli la perdre l'année qui a suivi. J'étais seule avec elle, je la vois encore se tordant de douleur sur son lit, pâle et sans force. Je la vois se lever, tomber par terre et ne plus bouger. Jai appelé les pompiers. J'avais quatorze ans. Mon père était en déplacement, mon petit frère pleuré, ma grand-mère était injoignable. Jai attendu auprès delle. 10 minutes. Un quart d'heure. Une demi-heure Et puis ils l'ont emmenée, me laissant là, assise sur les marches de la maison Hémorragie interne. Les médecins nous ont dit que ça était joué à quelques minutes.
Mais elle s'est battue et elle est en vie. Et moi, j'ai eu la peur de la mienne !!!
Puis vint l'adolescence.
Je suis de celle qui se bonifie avec le temps, comme le bon vin. Alors premiers copains, premières bêtises. Première grosse bêtise. A la suite de ça, papa m'a gentiment mis à la porte. On ne se supportait plus, c'était ça ou l'un de nous deux finissait en asile. Ou en prison. J'étais un peu difficile et lui pas très patient.
J'ai quitté l'école après avoir obtenue mon bac, parce que
"l'école ça craint, les profs c'est tous des cons et moi, je veux faire caissière à Leclerc, j'ai un loyer a payé alors ta dissertation tu peux te la mettre dans le fion". Pour finalement y retourner deux ans après. Parce que
"caissière à Leclerc ça craint, ça fait mal au dos, les clients sont peut-être les rois mais on a jamais dit de quoi et les chefs c'est comme les profs, et que merde, l'école finalement, ce n'était pas si mal".
Première grosse peine de cœur. "Ecoute Sarah, je suis désolé mais il faut que tu le sache, ça fait plus de quatre ans maintenant alors je te dois la vérité. Jai rencontré quelqu'un il y a deux ans.
Et je suis fiancé. Je te quitte mais on peut rester ami ?" . Attend, je vais me jeter sous un bus et je reviens...
Et c'est à cette époque que j'ai compris pourquoi les femmes après une rupture ont besoin de changement. J'ai aujourd'hui 5 tatouages, 4 piercings, mes cheveux sont passés par toutes les coupes et couleurs possibles, mon appart a subi tous les agencements inimaginables.
J'ai obtenu mon BTS en 2012. J'ai choisi (mes factures ont eu raison de moi) de le faire en alternance. Et j'ai prié chaque jour le ciel pour que mon tuteur, un peu trop concentré à
reluquer mon fessier, arrête de me faire faire de simple photocopie après que je lui ai cordialement dit daller se faire voir chez les grecs.. Parce que "non, je ne sortirais pas avec un homme de l'âge de mon père, non je ne veux pas venir me baigner dans ta piscine chauffée , non tu t'es trompé d'un bonnet sur la taille de mon soutient gorge , non je ne veux pas venir voir ta super vidéo dans la petite salle informatique et
MERDE TU ARRÊTES SINON JE TE COUPE LE ZIZI AU SECATEUR !!" J'ai appris par hasard qu'il avait changé de fonction et s'était retrouvé en bas de l'échelle il y a quelques mois. La roue tourne finalement - mouhahaha.
S'en est suivi alors
deux longues années de chômage, de petits boulots à temps partiel ou de très courte durée. Parce que finalement, bac ou pas bac, BTS ou pas BTS, trouver du travail n'est pas simple.
Non maman, je ne me tourne pas les pouces en attendant que ça tombe du ciel. Non papa, je ne suis pas une fainéante qui préfère vivre avec ses allocations. NON je ne vis pas bien du tout cette période. Non les amis Je n'ai pas choisi de ne pas travailler.
Je n'avais pas choisi de passer mes journées à déprimer, pensant que je n'étais qu'une bonne à rien dont aucun employeur ne voulait, je n'avais pas choisi non plus d'arpenter les murs de mon 30m², sans vraiment savoir comment j'allais payer mes loyer, nourrir mon chien et éventuellement me nourrir moi, ni de pleurer soirs et matins parce que je n'avais pas fait grand-chose de productif et que mes journées se ressemblaient toutes, aussi ennuyantes les unes que les autres.
En revanche, comme mes fins de mois arrivent généralement le 15
je sais cuisiner les pattes dune vingtaine de façons différentes, la purée mousseline, le riz et les steaks hachés de chez ... n'ont plus aucun secret pour moi ET je suis une experte en système D !
Concernant -
jeneveuxpasprononcersonprésnom -, ça a été ma deuxième grosse peine de cœur. La plus dur à vivre jusqu'à maintenant je pense. Avant lui je me suis rendue compte que je n'avais jamais été amoureuse. Lui et moi, on s'est séparé d'un commun accord. Non je déconne. Quand il ma dit qu'il me quitté, je suis devenue rouge et gonflée, mes yeux se sont mis à couler les plus grosses larmes jamais versées et
c'est de la morve plein le nez que je lai supplié de nous laisser une chance.
Je ne vous direz pas combien de temps cette relation à durée. Ça na juste pas était ma plus longue.
Sachez juste que peu importe la durée dune histoire. Le chagrin n'est pas proportionnel au temps durant lequel nous sommes restés avec une personne mais à ce que l'on imagine qu'on perd.
Moi j'ai perdu celui que je pensais être l'homme de ma vie. Et quand je dis pensais c'est parce que si je veux avancer je ne dois plus utiliser le présent.
Il a énormément compté pour moi.
Il ma beaucoup aidé en ce qui concerne ma confiance envers les hommes. Il ma aussi aidé à m'ouvrir, à petit à petit retrouvé confiance en moi, même si le chemin est encore un peu long. Il ma guéri des séquelles que ma première relation avait causées sans le savoir, alors qu'aucun autre avant lui n'y était arrivé.
Après notre rupture je me suis contentée de ce qu'il me donnait.
Tendresse, discussions, délires, sexe. Matage de nos séries préférées en se gavant de sushis. Un film avant de s'endormir dans ses bras et un bisou avant daller travailler.
Il ne voulait pas plus. Je ne voulais pas moins. Je ne voulais pas le perdre.
Jai essayé de lui faire comprendre qu'il fallait qu'il coupe les ponts avec moi pendant un temps mais il la mal pris. Il ne comprenait pas. Et je n'ai pas voulu lui faire de la peine alors j'ai continué de me pseudo satisfaire avec cette relation. On n'était pas en couple et cette relation me faisait autant de mal que de bien.
Mais après tout, on tenait l'un a l'autre, différemment, mais il tenait à moi, j'en suis sure.
Je me trouvais alors égoïste de couper les ponts, pour mon bien personnel, sans penser à lui.
Il ma peut-être quitté mais je ne pense pas que ça eu été facile de le faire. Personne, de normalement constitué, n'aime faire souffrir quelqu'un qui compte même si c'est la bonne décision à prendre.
Je l'aimais bien trop même si l'enjeu était ma santé et mon bien être Je l'aimais plus que ce que je ne m'aimais moi.
Alors ça a duré comme ça pendant 8 mois 8 mois à mal dormir, à avoir des crampes en permanence, le cœur qui s'emballe.
La jalousie, la paranoïa, la peur que l'un de nos moments soit le dernier et qu'une autre me remplace. 8 mois d'enfer pour quelques jours et quelques nuits de bien être.
Liberté : Et par le pouvoir d'un mot je recommence ma vie.
Et puis il la fait. Il ma libéré. Il ma dit qu'il avait rencontré quelqu'un. C'est là que mon cœur a tenté de se frayer un chemin jusqu'au toit de mon immeuble
Tristesse, colère, envie de tout ... en l'air, impossible de respirer. Une nuit entière à pleurer, à étouffer. Agoniser. Bien sûr j'aurais pu me dire il ne la connait que depuis une semaine, tant fait pas Mais je ne voulais et ne veux pas m'accrocher encore à un infime espoir. Je veux avancer.
Maintenant c'est fini. C'est définitif. Je veux être heureuse à partir d'aujourd'hui et ce ne sera pas avec lui. Il s'est disqualifié en me quittant et ce n'est donc pas lui l'homme de ma vie.
Il ma dit qu'il ne voulait pas me perdre, s'est couvert en excuses, que j'étais une personne qui lui était cher, qu'il tenait énormément à moi et qu'il ne voulait pas que je prenne la décision de couper les ponts. Il veut continuer à me voir, rigoler, discuter, faire tout ce qu'on faisait finalement. Mais sans d'ambiguïté. Et ça, sil le peut, je ne pense pas pouvoir pour l'instant.
Mais j'ai pris mon courage à deux mains, pour moi et pour l'aider lui, à ne pas culpabiliser : je lui ai dit ce que je pensais.
Que j'étais dévastée. Mais soulagée. Que je l'aimais mais que ça ne pouvait pas durer comme ça indéfiniment et que c'était le moment que ça s'arrête. Pour mon bien. Pour ma santé physique et mentale. Parce que de mon côté j'aurais pu continuer comme ça avec lui indéfiniment, jusqu'à ce qu'il change d'avis.
Je l'aurais attendu le plus longtemps que je pouvais et
j'aurais fait de mon mieux. Je lui ai dit merci. Pour tout. Pour les instants que j'ai vécus avec lui lorsqu'on était ensemble. Pour ceux quand on ne l'était plus vraiment. Pour m'avoir permis de grandir sur certaines choses et de m'avoir redonné confiance. Je lui ai dit merci pour m'avoir donné la possibilité d'aimer quelqu'un, d'aimer d'amour. Dun vrai amour. Je ne lui en voulais pas et je ne lui en voudrais jamais. Il fallait qu'on arrête cette relation pour enfin avancer chacun de notre côté (surtout moi je crois).
Jai été fière d'être son amoureuse ! Et je pense que je l'aimerais toute ma vie. Et ça aussi je lui ai dit. On n'oublie pas son premier amour.
Mais au fil du temps je l'aimerais dune manière différente. Et on pourra surement être ami. Mais là, maintenant, c'est beaucoup trop tôt. Alors je fais semblant. Je ne lui réponds quasiment plus, ne prend aucune nouvelle de moi-même. Je me fais oublier pour qu'il m'oublie pour l'oublier. Oui, je suis un peu tordue.
Aujourd'hui j'ai décidé daller mieux. Aujourd'hui, j''ai envie de marcher. De manger une glace. De vivre. De dire adieu à cette grosse boule au ventre que je traine depuis si longtemps. Jai passé la première partie de ma vie à me contenter de ce qu'on me donner parce qu'on ne voulait pas me donner plus. Amour, amitié, travail etc.
Aujourd'hui je ne veux plus jamais me contenter. Je veux avoir ce que je veux et je vais me donner les moyens d'y arriver. Il n'y aura plus aucun échec. Il y aura de la fierté d'avoir essayé et de se relever pour recommencer.
Aujourd'hui j'ai un travail, je suis en CDD encore pour 3 mois et j'essaie tant bien que mal de régler mes dettes. On ma parlé dune signature de CDI. J'attends de voir.
Jaime bouger, voir du pays, je n'aime pas m'ennuyer et j'aime mon bordel organisé, j'aimerais changer de métier, pourquoi pas être mon propre patron mais à vrai dire je ne trouve pas LE métier qu'il me faudrait. Parce que comptable, ce n'est pas tout à fait le boulot rêvé pour moi. Mais j'accepterais ce CDI et continuerai mes recherches pour me reconvertir. Je ne sais pas encore ce que je veux mais je ne veux plus me contenter.
Je veux que ma vie soit belle et je veux tout faire pour quelle le soit.
Je ne pense pas avoir était néfaste à quelqu'un. Comme tout à chacun, j'ai vécu des drames, des joies qui ont fait de moi ce que je suis aujourd'hui. Et sans prétention, je suis une gentille fille. Je suis généreuse, diplomate, patiente, conciliante, créative, à l'écoute et toujours prête à rendre service.
Je n'ai pas mauvais fond, je ne me suis jamais servie du malheur de quelqu'un pour en faire mon bonheur. Je n'ai jamais était calculatrice, manipulatrice et méchante envers qui que ce soit pour arriver à mes fins.
Certaines de ces qualités pourtant me nuisent. Je me laisse bouffer. Je me laisse avoir. Par des gens de ma propre famille, par des gens que je pensais être mes amis. Par des collègues de travail ou des camarades rencontrés lors de passions communes.
Parce que je suis naïve et que je ne vois que le bon côté des gens.
Il ma fallu du temps pour accepter que les gens viennent et partent de ma vie mais cette peur de l'abandon a souvent eu raison de moi.
Nombreux opportunistes, avaricieux, égoïstes ont passés le seuil de ma porte ou étaient déjà là quand je suis née. Et il ma fallu de longs mois - même de longues années pour certains - avant que leur vrai visage ne se dévoile enfin. Certains mont fait peur, d'autres mont rabaissé, menacé, mis plus bas que terre. Mont dépouillé ou on voulut que j'ai un rôle qui ne me convenait pas.
Et je ne veux plus jamais être mêlées à ce genre de personne. Les gens ne sont pas tous bons. Je lai compris.
Mais j'ai compris aussi que, moi, je le suis ! Jai fait du tri dans ma famille. Dans mes amis. Beaucoup trop d'entre eux était là par intérêt, à me juger et à critiquer mes choix et ma vie. Pourtant aucun d'entre eux na pris la peine de savoir ce que j'avais au fond du cœur, na pris la peine de comprendre pourquoi ma vie était telle quelle lest.
Et même si beaucoup m'ont rhabillé pour les dix hivers à venir, je suis fière de moi, de mes combats, de m'être toujours relevée. Je suis aujourd'hui entourée par les bonnes personnes. Ma famille et mes amis sont présents dans la joie comme la peine, m'aident à avancer, chaque jour, me soutiennent du mieux qu'ils peuvent.
Je me suis désinscrit de Facebook, je pars à l'aventure presque tous les weekends et je veux avancer.
Jai trouvé un garçon qui est encore plein de rancœur après sa dernière relation et qui se sert de moi pour aller mieux. Comme je me sers de lui pour les mêmes raisons. Je suis au courant. Il est au courant. On s'est mis d'accord. Pas de prise de tête. Je ne veux pas m'attacher pour l'instant. Je ne veux pas tomber amoureuse pour l'instant. Je ne veux pas aimer quelqu'un plus que ce que je m'aime moi. Nous ne sommes pas en couple et ça n'arrivera pas.
En fait c'est ça le bonheur je pense. S'aimer plus que les autres. Dire ce que l'on pense et comme dirait Charlie Chaplin
commencer à se libérer de tout ce qui n'est pas salutaire. Personnes, situations, tout ce qui baisse son énergie.
Je ne sais pas si je suis sur le bon chemin. Je pense que oui. Je ne sais pas si j'ai besoin d'aide ou simplement de soutiens.
Peut-être que je voulais juste écrire et être lu. Aider quelqu'un qui comme moi a besoin de coup de pieds aux fesses. Je ne sais pas. Mais je lai fait. Jai raconté ma petite vie. Et ça ma fait du bien.
Je vous fais un bisou et je remercie celles et ceux qui ne seront pas parties en courant quand à la longueur de ce pavé ! Belle journée à tous. Pour ma part, c'est ma dix-huitième première belle journée. A bientôt.