Salut à vous !
Je remonte un peu ce sujet...
Je voulais parler du confinement dans nos institutions spécialisées et de comment, nous, en tant que travailleurs sociaux, on a vécu toute cette période (et on continue à la vivre d'ailleurs...)
Pour ma part, bossant en ITEP, on a vu tous les jeunes rentrer chez eux (familles/familles d'accueil/lieux de vies/foyers) le Vendredi 15 Mars pour une durée indéterminée. Cette matinée, je pense que je m'en rappellerai pendant encore un bon moment...
Pour certains, bien dans leurs vies et leurs baskets (autant que des ados d'itep puissent l'être s'entend ^^), c'était la fête, des vacances anticipées et à durée indéterminée, le kiff total ! En revanche pour d'autres... Ce fût d'une VIOLENCE... Des gamins confrontés, toute leur vie, à divers abandons, à de nombreuses ruptures... Tout est remonté ce Vendredi 15 mars. En rentrant chez moi, j'ai regardé dans le rétroviseur en me demandant : "Putain mais qu'est-ce qu'on est en train de faire, au juste ?".
Je ne dis pas qu'il ne fallait pas procéder ainsi, je ne remets pas non plus l'urgence de la situation en question mais... Tout de même... C'était dur.
Ensuite, pas de télé-travail pour moi. "On va pas vous payer à rien foutre chez vous" dixit une équipe de direction bienveillante, confiante et au fait des nouvelles technologies. J'ai été envoyée dans une maison d'enfants de la même association pour filer un coup de main aux éducs en place en mal de collègues. Nos jeunes à nous me direz vous ? Totalement évaporés dans la nature. Il a fallu nous "battre" pour conserver 6h par semaine pour pouvoir les appeler ou leur rendre visite. Drôle de période...
Sinon, de manière générale, j'ai trouvé l'invisibilité des travailleurs sociaux encore plus flagrante en temps de covid que le reste du temps. Déjà que d'habitude, nous autres les éducateurs, animateurs et autres assistantes sociales, ne sommes pas hyper visibles dans la société, alors là... Pas un mot pour les jeunes confinés en institution (on en parle de la violence de la situation ?), pas un mot pour les maîtresses de maison qui ont continué à bosser d'arrache pied pour rendre le quotidien de ces jeunes un peu plus doux, pas un mot pour les éducs occupés à se pencher sur la santé psychique (et non mentale) d'adultes en situation de handicap. Alors je ne suis pas de nature jalouse, mais quand je rentrais d'une journée de 12h, que j'allais faire mes courses et que je voyais sur un écriteau "file réservée au personnel soignant, éboueurs, caissiers et pompiers" bein je me demandais, une fois de plus, où on pouvait bien être nous...
Je sais que le monde "protégé", "spécialisé", fait peur et que le commun des mortels espère, en grande majorité, ne jamais avoir à s'y confronter mais est-ce, pour autant, une raison pour renier totalement tout ce petit monde ? Je me pose la question. Et quel rôle, nous, en tant que travailleurs sociaux, avons nous à jouer dans cette reconnaissance qui ne semble jamais venir ?
Enfin, bon, bref, voilà. J'ai écrit tout ça un peu en vrac, comme ça sortait, j'espère ne pas être trop brouillonne...