Déjà, il y a la façon dont les gens perçoivent les femmes et ce qu'ils pensent qu'ils devraient être. Je m'explique : on ne dirait pas en me voyant mais j'ai un fort (mauvais ?
) caractère. Quand je m'énerve, je ne le fais pas à moitié et même si je ne suis jamais violente physiquement, je peux l'être verbalement. Et les gens (les hommes surtout) sont toujours surpris de m'entendre m'énerver, en mode "Tiens c'est bizarre, les femmes peuvent s'énerver" (dans la tête de ces gens-là, je crois qu'une fille est juste une poupée souriante, fragile et plus ou moins docile qui ouvre pas trop sa gueule
). Et déjà, je pense que vous serez d'accord avec moi pour dire qu'une femme qui s'énerve est souvent prise pour une hystérique, alors qu'un homme est davantage pris au sérieux. Et un autre exemple plus concret : je suis un jour allée à la piscine avec des amies, et deux d'entre elles se sont fait voler leurs téléphones. On s'en est rendues compte dans le bus en partant, et ça a été la crise de nerfs, vous imaginez bien. L'une de mes amies ayant fini par se calmer, je lui dis pour la faire rire (et parce que j'étais super énervée aussi) "Si on le retrouve, je te jure que je lui arrache les couilles et que je les lui fait bouffer". Phrase qui a eu l'effet escompté puisque ma pote a rigolé, mais un mec à côté de nous m'a entendue et m'a jeté un regard dégoûté et a lâché "Ah mais t'es dégueulasse" alors que son pote et lui avaient une discussion semblable 3 minutes plus tôt. Parce que bien sûr, il y a des choses qu'une femme n'a pas le droit de dire.
Après dans un autre registre, il y a bien sûr les regards / remarques de tous les jours quand je porte une jupe, une robe, des talons ou même un jean et des baskets. Mais je me rappelle d'une fois en particulier qui m'a fait flipper (j'ai jamais eu aussi peur de toute ma vie je crois). C'était en octobre, il était environ 11 heures et demie du soir et je rentrais d'une journée / soirée passée à Lyon avec des potes. Je portais manteau/legging/baskets, donc rien de sexy ou aguicheur : une tenue banale. Je remontais ma rue en marchant vite (parce que je flippais d'avance
) quand une voiture qui descendait m'a croisée en sens inverse. Elle est passée et je me suis dis "Ouf !", sauf qu'en fait non ils ont faire marche arrière pour se mettre à mon niveau. Les deux mecs à l'intérieur ont baissé la vitre et on commencé à me faire "Eh tu vas où comme ça?". Je leur ai répondu que je rentrais chez moi, ils m'ont demandé si je voulais qu'ils me ramènent, j'ai dit non merci (et pendant ce temps je continuait à avancer pendant qu'eux me suivaient en marche arrière). La rue était déserte et il n'y avait personne chez moi qui aurait pu venir me chercher, donc je n'avais aucune solution. Ils ont commencé à me demander comment je m'appelais, j'ai inventé un truc, et ils ont continué à insister (plus lourdement tu meurs) pour me ramener. Et en voyant que je continuais à leur dire "Non merci c'est gentil, mais j'habite juste là" (voix tremblante au possible parce que j'avais peur, et j'essayais d'être gentille pour ne pas les énerver, mais pas trop non plus pour ne pas avoir l'air de les encourager) ils sont devenus flippants, leurs voix, regards et visages étaient menaçants. Ils étaient là "Allez Charlotte, on va pas te faire de mal" (HAHA tu parles, ils avaient la même tête qu'Hannibal Lecter) et me suivaient toujours. Ils ont fini par me demander si j'avais un mec et comment il s'appelait, j'ai inventé un autre mytho et j'ai vu que ça les avait bizarrement calmés. Ils ont continué pendant encore quelques mètres puis ils ont fini par laisser tomber et sont partis. LE SOULAGEMENT DE MA VIE, VRAIMENT. Le tout avait duré environ une minute, peut-être moins, mais pour moi c'était une éternité. A cause de leur attitude et de la façon qu'ils avaient de me regarder, j'ai senti que j'étais une proie, littéralement. En fait j'étais un morceau de viande sur pattes à usage sexuel uniquement. Jamais je ne m'étais sentie aussi vulnérable, faible et insignifiante, et j'ai vraiment été terrorisée. Mais le pire dans cette histoire, c'est qu'il a suffi que je leur dise que j'avais un copain pour qu'ils laissent tomber. Donc 1) la femme est seulement un objet destiné à être possédé par un être masculin ; elle appartient FORCEMENT à quelqu'un puisqu'elle n'est pas un individu à part entière et 2) que se serait-il passé si j'avais répondu non ? Si j'avais dit être célibataire, ce qui était le cas ? M'auraient-ils violée ou agressée ou bien laissée tranquille ? Vu leur comportement, je ne crois pas que cette dernière solution aurait été celle qu'ils auraient choisie.
Avec ce genre de personne, ce n'est même pas "la femme est inférieure à l'homme" mais carrément "la femme n'est rien, même pas une chienne" (ou plutôt si, justement).
Donc si vous qui passez par là pensez un peu naïvement que le harcèlement n'existe pas, ou que les femmes exagèrent quand elles racontent ce qui leur arrive, détrompez-vous : la situation que j'ai décrite était bien plus terrifiante en réalité, et le problème est que ce genre de choses est très courant malheureusement. Et je ne suis certainement pas la seule personne à avoir frôlé la crise cardiaque à cause de personnes comme ça (mais peut-on vraiment appeler ça une personne ?
), loin de là. Je pense que de nombreuses madZ ici ont même vécu pire, bien pire (et j'en suis désolée pour vous, mais vous allez surmonter ça parce que vous êtes beaucoup plus fortes que vous ne le pensez ! Et ce ne sont pas des paroles en l'air
).
Moralité : à nous de nous battre pour améliorer le monde et faire en sorte que ces horreurs n'arrivent plus !