Tout avait commencé lorsque les jumeaux Whybrow s’étaient défiés. Lee était le préfet de Serdaigle et, à ce titre, se considérait comme faisant partie de l’élite intellectuelle de l’école, voir du pays tout entier. Rys était à Serpentard et, à cet égard, se sentait parfaitement à même de venir à bout de n’importe quel défi : rien ne saurait lui résister, et au pire, il tricherait.
Chacun sûr de sa supériorité, les deux garçons lancèrent ce qui resta dans les mémoires comme la Grande Chasse aux Mots de Passe. Ainsi le 1er novembre 1954 avait débuté une grande chasse aux mots de passe. Lee et Rys Whybrow s’étant défié, leurs maisons respectives s’étant défiées elles aussi, les Griffondor s’étant lancés tête baissée dans la bataille, Poufsouffle s’étant timidement joint à la lutte. A qui découvrirait le plus grand nombre de mots de passe de la part de milliers de tableaux et de statues de Poudlard. A qui trouverait les portes dérobées et les pièces cachées.
Les spécialistes s’accordent à penser qu’il fallût plus de six générations successives d’étudiants à Poudlard pour que les mots de passe découverts retombent dans l’oubli.
Le concierge alors en exercice indique dans ses registres le déplacement de 196 tableaux et 21 statues afin de limiter les risques pris par des élèves découvrant des mots de passe ouvrant sur des lieux et des situations réellement dangereuses.
L’un des tableaux échappa à la vigilance du concierge.
Dans le couloir Nord du cinquième étage.
Entre une scène champêtre, le portrait d’une femme à sa fenêtre et une nature morte composée de plusieurs poires blettes, d’un poireau et d’une pipe au tabac renversé, se trouvait une toile uniformément peinte en noir.
Une toile vide, songea Rys en passant devant pour la énième fois en lui jetant un coup d’œil distrait. Quelque chose pourtant le retint de passer son chemin avec dédain.
Une hésitation instinctive.
Vide ?
La toile certes, n’était qu’un aplat noir mais le cadre du tableau portait des signes mystérieux.
Un rictus de triomphe barra le visage du garçon. Bien entendu il n’avait pas trouvé le code tout de suite, mais l’énigme était d’une simplicité confondante.
Une voix moqueuse s’éleva derrière lui.
« Tu en as mis du temps. J’ai failli partir. »
Rys se retourna brusquement, sa baguette toujours à la main dressée devant lui. Il eut juste le temps de voir son frère rompre le sortilège de Désillusion qu’il avait pratique sur lui-même.
« Lee !! Espèce de sournois ! Qu’est-ce que tu fais là ? »
Le préfet sourit.
« J’avoue que je te suis depuis un moment, je suis curieux de voir comment tu allais t’en tirer avec ce tableau. »
Rangeant sa baguette, Rys haussa les épaules avec un air d’insolente supériorité.
« Je m’en sors à merveille comme tu le vois. »
Lee tendit le bras pour monter le tableau sur lequel une porte se dessinait désormais, illuminée d’une douce lueur estivale.
« La lumière est revenue, je te l’accorde, mais ce n’est pas terminé. »
La porte peinte sur la toile et révélée par le sort de Rys était une banale porte en chêne mais dont le bois était parsemé de signes tout aussi mystérieux que les précédents.
« Admets que tu ne les aurais pas trouvés tout seul », ironisa Lee en rangeant sa baguette magique dans sa poche.
Rys soupira.
« C’est tellement Serdaigle de se sentir plus intelligent que tout le monde. »
« La mauvaise foi… typique de Serpentard, riposta le jeune homme. »
La mélodie entêtante qui s’élevait du tableau se fit plus insistante. Un sifflement s’y mêlait, comme si un souffle de vent violent s’engouffrait dans les interstices de la porte. On aurait même dit que les battants de la porte jouaient à cause du courant d’air.
Lee attrapa le bras de son frère, l’empêchant d’approcher trop du tableau, fasciné par la séduisante mélodie.
« Écoute. »
Une voix cristalline s’élevait enfin de l’autre côté de la porte.
Je suis celle que tous viennent trouver et j’habille chacun du même costume.
Rys retrouva son sourire en coin.
« La mère Guipure, ça passe aussi non ? »
Lee, plus pâle que jamais, trouva un sursaut d’énergie pour lui mettre un coup de coude dans les côtes.
« On rigole pas avec ça ! C’est super dangereux ! »
Rys se défendit vaguement.
« Attends, tu vas pas me dire que tu crois vraiment qu’il y a la Mort derrière cette porte ? »
Lee eut un geste de la main, comme pour chasser les dernières paroles de son frère.
« Tu crois pas qu’on devrait avertir les professeurs ? »
Rys ouvrit les bras en signe d’ignorance, la baguette dressée dans sa main.
« Nan, je crois qu’on devrait ouvrir la porte, juste pour voir. »
Et au moment même où Lee se jeta sur lui pour l’en empêcher, le mot « Alohomora » franchit ses lèvres, frappant la toile de plein fouet.
A suivre…