Emel-;3434141 a dit :
ojomvas
On se rend vite compte qu'au fond, il n'y a pas de racisme réel mais une colère (vie miséreuses, vraiment) qu'ils ne savent pas vers qui tourner. La solution la plus simple, vers "nous" (ça ne change pas du type qui voit en l'immigré la difficulté de sa situation).
Justement cette colère n'est-elle pas savamment dirigée par le discours environnant, par la société raciste (donc les blancs), qui ont colonisé, massacré, collaboré?
Quel image peut se faire un gamin qui ne fréquente pas vraiment de blancs, qui ne connait le pays qu'à travers l'école et la télé, et qui a cette colère? Comment peut-il avoir de la sympathie pour un tel pays et ses autochtones?
Emel-;3434141 a dit :
ojomvas Par rapport à l'identité nationale, elle existe. Cependant, il ne faut pas oublier qu'elle a vraiment commencé à se construire au XIXème siècle, elle n'existe pas depuis la nuit des temps.
Peu importe, elle existe. mes grands parents sont quasiment tous normands. D'autant que je puisse remonter l'arbre généalogique, soit en gros un bon siècle et demi, ils étaient enracinés en normandie avec toutes les coutumes et histoires que ça comporte, peut importe de revenir avant, qui sait où était sa famille il y a plus de deux siècles. Et deux siècles ce n'est déjà pas rien.
La France n'était peut-être pas unifiée telle qu'on l'entends aujourd'hui, mais on ne peut pas nier qu'il y a plus de points communs culturels entre un normand et un auvergnat, qu'entre un savoyard et un algérien.
Or cette unification culturelle a nécessité certains sacrifices, les patois étaient interdits afin d'amener tout le monde à des bases communes nationales, on ne s'en plaint pas aujourd'hui. Mais si on raisonnait comme à l'époque ça voudrait dire qu'on interdise d'apprendre l'arabe l'école pour unifier sous un socle commun. On fait le contraire actuellement.
Si l'unification nationale a demandé sacrifice entre un normand et un auvergnat reconnaissez que d'unifier un français et un algérien parait encore plus difficile tant le socle culturel est plus éloigné encore.
Or parti de ce constat l'état est assez ambigu : il accepte les moeurs, sans trop préciser de limite où on le faisant trop tard (c'est le modèle actuel). Or en dernière instance il se rappelle qu'il n'est pas l'Angleterre, que ce n'est pas un état religieux et qu'il n'est pas libéral à la base. Donc il légifère 20 ans après (ce qui parait injuste pour les gens concernés puisque ce n'était pas précisé au départ et donc considéré comme un acquis) et c'est trop tard. Il exige des efforts après coup.
Soit il exige des arrivants un effort d'étreinte de la culture d'accueil pour l'unification, à l'image de ce qui a pu être fait par le passé au niveau régional. Je ne crois pas que ce soit raciste bien au contraire. Soit il prend le modèle anglo-saxon, mais en contradiction total avec la culture du pays, et là faire des français des libéraux, la greffe de prendra pas.
La question est de savoir si on peut vivre dans un pays avec des socles culturels différents, de les définir et de délimiter sur quels points est il possible ou impossible de diverger. (personnellement je pense que sur un territoire donné il est impossible de vivre en paix à terme avec des moeurs contradictoires, sur pleins de points, le plus important étant aujourd'hui et je détaillerai plus loin, le lutte entre une culture quasiment anti-religieuse, laïque donc, positiviste et une culture religieuse pratiquante, anti positiviste.
Emel-;3434141 a dit :
ojomvasIl a fallu du temps pour que les français se réunissent autour d'une seule et même culture, identité (comment expliques-tu qu'aujourd'hui persistent encore des revendications régionalistes très fortes ?).
Il a fallu du temps alors que les différences étaient moins grande qu'aujourd'hui, qu'on a exigé un effort, et vous faites le même constat il subsiste des revendications très fortes.
Aujourd'hui les différences sont encore plus grande (géographiquement et culturellement) on exige moins, ça donne quoi pour le futur?
Comment je l'explique ? Simplement la réalité est fait du lieu où l'on vit, des gens avec qui l'on vit et de la culture qu'on partage. Le besoin de distinction et d'appartenance fait le reste.
Quand on vit en Bretagne et qu'on se balade sur Paris, on peut se sentir nostalgique des paysages de l'enfance, de l'air marin, de la campagne, et du caractère des gens, parce qu'on mettra en comparaison direct ce qu'on vit et ce qu'on connait (ce qui nous est familier). C'est tout naturel
Or encore aujourd'hui la vie en Bretagne n'a rien à voir avec la vie à Paris par exemple, et ça a tout à voir avec la culture, parce que la culture c'est d'abord une terre, une topographie, géographie, un climat. Ca influe sur les moeurs économiques, sur l'activité et les matériaux, ce qui joue ensuite sur ce qu'on va avoir pour habitude de manger, l'architecture etc, comment vont être agencé les villages, les villes. Ce qu'on produira dans les champs, ou pas.
Or tout ceci n'est pas interchangeable, à moins de passer sa vie dans un avion, on est d'un territoire, d'une culture agricole, d'un climat, d'une architecture etc, et ça a des influences directement matérielles sur nos vies, qui sont ensuite des différences sur le plan des moeurs etc, et je ne parle même pas encore de spiritualité etc.
Emel-;3434141 a dit :
ojomvas Maintenant, est-ce qu'il faut que toutes les particularités culturelles s'effacent ?
Il ne s'agit pas à mon avis qu'elles s'effacent (d'ailleurs ce n'est pas le propos du type sur le blog, lui parle d'une hypocrisie du discours médiatique dominant dit de gauche, et du racisme antiblanc nié et ou justifié). Seulement ce n'est pas tout à fait comparable aux régions. D'abord parce que l'immigration est multiple et qu'il n'y a déjà pas de socle très commun entre les différentes origines. Ensuite elles ne sont pas réparties géographiquement sinon dans des quartiers, mais ce ne sont pas des régions. Donc elles sont dispersées.
Pour qu'il y ait une logique culturelle comme les régions il faudrait qu'il ait synchronicité entre terre et culture, là il n'y a rien de tout ça.
Donc trois possibilités, soit l'arrivant prend la culture de son hôte.
Soit on fait un mélange des deux cultures et ça devient une culture commune.
Soit l'hôte prend la culture de l'arrivant.
Comprenez bien qu'avec toute la tolérance que vous voulez (à moins d'une forme de sentiment de culpabilité crypto-chrétien à moitié masochiste) les solutions deux et trois ne sont pas acceptables pour une majorité de la population.
Pour la raison simple qu'ils n'ont absolument rien demandé, et que faire l'effort de changer de culture même de la modifier est une violence (que tout expatrié subit forcément). Or les gens ont le sentiment de ne pas mériter cette violence.
Quant on fait le choix pour améliorer ces conditions de vie de s'expatrier il est plus simple d'accepter cette souffrance là, ça fait partie du deal c'est logique. Autrement ce n'est pas acceptable une seconde. Allez demander aux algériens en Algérie de se mettre à la culture chinoise, vous allez voir.
Ce qui me fait dire que la France n'est d'ailleurs pas du tout profondément raciste, parce que beaucoup sont prêt à mêler leur culture. citez moi un pays qui ferait de même ailleurs dans le monde...
je digresse, en somme aujourd'hui la perception de beaucoup de gens (qu'il faudrait essayer de comprendre, et cesser de voir comme un racisme parce que ce n'est pas la question ici)
est qu'on est en train progressivement de leur demander de changer de culture.
Les résistants à ça lorgnent donc du coté de l'extreme droite, parce qu'on leur a expliqué à longueur d'années que ne pas être "tolérant" c'est être facho, ils finissent par se dire bon ok si je dois être facho j'assume.
Mais je vous enjoint à aller lire un peu les forums des sites d'extrêmes droites, si vous êtes honnête et lisez entre les lignes, vous verrez même chez soi disant les racistes, à travers la colère le désespoir des gens qui ne le sont pas vraiment. (certes il y a des purs racistes ne le nions pas non plus)
Ils ressentent qu'on remplacent ce qu'ils sont par autre chose, c'est aussi une violence, et une violence qu'on nie et qu'on justifie. Comment ne pas faire naître la haine??
Des quartiers entiers sont pleins de gens qui n'ont pas les mêmes conceptions du vivre ensemble, c'est pas une question de couleurs, il est difficile de communiquer, tout le monde se regarde de travers, on reproche aux filles de s'habiller trop léger et du coup on les drague lourdement à longueur de temps, on leur recommande une tenue plus correcte etc.
Les gens quittent ces quartiers pour retrouver des moeurs plus proches de ce qu'ils ont connus auparavant, plus paisible.
La différence des moeurs dans le même quartier est une tension permanente, le qu'en dira-t-on est décuplé et injuste, et l'agressivité monte. On ne peut rien à ça si ce n'est à avec le temps faire des moeurs à peu près commune.
Dernière chose, la montée de la religion. Actuellement on présente une vague d'islamophobie, c'est vrai. Mais il faut comprendre la logique, c'est pas tellement l'islam qui gêne c'est le fait religieux.
Ne pas oublier l'histoire de la France qui est l'acceptation faite par une majorité de français aujourd'hui et fait partie de la culture globale.
Depuis l'avènement de la troisième république jusqu'à on va dire mai 68, l'état la république, a lutté violemment contre la religion (le catholicisme à l'époque) le positivisme et globalement les nouvelles idées scientifiques, l'industrialisation et l'avènement du monde bourgeois (et sa critique morale ensuite, qui n'est qu'une continuation) voulait faire reculer les croyances, et l'influence de la religion.
Ca a fonctionné, aujourd'hui sauf de rares cas, la plupart des gens sont catholiques mais vaguement baptisé, sans communion et catéchisme, et s'ils croient en quelque chose ils n'ont pas forcément connaissance des livres, et croient globalement en un truc fait par les hommes pour les contrôler qui n'a plus d'utilité aujourd'hui. Quelque chose d'archaïque.
Reste une morale, une spiritualité personnelle et intime rien de plus. C'est la perception qu'on fait de la laïcité, la religion doit rester personnelle et à la maison.
Or de voir arriver une pratique visible de la religion est terriblement choquant et angoissant pour beaucoup. Chacun fait ce qu'il veut et tout le monde s'en fout globalement, mais le retour précis aux textes (hors contexte) la pratique visible et scrupuleuse, est perçu comme (pardonnez-moi mais je vous dis une réalité qui ne se dit pas dans les médias, ou seulement en filigrane) un retour en arrière, le retour de l'obscurantisme de l'archaïsme.
Ici c'est l'islam ce serait n'importe quelle autre pratique religieuse visible, et qui applique des principes perçus comme "barbares" ce serait la même chose.
Il faut d'ailleurs préciser qu'avant même la chute du catholicisme en France les aspects barbares du livre étaient déjà expurgé depuis longtemps.
Alors l'islam c'est complexe, tous les musulmans ne le pratiquent pas de la même façon.
Mais la réalité est la perception qu'on en a, et la perception qu'on en a c'est d'abord la TV qui aime faire des polémiques, de manière assez perverse. Ensuite c'est l'entourage, le ramadan, le Halal, le voile, et n'importe qui de son expérience personnelle, ne pourra que confirmer qu'il y a une augmentation de la pratique religieuse. Et on doit comprendre que l'histoire culturelle de la France ne peut pas voir ça d'un bon oeil. Tenter de comparer avec les US ou l'Angleterre, des pays libéraux et religieux, vous comprendrez la différence de traitement des musulmans dans ces deux pays. La France se méfie des religions et préfère qu'elles restent invisibles. C'est une notion qui n'a rien a voir avec le racisme, on aurait un renouveau du catholicisme avec des nanas en fichus, une interférence médiatique du carême et des sacrifices de boeufs, ce serait exactement le même bordel.
N'oublions pas aussi le traumatisme des guerres de religions d'avec les protestants. Ca ne vient pas de nulle part et c'est profondément ancré dans notre culture.
Emel-;3434141 a dit :
ojomvas
Et ça, c'est en faisant fi du contexte actuel ("l'américanisation" qui a aussi un impact considérable).
L'américanisation est encore un autre grand sujet. Il m'est arrivé de dire à des gamins qui se revendiquaient de je ne sais quel pays du Maghreb, que étant donné son vocabulaire, sa sacoche adidas, sa casquette de basket-ball et ses écouteurs avec son iphone, il faisait plus penser à un américain qu'à un maghrébin ou un français
Mais c'est encore un autre long sujet.