Ah mais je suis d'accord avec toi. Je schématisais beaucoup parce que j'avais un peu la flemme de redire quelque chose que j'avais déjà écrit quelques pages avant. Mais tu as raison, bien sur, il y a une gêne, un sentiment que tout ça n'est pas normal, une révolte logique quand on sait qu'on se casse le cul à bosser pour finir chaque mois, et que chaque nouveau mois c'est rebelote, lutter encore, surveiller son porte-monnaie et ses dépenses pour ne pas être dans le rouge, se priver parfois, de soins, de petits plaisir, de loisirs, alors que des gens viennent chercher aux restos du coeur et repartent en mercedes. C'est le cliché que j'entends depuis toujours chez mes grands parents, qui sont racistes et ne s'en cachent pas, et j'ai du mal à ne pas être d'accord. On peut être gentils, on peut être compréhensifs, ouverts, mais à un moment donné, si on vient dans mon pays pour foutre la merde et profiter du système, vivre aux frais de la princesse, alors autant retourner d'où on vient. Parce que c'est injuste, et que nous, ici, sommes comme des cons à continuer à payer parce qu'on n'a pas le choix.
Je crois aussi qu'il y'a une question de générations. Des gens sont arrivés il y a une cinquantaine d'années, trente glorieuses et compagnie, quand il fallait de la main d'oeuvre, et qu'on avait l'argent qui allait avec. On les a parqués dans de quartiers qui à l'époque étaient moderne, et on leur a laissé les postes pour lesquels nous n'avions pas assez de français. Ces gens se sont intégrés, se sont battus pour mériter leur place en France, et l'ont fait avec reconnaissance, parce qu'ils savaient la chance qu'ils avaient. Ils ont fait des enfants, ont eu des petits enfants, le temps a passé, et ces quartiers modernes sont devenus des cités décrépies où l'on savait que les gens avaient le teint plus foncé et des noms de famille très différents de ceux des français moyens. Et ces jeunes, qui n'ont pas demandé à naître avec des noms à consonance étrangère, ont grandit dans des cités qui étaient dans un état pas possible, et je crois qu'il y'a eu une certaine colère, un certain sentiment d'injustice. Je ne dis pas qu'ils ont raison, attention, tout comme je suis consciente qu'il y'a aussi eu des français dans ces quartiers, qui ont fait avec (ou pas). Mais autant ces gens profitent du système, autant le système leur a donné toutes les raisons de profiter. Le système est défaillant, il faut se rendre à l'évidence, et ça ne date pas d'hier. Les partis politiques se foutent ça sur la gueule, se balancent la culpabilité comme si ça allait régler quoi que ce soit, mais ne règlent pas le problème, n'osent pas agir, ne trouvent pas de moyens qui ne les fasse pas passer pour des extrémistes. Et ça c'est un autre débat.
La France a des raisons d'être raciste, mais se refuse de l'être. Elle est en colère, et ne se sent plus chez elle.