J'ai tellement besoin d'écrire ce soir, je ne sais même pas pourquoi, je ne sais même pas dans quelle direction, quel fil tirer dans tout ça. Mes questions et mes réflexions me bouffent la tête, je n'en peux plus.
J'ai toujours pensé que mes interrogations étaient une de mes plus grandes forces, mais je commence à en douter. Me connaitre, oui, mais là j'en suis à me perdre. Je réfléchis tellement à ce pourquoi je pense ce que je pense que je n'arrive même plus à savoir ce que je ressens vraiment, si je suis triste ou blasée, terrorisée ou perdue. Je me perds au point de croire ne plus rien ressentir, ne plus savoir si je pleure ou si je me force à pleurer.
Je sais que j'ai toujours été nouée par mes peurs, que j'ai su combattre en choisissant le mouvement, le changements, les départs. Et là non, j'ai fait des choix dans mes études qui ne me permettront pas de fuir l'année prochaine, encore dans une autre ville.
J'ai tellement peur de m'ennuyer, d'une peur dévorante à m'en faire claquer les genoux. Pour oublier ça j'ai le besoin avide de rencontrer des gens, de plaire, de séduire, de coucher, de me sentir désirée. Je ne sais même pas si c'est un leurre ou un réel besoin. Je repense à mes anciennes réflexions : celles où je me disais que je n'étais pas capable de vivre par moi-même. Je ne sais plus qui je suis, pourquoi je veux avancer. Pour moi ? J'ai besoin d'autre chose.
Et dans ces moments là, au fin fond de mon trou, je me demande si mon amitié avec eux, mes deux meilleurs amis, ne m'entraine pas vers une dépendance bien trop grande envers les autres. Alors que je suis une personne solitaire, dans le fond. Une solitaire avec une conscience un peu trop grande - pour moi - de la solitude. Je me regrette enfant, quand ces moments d'ennui étaient ceux de mes rêveries. Aujourd'hui c'est comme si je n'étais plus capable de ça, comme si chaque moment sans eux, mes amis, était un lancer dans un grand bain où je n'ai pas pied. Comme si j'avais oublié que je savais nager et pire, que j'adorais nager.
Je dois apprendre à gérer ça : à ne plus paniquer lorsqu'ils ne sont pas là, à régler mes problèmes seule. Je le sais, au fond, je serai toujours seule. Je dois apprendre à ne pas toujours, non plus, avoir besoin d'être en contact avec quelqu'un qui me plait. Je dois réapprendre à m'ennuyer, à me poser, sans me poser de questions, à vivre pour moi. A ne plus vivre dans l'urgence et l'avidité perpétuelles. Non, la vie ne peux pas toujours ressembler à un roman ou à un film. Des fois elle ressemble à un tableau, et c'est très bien comme ça. Mais j'ai tellement soif, de vivre, de sens, d'émotion. Avec la peur de sans cesse passer à côté de quelque chose qui me taraude, au risque de sûrement passer à côté d'une sérénité dont j'aurais grand besoin. Je ne sais pas si la sérénité s'apprend.