@MisteryBleu : le concept de glotophobie dans son second sens me laisse pantoise. Autant je peux comprendre qu'on parle de discrimination quand la langue trahit une appartenance sociale ou ethnique réelle ou supposée. Mais valoriser quelqu'un par rapport aux langues parlées, je vois pas trop le problème. En entretien d'embauche par exemple, c'est sûr qu'un candidat maîtrisant les langues les plus utiles à l'entreprise sera valorisé. Après, on peut s'indigner de l'hégémonie de la langue anglaise dans le monde du travail, mais c'est une autre histoire.
Sinon, je ne trouve pas que "jeune fille/homme/gens" soit âgiste (si bien sûr les personnes interpellées sont réellement assez jeunes par rapport à toi pour justifier cela). Mais dans mes souvenirs les différents surveillants finissait par connaître assez bien les élèves pour les interpeller par leur nom/prénom.
Le problème de la glotophobie des "langues valables" VS les sous-langues c'est qu'en dénigrant une langue on dénigre une culture, une identité sociale, et parfois même un peuple... L'exemple que je trouve le plus parlant c'est quand des parents s'indignent et crient à l'islamisation de la France quand on propose qu'on puisse choisir l'arabe au lycée comme LV2 ou LV3. Allemand, Espagnol, Chinois, Japonais, Russe ou même Corse, Breton, langue des signes... tout ça, ça pose pas de problèmes, et pourtant sur le marché de l'emploi, au vu du nombre de locuteur arabophone on peut suposer que l'arabe soit plus utile que le corse... Et puis comment expliquer que le basque en Espagne soit considérer comme une langue et qu'en France ce même langage soit du patois? Alors oui, c'est politique, mais justement... j'imagine la même chose dans des zones géographique où des peuples se livrent à une guerre bien réelle pour l'indépendance d'une ethnie, ethnie partageant une culture et c'est renier cette culture que de leur refuser jusqu'au statut de leur langue, jusqu'à leur droit de s'exprimer à travers elle. Un dernier exemple pour essayer d'expliquer mon point de vue. Apprendre une langue ça fait intervenir divers capacités cognitives, les scientifiques s'accordent pour dire qu'en fonction de la langue/des langues qu'on parle on ne voit pas le monde de la même façon. Tout ce qui nous entour dépends des outils linguistiques dont on dispose pour le nommer et d'une langue à l'autre on n'a pas les mêmes mots, pas les mêmes façons de construire des phrases, etc. Privilégier certaines langues, donner plus d'importance à l'anglais par rapport à l'arabe, ça revient à dire que l'anglais (ou l'allemand, ou le français, ou...) permet d'apréhender le monde d'une manière plus juste, plus "normal", meilleure...
Je ne prétends pas que mon propos soit une vérité absolue, mais c'est comme ça que je le ressens. On a de la chance de parler une langue reconnue et plutôt internationale, j'ai du mal à imaginer ce qu'aurais pu être ma vie si ma langue maternelle avait été une langue peu considérer par la communauté mondiale...
Sinon pour l'agisme de jeunes gens & co, ce qui me dérange c'est que ça les remets à leur place de jeune comme si je leur était supérieur en tant qu'adulte et plus légitime.
Le lycée il est censé tourné autours d'eux, c'est eux qui sont là pour apprendre et devenir les citoyens de demain et je me souviens que quand j'étais à leur place j'entendais tout le temps des "tu dis/penses ça parce que t'es jeune" "jeune fille, faudrait [inséré le conseille paternaliste de votre choix]" "ah la jeunesse..." du coup entendre "jeune" partout, tout le temps, à toute les sauces, à un âge où on apprend à devenir adulte, autonome, responsable, je trouve ça frustrant et pas constructif. Sans parler du fait que jeunes gens ça se dis pas au singulier donc ça me fait souvent genrer (et possiblement mégenrer) les élèves et ça contribue à faire des distinctions encore et toujours entre les filles et les garçons (et "que" les filles et les garçons, tout ça tout ça...)
Et non, je ne réussirais jamais à les appeler tou.te.s par leurs prénoms, ce n'est pas en 3 demi-journées par semaine que je pourrais apprendre les prénoms de plus de 1000 lycéens, surtout quand je n'ai pas l'occasion de les connaitre...
(J'avais 10 minutes chrono pour écrire tout ça, j'ai pas le temps de remodifier tout de suite du coup je tiens à préciser que je ne dénigre absolument pas tes arguments, ne suis pas "contre" toi, ne pense pas mieux savoir que toi, n'ai pas LA bonne réponse ni ne pose forcément les bonnes questions, je n'ai pas forcément formulé ça du mieux que j'aurais pu mais j'essayais d'expliquer pourquoi je ne voulais plus les appeler jeunes gens/filles/homme et ce que j'ai compris de la glotophobie, dis moi si tu n'es pas d'accord avec moi
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