Mon unique ex et moi, c'est un peu une histoire atypique. Voilà, je vais sur mes 16 ans et jusqu'à cette année, je n'avais jamais été particulièrement féminine ou sûre de moi. Les deux peut être. Mais cette année de seconde (oui oui, je suis jeunette) m'a permis de m'affirmer, de prendre confiance en moi. Mon ex, je l'ai remarqué assez tôt, à vrai dire. Dès Noël, je pensais à lui souvent en me remémorant avec nostalgie les quelques attentions qu'il avait eu à mon égard avant les vacances. Il faut savoir que mon ex est un garçon très populaire. Sûr de lui (même un peu trop), fumeur (drogué), une petite racaille, quoi. Il était dans ma classe et était très pote avec une de mes nouvelles amies. C'était le genre de mec qui t'adresse la parole même si tu ne l'as jamais vu de ta vie, qui tchatche et qui te fait marrer dès les premières minutes. Il écoutait du bon gros rap vulgaire, lui pourtant fils de riche. Il était plutôt mignon avec cette casquette NY et ses roulées au shit, mais bien au delà de ça, c'était son air de petit garçon perdu qui m'a séduite, cette petite racaille finalement si vulnérable. Bref, je supposes que vous voyez le genre
Il avait, et est toujours, un goût du contact, jamais timide, qui parlait aux filles sans jamais rougir. Je me souviens des quelques heures à ruminer chez moi les gestes qu'il avait eu pendant la journée avec une
autre fille, la rivale.
Ce petit jeu a duré longtemps. De janvier à fin mai. Je me sentais de plus en plus attirée par lui, je savais que je le voulais, j'en étais totalement sûre. J'avais réussi à devenir proche de lui, à délirer, je n'étais jamais gênée devant lui, toujours souriante. On s'était même creé un délire propre à nous deux, et là, j'ai senti que c'était en bonne voie. Mais, en même temps que tout ça, quelque chose me travaillait durement. N'ayant jamais été particulièrement sûre de moi durant les années précédentes, je n'avais jamais eu de copain. Jamais embrassé personne. Bien sûr, je ne disais rien, morte de trouille que quelqu'un apprenne que la jeune fille pleine d'assurance que je suis devenue était en réalité un vilain petit canard quelques années auparavant. C'était un grand facteur de stress pour moi, car je savais bien que lui était sortie avec pleins de filles avant moi et c'était pour la plus part des écervelées à la poitrine bien développée. En plus de ce complexe qui me rongeait, la peur de me tromper était assez conséquente. Car, c'est vrai, nous devenions de plus en plus proches, il ne manquait jamais de me faire une petite réflexion sympa chaque jour. Mais ce qui me mettait le doute était le fait qu'il faisait cela à
toutes les autres filles de ma classe, me rendant verte de jalousie.
Le jour où je me suis dit que finalement, c'était en bonne voie, fut un jour de mars, je crois. Nous avions l'habitude, avec notre amie proche en commun (citée plus haut, suivez un peu
) de traîner au parc alors qu'ils fumaient leurs clopes, le lundi à 11h. Cette habitude avait été un peu mise à mal durant les semaines précédentes pour diverses raisons. Ce jour-là, l'amie en commun étant absente, je me résignais à rentrer seule, lorsque je le vis à la sortie du lycée, cherchant son briquet dans son sac. On discute un peu et je lui demande de but-en-blanc, comme nous avions l'habitude de faire entre nous, s'il allait à ce parc aujourd'hui. Il m'a alors répondu par l?affirmative et nous y sommes rendus, tout les deux. Cette scène s'est reproduite deux fois, alors que l'amie était toujours absente. La deuxième fois, fatigué pour x raison, il a posé la tête sur les genoux et je lui ai touché les cheveux pendant près de deux heures, pendant que lui touchait mes jambes. On a pris des photos ce jour là, lui avec mes lunettes de geek et moi avec sa casquette de racaille. Tout allait alors s'enchaîner. Quelques jours plus tard, je sortais avec une amie en ville pour manger au mcdo et nous l'avons croisé. Alors que mon amie prenait les commandes, il m'a demandé de lui prêter mes RayBan. J'ai longtemps refusé, jusqu'à ce qu'il me passe l?intégralité de son sac en garantie de mes lunettes. J'avais donc son iPod, son portable, ses écouteurs, son portefeuille et tout son argent dans mon sac. Lorsque je lui ai rendu ses affaires l'après midi, mon numéro de téléphone avait été ajouté dans ses contacts, avec en titulaire le surnom qu'il m'avait donné. Nous avons alors communiqué pendant toutes les vacances de Pâques, prétextant une fête prochaine où nous étions tout les deux invités, mais où il n'a pas pu aller, ne manquant pas de m'appeler le soir pour que je ne fasse pas de bêtises, selon ses dires.
A la rentrée, rien de franchement différent. Les semaines passent et rien de nouveau (ou peut être que je ne m'en souviens pas, aussi ^^). Le week end arrivé, je m'embête chez moi. Je lui envoie alors un message sur un coup de tête, lui demandant ce qu'il fait cet après midi. Il me répond qu'il est occupé mais me propose de faire un truc le lundi après midi, car nous n'avions pas cours. Toute excitée x) j'accepte et il me propose de l'aider à réviser,
chez lui . Légèrement étonnée, j'accepte quand même et on planifie notre départ vers chez lui, dans la campagne. Le lendemain, passée la matinée qui fila à toute allure, on part là-bas. J'étais un peu décontenancée. J'étais dans la voiture de sa soeur et de son copain, lui à l'arrière et moi à côté, fonçant à toute allure vers un petit village que je ne connaissais pas vraiment. J'avoue m'être sérieusement demandé comment j'étais arrivée là, mais je repoussais cette question au loin, trop occupée à me demander si tout cela était vraiment réel. Arrivée chez lui, dans cette baraque immense qui me fait me sentir un peu minable, il prépare des burgers tandis que je m'extasie devant la piscine. C'était vraiment, croyez-moi sur parole, une expérience très étrange. Lui, la petite racaille de base, coupant des oignons dans cette maison splendide au milieu de nulle part et moi, ne me sentant pas du tout à ma place. Je continuai pourtant à plaisanter et à parler avec lui, trop contente pour écouter ma raison.
Nous avons mangé, et le drôle de flirt à demi-avoué qui avait commencé depuis quelques temps s'accéléra soudain. Il se mit à fumer ses roulées de drogué une fois le repas fini et je tira une ou deux fois dessus, pour lui faire plaisir. Il souffla de la fumée vers moi et m'expliqua que cela voulait dire que la personne avait envie de celle d'en face. Je me souviens avoir piquer un gros fard en regardant ailleurs. Il me dévorait des yeux avec ses yeux rouges et c'était très gênant mais génial en même temps, car ce n'était pas souvent qu'il me regardait ainsi. J'ai vite changé de sujet et on est allé au salon à sa demande. Il a mis la TV sur ses chaînes de rap à la con en posant la tête sur mes genoux, comme il avait l'habitude de le faire. Nous sommes restés longtemps ainsi, lui allongé de tout son long et moi jouant avec ses mèches. Il est parti aux toilettes et j'ai décidé de prendre les choses en main. Nous savions tout les deux que quelque chose allait se passer mais il fallait que j'agisse aussi de mon côté. J'ai enlevé mes chaussures et me suis allongée sur le canapé, à moitié somnolente. A son retour, il s'est allongé dans mon dos, passant la main sur mon ventre, la tête dans mon cou. La TV en marche, nous plaisantions toujours tout les deux sur les clips que nous voyions. Je me souviens qu'il m'a dit que je sentais bon, que j'avais une odeur 'spéciale'. Mon coeur et le sien battait à cent à l'heure. Mais son frère et ses potes sont arrivés et on est monté dans sa chambre.
Vous savez, quand quelque chose change irrémédiablement et que vous savez tout les deux que vous avez passé une barrière imaginaire, que vous avez basculé vers quelque chose d'encore inconnu ? Eh bien, c'était exactement ça. On savait tout les deux que notre rapport avait beaucoup trop changé pour revenir à la normale et que plus rien ne serait comme avant. Il est parti se laver les dents et j'ai souri. "Comme par hasard". Pourtant, à l'idée de recevoir et de donner mon premier baiser dans les minutes qui suivaient ne m'angoissait pas du tout. J'étais étrangement sereine, mature, sûre de moi. Je savais ce que je voulais, ce jour là plus que jamais auparavant. Lui dans la salle de bain, je m?assois sur son lit. On avait dors et déjà oublié les révisions et je ne m'en portais pas plus mal. Quand il est revenu, je le sentais un peu mal à l'aise, mais souriant quand même. Il s'est allongé sur son lit et j'ai fait de même. On était proches, très proches même. Je continuais à toucher ses cheveux, déviant sur sa joue. Je souriais et lui aussi. Au bout d'un moment, il me demande si il doit le faire ou pas. Je ne me souviens même pas ce que j'ai répondu, comprenant à la vitesse de l'éclair ce qu'il voulait dire. J'ai du répondre un truc du genre 'je crois que je ne t'en voudrai pas si tu le faisais' ou quelque chose comme ça. Il s'est redressé sur ses coudes et m'a embrassé. Je me souviens ne pas avoir compris tout de suite. Ou plutôt si, je ne sais plus. C'est un moment entouré dans mon esprit par un voile de coton, j'ai du mal à me remémorer. On s'est écarté, on a sourit. Il m'a demandé si je voulais qu'on en parle, demain, au lycée. Le lycée me semblait tellement loin à ce moment là, comme dans une autre vie. J'ai répondu par l'affirmative et j'ai plaisanté sur le fait que tout le monde allait être surpris. Il m'a embrassé de nouveau, et après on s'est allongé. On s'endormait tout les deux, et j'ouvrai les yeux de temps en temps pour vérifier qu'il était toujours là, que ce n'était pas un rêve.
Finalement, notre histoire n'a pas duré longtemps. Un mois. Il a rompu. On était trop différents, c'est ce qu'il a dit. Et il a raison. Aujourd'hui, deux mois après, je peux dire que c'était une très bonne expérience. Je suis contente d'avoir donné mon premier baiser et ceux qui suivirent à un garçon qui me plaisait vraiment. Je suis contente d'avoir obtenu ce que je voulais, lui, je suis contente d'avoir pu lui plaire, je suis fière de ce que j'ai fait. Je n'ai peut être pas eu mon premier baiser à onze ou douze ans comme toutes les filles de mon âge, mais j'en suis fière. Ce n'était sûrement pas l'homme de ma vie mais il restera un bon souvenir, même si je l'ai vu hier et j'ai un peu de mal à être naturelle devant lui. Je suis prête maintenant à me lancer dans une nouvelle histoire, de vivre d'autres moments comme celui-ci. La relation en elle même n'a pas été une réussite mais je n'oublierai jamais les papillons dans le ventre que j'ai ressenti durant cette journée spéciale. Je suis désolée du pavé que j'ai pondu mais je tenais à expliquer, même à une joyeuse bande d'inconnues, tout ce qui s'était passé. C'est important pour moi de clore avec grâce cette courte relation pas parfaite, en disant que je ne regrette rien et que je suis prête à recommencer, avec quelqu'un d'autre, avec un autre regard. Merci de m'avoir lue