ATTENTION pavé
@@Cucurucu : pour ce qui est de la majorité des antispécistes, je ne sais vraiment pas (j'espère que tu as raison en fait ), j'ai eu des expériences assez dégueus avec des gens des assos de ma ville, on en avait parlé il y a longtemps dans le sujet, j'avais entendu des discours aberrants lors d'une projection débat et j'en avais pris plein la gueule quand j'avais osé dire que hiérarchiser les oppressions était absurde et problématique ( ils disaient que les animaux souffrent plus que les Juifs pendant la guerre, et c'était un point d'argumentation heu, wait, l'intérêt d'aller voir quelqu'un en lui disant : ta souffrance est moins valable, je suis juge de ça, moi qui ne suis ni Juif, ni un animal non humain, heu, salut
. En réaction " ah on a compris hein, les Juifs faut pas y toucher"" moi je trouve ça pertinent, c'est comme comparer quelqu'un qui se casse un ongle ( les Juifs dans les camps de concentration, donc
) et quelqu'un à qui on coupe un bras (les animaux)"
. Plus la meuf (la même, celle qui présentait le film et présidait le débat, hein) qui dit que ça la dérangerait pas de bouffer des insectes, qui dit qu'on n'a pas besoin de se supplémenter en B12, qu'il suffit de ne pas laver ses légumes ( salut l'info mensongère et dangereuse), celui qui dit qu'il ne faut pas faire l'économie des racistes et des sexistes dans le mouvement, que lui ça ne le dérange pas parce qu'il a des potes racistes, perso... Rien que d'y repenser ça m'énerve vraiment, j'en ai été à cran pendant des semaines tellement j'avais l'impression d'être tombée sur un nid de fachos en ayant été en confiance au début et en pensant qu'on était d'accord, c'était fou comme truc! Après dans la salle, mais ne faisant pas partie des assos il y avait quelques personnes cools et bienveillantes, mais dans l'ensemble les gens étaient horribles !!! D'autres filles disaient qu'elles avaient eu des expériences un peu similaires, entendu des propos à se faire taper la tête contre les murs. Du coup, sur les antispés revendiqués comme tels et militants, je ne connais pas la proportion de gens bienveillants et intersectionnels, mais moi ça m'a refroidie à l'idée d'aller voir une asso de ma ville, impossible de m'associer aux gens dont je parle
(
la discussion est à partir de ce message là, j'avais retranscrit les échanges merveilleux qui ont suivi sur la page facebook de l'asso, aussi, quand j'y repense, c'était complètement absurde comme discussion )
J'ai fait des petites recherches, après ça, parce que j'étais vraiment choquée.
J'ai lu cet article qui a fait écho à ce qui c'était passé à cette fameuse projection-débat :
Les VéganesTM, ces antispécistes qui nous les brisent, et un article anarchiste qui pointait certains problèmes
liés à la construction du mouvement politique antispéciste.
En fait le mouvement antispé n'est pas unifié du tout, on trouve vraiment plein d'idées nauséabondes parmi les gens qui en font partie : racisme, sexisme (faut voir les campagnes peta, des fois, auscours, mais y'a encore pire), antisémitisme, incitation au viol des femmes qui portent de la fourrure (
salut gary yourofsky ), anti avortement ( oui oui, parce qu'ils défendent toutes les formes de vie
). Bref j'en avais déduit qu'il y avait une différence entre se revendiquer de la ligne "officielle" antispéciste et être contre le spécisme, ce qui est un comble
. Donc oui, il faut sûrement se réapproprier le terme, et, je pense, lui accoler "intersectionnel", histoire d'être précis.es. Me dire antispéciste, vu les trucs que j'ai pu lire de la part de beaucoup de personnes de ce milieu et le fourre tout que ça représente, pour moi c'est tendu. Me dire antispéciste intersectionnelle, comme pour le féminisme, ça me va, mais carrément
. Et je crois que la nuance est vraiment importante. D'ailleurs j'aimerais bien qu'on l'écrive dans la présentation de la veille, comme ça on revendique d'être contre le spécisme et les autres oppressions à égalité, sans les hiérarchiser ( et ça veut dire qu'on fera gaffe aux références qu'on propose, de façon à avoir une base de sources non problématiques, le bonheur
). Et ça peut mener à avoir une réflexion politique critique de l'antispécisme "TM" et une construction réellement intersectionnelle . D'ailleurs, en parlant de sources non problématiques, on m'a conseillé Melanie Joy, qui présente le carnisme, j'ai pas encore regardé mais je vous mets la vidéo ici .
L'article de Ms Deydful est assez juste je trouve ( Mrs Roots en a fait un qui y fait écho aussi, qui m'a bien fait réfléchir :
Interrogations sur l'antispécisme et ses intersections). Elles mettent le doigt sur des aspects problématiques. Ça veut dire qu'il faut prendre tout ça en compte dans notre fonctionnement et dans les discussions qu'on peut avoir autour de ce thème, je trouve ça hyper enrichissant, et je pense qu'ici on a un espace super chouette pour le faire, avec toutes les conditions réunies
Ensuite,
sur le fait d'être "passif" : pour moi, rien que faire le choix d'être végé ( je fais un lot, dacc?), c'est un acte, donc ce n'est pas passif, justement. La fibre militante, tout le monde ne l'a pas, mais en attendant, on fait un choix, on grossit les rangs de ceux qui choisissent de ne plus exploiter d'animaux. Le choix du consommateur dans une société de consommation, ça compte. Sinon, on n'aurait aucun rayon bio, et encore moins de produits végés dans les rayons des supermarchés ( dans mon carrouf, ils ont fait une tête de gondole "PRODUITS VEGETARIENS", en mettant en avant les plats à emporter pour le midi, c'est tout nouveau mais j'étais étonnée, et je trouve ça cool, ça montre aussi que ça avance). Sensibliser les gens autour de soi aussi, ça compte. Faire le choix d'adopter un animal abandonné dans une asso, ça compte ( se dire qu'on prend un chat noir parce que les gens les adoptent moins, ou un chat malade, etc). Sauver un animal de l'abattoir si on peut, etc. Tout ça, ce sont des actions, et ça compte. Aller militer dans une asso aussi, si on se le sent. Ouvrir un refuge si on en a les moyens. Mais je me garderais bien de faire de la hiérarchisation des actions et de donner des" bons points de végé efficace", franchement, ça fait un peu police végane dans le principe.
En 7 ans, si je fais le compte, 7 personnes de mon entourage sont devenus végés, après m'avoir posé des questions, et surtout après avoir déconstruit les clichés qu'ils avaient sur les végés : ça donnait un truc du genre " m'identifier à des hippies qui mangent des racines dans la montagne, non merci, mais m'identifier à ma pote qui est cool et qui mange des trucs bons, c'est déjà plus ok", au départ. Ensuite, chacun.e a fait son cheminement, en partant des arguments qui lui parlaient le plus au début, etc. Sans en faire des caisses et chercher à être "le/la végé cool" à tout prix, je pense que rien que le fait de prendre des décisions, parfois, ça "donne l'exemple". Et ça permet aussi à des personnes qui n'osaient pas se lancer toutes seules de vous prendre comme compagnon.ne de route sur quelques trucs, de ne pas se sentir toustes seul.es dans une démarche marginale ( parce que pour certain.e.s, c'est ça) . Je ne trouve pas que ça ne soit "pas efficace", en fait. J'ai deux copines qui sont sur la bonne voix, encore, dont une qui m'a dit "moi les animaux je m'en fous un peu en fait, mais j'aimerais réduire quand même, parce que c'est pas terrible pour la santé" au départ. Bon, elle adore manger, on la soudoie avec ça, on lui fait des brownies vegan et des burgers
. Mais on a discuté de l'aspect souffrance inutile, et elle est quand même d'accord là dessus : pourquoi ne pas faire autrement, puisqu'on peut? En plus elle me disait qu'elle avait peur de se lancer parce qu'elle avait peur de "mal faire" ou de ne pas faire assez et de se faire engueuler. Je lui ai dit " mais te faire engueuler par qui? C'est encore toi qui décide de comment tu manges et de ce que tu achètes, tu fais ton truc comme tu veux". Et elle m'a dit "ah ouais, c'est vrai, j'y avais pas pensé, j'avais l'impression que c'était comme adhérer à un club, si tu fais pas bien les choses tu te fais jeter".
Bon, elle a l'air bien partie, elle change pas mal d'habitudes, je trouve que c'est chouette.
Il y a des gens qui ne changeront jamais d'avis, mais il y en a tout un tas qui sont un peu curieux, ou qui ne se sont juste pas posé la question ( ou pas les bonnes), et franchement, je crois que c'est sur ceux là qu'on peut faire une différence au quotidien. On peut parler à nos proches, tenir des blogs, aller sur des forums, aller à des manifs, adhérer à une asso, signer des pétitions, refuser d'acheter des produits issus de l'exploitation animale, sauver des animaux, tout ça, ce sont des actions qui comptent. Et on peut aussi choisir la façon dont on fait tout ça, parce que rien n'est inutile et qu'il n'y a pas de course au bon point.
Voilà, je crois que c'est tout pour le moment, merci d'être allées jusqu'au bout