De mon côté je suis partie une première fois en tant qu'Erasmus, puis je n'ai pas voulu rentrer en France ensuite donc j'ai prolongé mon séjour. Donc ma famille a eu une première occasion de s'habituer à mon éloignement pendant près de un an et demi, et puis ils en ont profité pour venir me voir et voyager.
Pour ma deuxième émigration, en soit ils étaient déjà habitués et je n'avais jamais caché que mon but c'était de repartir de France dès que je le pourrai. Le seul hic, c'est que la même année où je suis repartie pour l'Espagne, mon frère est lui parti pour le Canada, à la base pour 6 mois sauf que finalement il a été pris en doctorat et en a donc pour encore minimum 3 ans (si il ne décide pas de faire sa vie là bas...). Donc cette fois-ci pour mes parents le choc a été rude, en l'espace de 4 mois leurs deux enfants partaient vivre non seulement ailleurs, mais à l'étranger, et de manière quasi définitive. Donc d'un certain côté ils sont contents que je ne sois "que" en Espagne, ils peuvent me voir régulièrement comparé à mon frère. Et puis au final ça leur donne l'occasion de voyager, et ça ils apprécient plutôt pas mal.
Le plus dur en fait, c'est pour les "anciens". Je sais que ma grand-mère ne vit pas très bien la situation, du fait de "sa fin qui approche". Mais je me dis que même si j'étais en France, je pourrais très bien vivre à l'autre bout et ne pas rentrer régulièrement. Après je suis consciente que j'ai une "expatriation" plutôt confortable, je ne suis qu'à 1h30 de vol, il y a des vols tous les jours, donc si j'ai besoin de rentrer, je peux le faire très rapidement. Si j'étais dans la situation de mon frère, là je crois que je le vivrais plus mal.
Par contre dans ma famille, avec mon frère on est vraiment les deux ovnis... Autant du côté de mon père que de ma mère, tous mes oncles/tantes/cousins sont toujours restés dans notre région d'origine, ils sont très implantés et n'ont pas vraiment compris 1) pourquoi on partait? 2) comment nos parents ont fait pour l'accepter... Donc les repas de famille sont toujours un peu "tendus" parce qu'ils remettent en question nos choix vu qu'ils ne comprennent pas.
Et idem avec les amis qui nous prennent pour des fous. La plupart sont nés dans ma ville d'origine et y ont toujours vécu, donc ils n'ont pas la fibre "voyageuse" et "aventureuse" on va dire... Surtout que lorsqu'on est parti, mon copain ne parlait pas un mot d'espagnol, il quittait son boulot pour me suivre, etc. Donc beaucoup ont cru qu'on allait se planter royalement et on a entendu énormément d'avis sur notre décision...
La seule chose qui sera vraiment dur je pense, c'est lorsque j'aurai des enfants. Mes parents misaient énormément sur leur statut de grand-parents, avec beaucoup de projets à ce niveau, et d'une certaine manière je leur ôte ces projets. Mais mon père a déjà en prévision de s'acheter un pied-à-terre dans le coin pour sa retraite tellement il est tombé amoureux de la région