Shield;3465718 a dit :
Je suis d'accord avec vous (sur la question des fondements de la psychanalyse), mais je pense que c'est une faiblesse épistémologique de ne pas prendre en considération tout un pan des sciences humaines sous prétexte qu'il pose problème/qu'il a été bâti sur des fondements douteux. Même si je ne peux pas cautionner tout ce qu'a dit Freud (et encore moins la vulgarisation qu'on en fait), je pense qu'il a quand même apporté quelque chose au champ de la connaissance, et on ne peut pas refuser de prendre en considération la psyché/l'égo (si on va par là, Ptolémée est un des fondateurs de l'astronomie, et il pensait que le soleil tournait autour de la terre... il a en tout cas le mérite d'avoir provoqué une réflexion historique sur le mouvements des planètes/astres. Les intellectuels qui nous font réagir et émettre des critiques ont quelque chose à nous apporter, il faudrait pouvoir les regarder en face et les comprendre plutôt que de les rejeter).
Ah oui, non mais on est bien d'accord, je n'étais absolument pas en train de jeter la psychanalyse et la psychologie aux orties! On peut reprocher un tas de chose à Freud, il a quand même changé le regard que la société portait sur les personnes atteintes de troubles mentaux, il a contribué à mettre au jour l'inconscient, etc.
Mais c'est juste que je ne retiens pas tout chez lui, ni chez Lacan par exemple (bon après j'avoue que je suis assez défiante vis-à-vis de la psychanalyse en tant que thérapie, on va dire que si j'avais des problèmes à régler, j'aurais plutôt recours à d'autres types de thérapeute).
Pour ce qui est de la "sexualisation psychologique", c'est une question que je me suis déjà posée, mais je n'ai pas tellement poussé ma réflexion. Pour reprendre l'emboitement "sur-moi, moi et ça" de Freud, je pense qu'en tant que filles, on a tendance à adopter des sur-moi socialement construits comme plutôt féminins, à partir du moment où a conscience que notre sexe biologique nous définit (au moins en partie). Mais après, ce sur-moi il est éminemment culturel, et puis je n'arrive pas trop à comprendre comment on en arriverait de façon innée à s'identifier à des personnes, des comportements, des gouts et des aptitudes uniquement en fonction de ce qu'on a entre les jambes (à moins que l'éducation ne nous y pousse...).
Après pour ce qui est de l'inconscient, je pense qu'il est forgé par l'expérience tout au long de la vie, et forcèment, cette expérience est elle-même influencée par la société dans laquelle on évolue, ses codes, ses valeurs "sur-moi", ses injonctions etc.
Maintenant il y a aussi le rapport au corps, qui peut contribuer à forger cet inconscient, mais là on part dans l'interprétation, dans la projection de ressentis. Par exemple on va voir le pénis comme un symbole de puissance, d'extériorité, on va considérer que ça pousse les garçons vers la conquête du monde extérieur de façon innée, alors que le vagin va représenter l'intériorité et conduira les filles à se consacrer à la sphère privée et domestique. Ou alors on va considérer que les femmes sont de grosses frustrée parce qu'elles ne disposent pas du sacro-saint phallus...
En fait, je dirais que dans certains domaines comme la construction du désir et de la sexualité, le corps et donc le sexe sont déterminants, mais au-delà de ça, j'avoue que je manque un peu d'idées...
Sinon je ne comprends pas trop ce que tu veux dire par :
En fait je m'étais dit que j'étais une fille cisgenrée sans trop y réfléchir, et je me dis finalement que c'est probablement l'appréhension de mon corps qui fait que je me sens fille, pas ce que la société en dit, mais le fait que psychologiquement je sois en phase avec mon sexe.
Parce que se sentir psychologiquement en phase avec son sexe, ça implique d'avoir conscience de ce que représente son sexe de façon innée, non?