Bonsoir,
C’est à peu près la première fois que je m’exprime ici. J’aime m’informer sur tout plein de sujet, et ce sujet-là m’intéresse particulièrement. Je vous raconte pas comment j’ai réfléchi avant de poster. Désolée pour ce méga pavé.
En quelques mots : je suis omnivore, mais je m’interroge beaucoup sur mon alimentation. Je suis en école d’ingénieur agro, et ce sont des questions qui me parlent.
@Anna-X D’ailleurs, les formations agro, en tout cas celles d’ingénieurs, sont de plus en plus tournées vers l’environnement et le développement durable. On est très sensibilisés à l’origine de notre alimentation (après, chacun en fait ce qu’il veut). J’ai réduit ma consommation de viande, j’achète du lait (beaucoup) plus rarement... C’est très progressif, mais j’essaie d’être une consommatrice plus responsable, à mon rythme. Mes motivations sont plus environnementales qu’éthiques je crois. Je suis très admirative de ceux qui se passent de produits animaux, et si je dis des choses un peu déplacées n’hésitez pas à me le dire. J’ai lu les autres posts en diagonale, désolée s’il y a répétition.
En fait, j’ai du mal à comprendre les limites de l’antispécisme. C’est, peut-être une question que les végans en ont marre d’entendre, mais j’aimerais bien avoir vos avis. Quels sont vos critères pour dire ce que vous vous autorisez à manger ou pas ? Je connais déjà à peu près les arguments sur le système nerveux et les formes de ressenti de la douleur, est-ce que vous vous basez uniquement sur ça ? Évidemment, un animal maltraité, tué sauvagement, etc. c’est révoltant. Seulement, rien n’est tout blanc ou tout noir. Tout le problème réside dans le gris : qu’est ce qui est acceptable ? Je développe :
Au-delà de la souffrance physique, à partir de quand peut-on dire qu’une vie a autant de valeur qu’une autre (et là je parle de tous les êtres vivants) ? D’un point de vue purement phylogénétique, tous les êtres vivants sont des « cousins » plus ou moins éloignés, non ?
J’avais aussi vu une vidéo d’une nana tenant des panneaux avec un texte expliquant la vie d’une vache à la 1ère personne (on m’a violée, on m’a enlevé mon enfant, on m’a enfermée…). Regard suppliant, musique larmoyante… La souffrance morale ici affichée est un peu beaucoup antropomorphique et ça me dérange profondément. Juger de la souffrance ou de la dignité de cette vache est très subjectif, et fortement soumis aux représentations qu’on se fait.
J’ai le sentiment qu’il y a une méconnaissance du système d’élevage qui déforme parfois les jugements qu’on en a. Attention, je ne veux pas faire une apologie du système d’élevage actuel, il a clairement ses limites et défaillances. Il existe des tas de formes d'agriculture plus ou moins durables, intégrées, éthiques... Mais en France, les éleveurs sont généralement profondément attachés à leurs vaches, font preuves de toutes les attentions et les soins. Les règles de l’abattage sont très strictes, les méthodes permettent une mort instantanée et sans souffrance. Je ne doute pas un seul instant que certains abattoirs enfreignent ces règles. Mais ce n'est ni dans l'intérêt de la profession, ni dans celui des éleveurs (la viande d’un animal stressé, on a vu mieux niveau qualité). J'avoue que j'ai du mal à comprendre ces dérives.
Tout ça pour dire qu’à mon avis, la clé de tout ça, c’est de s’intéresser à l’origine de ce qu’il y a dans nos assiettes. C’est aussi de savoir quelles sont nos limites éthiques : à partir de quand j’estime que la dignité de tel animal n’est pas respectée (parce que d'après moi ça dépend de l'espèce dont on parle) ? Prendre la viande chez son boucher de quartier n’est pas forcément LA solution. Mais parler avec son boucher, lui demander d’où vient sa viande, c’est possible. Les bouchers qui découpent eux-mêmes leur viande sont rares mais ils existent encore, et c’est moins cher ! Mais pour savoir, il faut demander. Et si sa réponse ne vous satisfait pas, si vous n’êtes pas sûre que les conditions d’élevages ou d’abattage correspondent à votre éthique, vous n’êtes pas obligés d’acheter !
Quoi qu'il en soit je vois beaucoup de personnes qui culpabilisent : nos choix de consommation ne peuvent pas être parfait, tant on est soumis à ceux des autres. Faites vous confiance, faites ce que vous pensez être bon, tout en restant ouvert et à l’écoute pour adapter vos pratiques, comme vous le faites déjà. Si seulement tout le monde se préoccupait de ce qu’il mange, on n’aurait pas tant d’efforts à faire pour savoir. Je pense sincèrement qu’on va vers cela, et malgré la lenteur du processus, c’est super !