Veille permanente sexisme

[Pipistrelle.]

Pour ce qui est de la validation dans l'espace public, récemment mon copain m'a raconté un truc qui m'a fait halluciner : apparemment, quand on se promène tous les deux dans la rue en amoureux, il reçoit parfois des regards approbateurs d'autres mecs (parfois eux-mêmes accompagnés de leur copine) pour me "valider". Je ne m'en étais jamais rendu compte, apparemment ça tient d'une sorte de connivence entre hommes. Il y a pas mal de boulot à faire avant d'être considérées comme des personnes et pas comme des signes extérieurs de pouvoir...

 

[Azeban]

Je viens de tomber sur cet article de Rue89 Elle veut exclure des JO les pays qui voilent leurs femmes | Rue89 Sport

Je trouve cet article intéressant, pour une fois ça va plus loin que juste dire "les femmes voilées montrent un signe religieux saymal on leur interdit".
Le parallèle avec l'apartheid et l'Afrique du Sud me semble intéressant.
Autant ça me scandalise qu'on veuille interdire aux athlètes voilées de participer, autant interdire à des pays de participer, ce n'est pas pareil. Mais est-ce que ça aurait un réel impact ?
Bref, je sais pas quoi en penser, du coup.

 

[Leech]

En rapport avec la conversation sur les compliments, un article sur le blog Antisexisme : "Complimenter et être complimenté"

Et à la fin il y a ceci, que je trouve pas mal :

Kalista a soulevé le fait qu’un compliment sur l’apparence, venant d’un homme et adressé à une femme, puisse servir à la rabaisser au statut d’objet sexuel. Ce point n’est pas trop évoqué dans les études que j’ai lu. Je pense cependant qu’on peut raisonnablement penser que la différence entre un compliment poli et un compliment menaçant dépend 1. du contexte : ce n’est pas la même chose de se faire des compliments entre amis qu’entre collègues ou qu’entre patron et une employée 2. de l’aspect physique évoqué : dire “ta nouvelle coupe te va super bien”, c’est différent que de dire “tu as de belles fesses”. Bref l’aspect sexuel du compliment et le statut social des interlocuteurs est à prendre en compte.

Néanmoins, je voulais ajouter mon petit grain de sels vis à vis des compliments dans la rue. Avant j'avais tendance à trouver ça gentil, ça me faisait presque plaisir. Mais depuis les multiples discussions que j'ai vu sur Mmz, les arguments et mécanismes évoqués, je ne vois plus ça du même oeil. Et, c'est vrai que maintenant ça me dérange que des hommes (le plus souvent qui ont presque l'âge d'être mon père...) s'autorisent le droit de me "valider". Comme si je leur avais demandé leur avis ou que j'en avais quelque chose à faire. Vous allez me dire que ça ne fait pas de mal d'entendre un "Vous êtes charmante" mais limite je me sens... "salie". Enfin, j'ai pas envie de savoir que le mec en face me regarde avec envie. Ca le regarde, j'ai pas envie d'être mêlée à ça. Je suis pas là pour lui servir de distraction visuelle ou de fantasme sur patte le temps de 5 secondes. Qu'il me trouve jolie peut-être mais qu'il garde ça pour lui. De le savoir, je me sens mise dans une position de femme objet, qu'on trouve jolie et qu'on aimerait bien utiliser. Je sais pas si je suis très claire.

 

[Saphiah]

A propos de la validation des femmes par les mecs, j'ai eu longtemps du mal à saisir le concept (et encore un peu maintenant). Sûrement parce que je n'y avais pas encore été confrontée de manière aussi directe, ou parce que je n'avais pas trouvé le bon angle de réflexion pour cerner le malaise que ce comportement posait.
En fait, je vois bien la distinction entre compliments sincères faits à une personne considérée comme égale et légitime dans l'espace public, et compliments lancés pour marquer sa domination, jouer d'un sentiment d'insécurité, en considérant l'autre comme une sorte de proie à effrayer.
Ce que je ne voyais pas, c'est un des aspects de cette domination, et comment elle peut exister dans le tête de ces hommes individuellement et dans le groupe "hommes" (connivences, regards approbateurs dont parlait Opium, etc), pour ensuite se manifester par ce jeu de la validation.

Je pense que je ne m'exprime pas très clairement ; ce n'est pas encore très clair dans ma tête : j'ai l'impression de mettre enfin la main sur un concept de manière très nette, en me demandant comment j'ai pu ne pas comprendre jusque-là , et en même temps avoir peur qu'il puisse m'échapper.

La dernière anecdote perso qui m'a fait avancée dans la réflexion :
Deux de mes connaissances mecs, plus ou moins amis/collègues, parlaient du fait de draguer une femme mariée.
Un des deux pensait que ce n'était pas correct vis-à-vis de l'époux, que ce serait trop compliqué, etc.
Et l'autre trouvait que ça ne posait pas de problème : le divorce existe.
Et voilà la phrase mythique : "Au contraire, si elle est mariée, c'est super ! Ca veut dire qu'elle est déjà validée !!!"

 

[Lieve]

"Au contraire, si elle est mariée, c'est super ! Ca veut dire qu'elle est déjà validée !!!"

:sick2:

 

[Leech]

Toinette

Je ne dis pas que je suis contre les compliments. Mais...je sais pas, il y a manière et manière quoi. Le mec qui me balance depuis la fenêtre de sa voiture un "Vous êtes charmante" alors que je suis juste en train de marcher et que je passe devant lui heu... . Ca part sûrement d'un bon sentiment pour lui mais, concrètement, ça sort un peu de nulle part quoi. Et c'est ce genre de situation qui me met mal à l'aise et me donne juste envie de lui répondre "Je t'ai demandé ton avis ?". Enfin, je sais pas, moi si je veux allez dire à quelqu'un que je le trouve charmant j'y mets un peu les formes quoi, du style "Bonjour, excusez-moi de vous déranger, je voulais juste vous dire que blablabla". Fin, la base quoi : la politesse.

Alors que là, le plus souvent ça se contente juste de balancer le truc en l'air, pouf, comme ça. Le mec il me dit "Vous êtes charmante" la phrase en elle-même n'a beau ne pas être "grossière", limite ça sonne comme un "T'es bonne".

Je sais pas si tu vois ce que je veux dire .

 

[Leech]

Sword

Je suis à 100 % d'accord avec ton post .

 

[Véruca]

C'est toujours aussi intéressant de vous lire et comme vous parlez de quelque chose qui me tient vraiment à coeur, je me permets de donner mon avis.

Bon, je raconte un peu ma vie aussi et c'est très subjectif.

Spoiler

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Sinon ma nouvelle trouvaille pour emmerder les relous style wesh wesh charmante, c'est de leur parler de leur maman chérie. Je sais, c'est très limite. Du coup à la moindre remarque déplacée, je place un "Et à ta mère ? Tu lui parles comme ça aussi ? Hein ? Tu lui dis ça à ta mère ?". En général, ça fait son petit effet. Ils ne pipent plus mot. (ou enchaînent avec un "Vazy grosseuh pute !"

 

[Barbe Bleue]

Je vous interromps en plein débat mais je voulais vous dire, hier c'était mon anniversaire et mon ami m'a offert Le Deuxième Sexe et King Kong Théorie, je vais pouvoir rattraper mes lacunes en classiques

 

[Mandorle]

[Bon, si jamais je parviens à finir un jour ce p***** de mémoire, je viendrai vous parler de mes conclusions ici, y'a pas de raison qu'il n'y ait que mes directeurs qui subissent mes conclusions foireuses sur l'histoire des femmes ]

 

[Véruca]

Enfin pour revenir sur la question de la drague de rue, tout ça pour dire que je crois pas que ça soit seulement une question de "les hommes" versus "les femmes", mais une question de "loi de la rue" avec ses règles qui sont aussi d'ordre sociales [...] Les gens qui m'abordent sont souvent des marginaux (ça a commencé avec les punks à chien de Montpellier ), et je pense que les marginaux sont souvent des hommes. Bref, tout ça pour dire que s'il y a du sexisme dans la donne, il n'y a pas que ça.

Je te rejoins carrément. Lorsque j'avais des atébas et un look hésitant entre le babos et le punk à chien, tous les marginaux étaient mes potes de rues aussi. Et eux pour le coup, ils étaient plutôt en mode potes et très peu dragueurs.
Puis j'en ai eu marre et du coup je suis plus souvent habillée un peu trashos mais court et à talons. Les marginaux ne me parlent plus selon ce que je porte et j'ai tous les dalleux aux fesses. Comme quoi les gens nous foutent vraiment dans des cases et interagissent entre même "groupes sociaux". (et aussi jupe = open obviously, trop bien!)
Après, je ne me suis jamais faite emmerder par une nana mais je suis d'accord que le problème n'est pas exclusivement masculin. C'est juste que moi j'attire les mecs en manque et que les femmes me foutent la paix.

 

[Véruca]

Oh mais les femmes qui m'ont parlé dans la rue, c'était pas pour me draguer [...] A Montpellier, j'ai eu le droit aux filles qui te font chier, qui disent à ta copine "qu'est-ce-tu-siffles?", qui te poussent dans l'escalator et qui crachent sur les mémés (très classe). Et la dernière fois à un "Faut que je te dise un truc, tes cheveux, ils sont... wahouh... tellement moches" (achète toi une vie, meuf, au lieu de faire chier les gens). Je sais pas, doit y avoir un gang de filles voyou...

Ah mais j'avais compris ! Je dois avoir une tête pas assez subversive pour les gangs de nana.