Juste pour revenir vite fait pour les BD de Spirou : à mon sens, le problème ne vient pas tant des BD en elles mêmes (après tout, elles pourraient refléter une expérience vraisemblable), que de leur inscription dans le contexte plus large d'un discours assez ambigu sur l'avortement. C'est qu'on voit (ou en tout cas je vois, si vous avez une autre perception des choses ça m'intéresse bien sûr) beaucoup l'avortement traité sur ce mode
'abord considéré comme une option valable (pour montrer qu'on n'est pas anti non plus), puis, après une bonne dose de sentimentalité, soit comme impossible parce que ah non il vit et c'est mon enfant, soit éventuellement comme un acte grave avec des conséquences lourdes (et dans beaucoup de fictions américaine, c'est encore autre chose : une possibilité qui ne serait que rarement évoquée, ou si c'est le cas, en termes assez détournés, et souvent d'emblée rejeté). à la vision de pas mal de fictions, j'ai souvent l'impression que le ressenti présenté face à l'avortement manque cruellement de variété : on reste toujours dans cette potentielle culpabilisation, dans l'attendrissement face à cet-être-qui-vit-en-moi, dans une position qui se présente comme pleine d'humanité face à la froideur de la médecine. Je ne dis pas que je voudrais voir des histoires où des femmes avortent de gaieté de coeur (quoique, fait par des gens qui n'en feraient pas la diabolisation pour au final présenter l'avortement comme un truc de tarée, ça pourrait vraiment être intéressant), juste avoir des perspectives différentes, parce que je doute que chaque personne le vive de la même façon.
J'ai du mal à voir si les BD de Spirou sont vraiment pro-vie, ou en tout cas si elles relèvent d'une volonté consciente de diffuser un message pro-vie, mais elles sont pour moi dans une espèce de vision généralisée de l'avortement comme une faute qu'il faudrait nécessairement racheter par de la culpabilisation, y compris quand on ne la commet pas.
(ce message est peut-être d'une insensibilité monstre ; c'est juste que cette vision de l'avortement me met vraiment, vraiment mal à l'aise).