Veille permanente sexisme

[Pipistrelle.]

Sur France Inter ce matin, interview de Bérénice Béjo à propos de son rôle de maîtresse de cérémonie à Cannes et du rôle des femmes dans le cinéma. D'après elle, les femmes font mieux certaines choses comme être infirmières à cause de leur côté maternel, et c'est pour cela qu'elles sont beaucoup plus nombreuses dans ce genre de professions.

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Elle ferait mieux de s'en tenir au muet... ff:

 

[Gogoplata]

ça me fait penser que l'on m'a présentée plusieurs fois de cette manière "je te présente la-copine de-bidule" comme si finalement la chose la plus importante à savoir, avant même de connaître mon prénom, le trait le plus marquant de ma personnalité était le fait que je fréquente Bidule Chouette. Je corrige toujours "Non, mon prénom c'est Gogoplata" et on me regarde comme si j'étais un monstre. C'est comme appeller une personne "mon ex" j'ai horreur de ça je trouve ça indigne

 

[Dorothy]

Un truc m'afflige complètement, je dis à un mec qui a des vues sur moi que j'ai un copain. Il me dit "ah oui machin, T'ES PRISE"


Genre je suis une chaise ou une place, et oh, trop bete, je suis déjà prise.

Heu j'ai toujours entendu dire ça, pour une fille ou un garçon. Ça sonne pas vraiment sexiste pour moi.

 

[Pipistrelle.]

Juste pour revenir vite fait pour les BD de Spirou : à mon sens, le problème ne vient pas tant des BD en elles mêmes (après tout, elles pourraient refléter une expérience vraisemblable), que de leur inscription dans le contexte plus large d'un discours assez ambigu sur l'avortement. C'est qu'on voit (ou en tout cas je vois, si vous avez une autre perception des choses ça m'intéresse bien sûr) beaucoup l'avortement traité sur ce mode 'abord considéré comme une option valable (pour montrer qu'on n'est pas anti non plus), puis, après une bonne dose de sentimentalité, soit comme impossible parce que ah non il vit et c'est mon enfant, soit éventuellement comme un acte grave avec des conséquences lourdes (et dans beaucoup de fictions américaine, c'est encore autre chose : une possibilité qui ne serait que rarement évoquée, ou si c'est le cas, en termes assez détournés, et souvent d'emblée rejeté). à la vision de pas mal de fictions, j'ai souvent l'impression que le ressenti présenté face à l'avortement manque cruellement de variété : on reste toujours dans cette potentielle culpabilisation, dans l'attendrissement face à cet-être-qui-vit-en-moi, dans une position qui se présente comme pleine d'humanité face à la froideur de la médecine. Je ne dis pas que je voudrais voir des histoires où des femmes avortent de gaieté de coeur (quoique, fait par des gens qui n'en feraient pas la diabolisation pour au final présenter l'avortement comme un truc de tarée, ça pourrait vraiment être intéressant), juste avoir des perspectives différentes, parce que je doute que chaque personne le vive de la même façon.
J'ai du mal à voir si les BD de Spirou sont vraiment pro-vie, ou en tout cas si elles relèvent d'une volonté consciente de diffuser un message pro-vie, mais elles sont pour moi dans une espèce de vision généralisée de l'avortement comme une faute qu'il faudrait nécessairement racheter par de la culpabilisation, y compris quand on ne la commet pas.
(ce message est peut-être d'une insensibilité monstre ; c'est juste que cette vision de l'avortement me met vraiment, vraiment mal à l'aise).

Aha, eh ben moi je vais être encore plus insensible : je pense qu'on peut très bien avorter sans en faire une dépression, sans éprouver de culpabilité et sans être traumatisée à vie. On peut même être soulagée d'avoir pu mettre un terme à leur grossesse et ne pas être un monstre sans coeur, cf ce blog rassemblant des témoignages de femmes ayant subi une IVG sans que ça ne les affecte outre mesure.

Le rapport à l'avortement c'est pareil que le rapport au viol. On nous inculque que c'est douloureux, traumatisant, qu'on en portera les stigmates psychologiques à vie, blablabla. Je ne cherche absolument pas à minimiser la souffrance de celles qui sont passées par là, et je pense qu'elle peut être bien réelle. Mais les discours culpabilisants et victimisant ambiants n'aident pas à se relever de ce genre d'épreuve. Au contraire, leur intériorisation pousse les victimes/les mères à se conformer aux comportements que la société attend d'elles : des femmes qui porteront à vie le fardeau de ce qu'elles ont vécu, qui vivront en gardant dans leur cœur le souvenir du bébé qu'elles auraient pu avoir, ou qui ne seront plus jamais capable de faire l'amour normalement.
Pour prendre le cas du viol, les psy condamnent leurs patientes à ne jamais se relever de ce type d'épreuve en leur promettant une vie sexuelle difficile, un rapport déformé aux hommes et à leur propre corps, etc. Comment s'en sortir quand une figure médicale, supposée tenir un discours d'autorité, vous prédit que vous ne guérirez jamais complètement?
Et bien sûr, si on ne cadre pas avec ces schémas et qu'on a le culot d'être épanouie malgré tout, c'est qu'on pas dû souffrir assez, ou qu'on a un cœur de pierre...

Donc oui, je te rejoins, les planches publiées par Spirou alimentent ce climat en auréolant l'avortement de pathos. Merci de nous laisser disposer de nos corps sereinement.

 

[Dorothy]

Un jour j'étais en ville, un mec m'arrete pour me dire "je parie que t'es déjà prise" suivi d'un magnifique "j'aurai pu t'avoir si j'étais arrivé avant"

Oui bon là d'accord, rien à dire, c'est abusé. Le verbe "avoir" utilisé pour parler d'une fille c'est juste

 

[Ciccone]

Ouais, carrément. Je sais pas ce qui se passe dans l'éducation des garçons, mais j'ai l'impression qu'il y en a un certain nombre avec un ego assez démesuré qui comprennent pas qu'on n'est pas intéressée. En général je commence par ça, et après j'ai le droit à "quoi? je suis pas beau?" non mais mec pas assez beau pour justifier que tu t'immisces dans mon espace privé pour me dire des banalités, tu crois vraiment que je vais tomber sous ton charme parce que tu me trouves belle?

Ca me rappelle la dernière fois en boite, un mec (pas trop mal) commence à me parler et je vois bien qu'il me drague, alors pour m'éviter un gros lourd et lui éviter des faux espoirs, je lui dis que ce n'est pas la peine.
Cinq minutes plus tard, il revient et on a cette conversation absurde :
"- Ca fait combien de temps que t'es avec ton copain ?
- Je n'ai pas de copain.
- Hm... ah t'es intéressée par les filles ? me sort-il après avoir suivi mon regard.
- Non non, pas forcément.
- Bah... Quoi alors ?!"
Il était tout paumé, et il n'est parti que quand il a vu que je commençais à m'énerver.

 

[Dyspnée]

Le féminisme est (parfois) l’avenir de la bêtise « Je ne sais rien, mais je dirai tout

bah oui, si y'a aucun film fait par une femme c'est évidemment parce que les films de femmes sont merdiques...

 

[Emel-]

Est-ce que certaines ont regardé ce soir ou jamais hier soir ?

Parce qu'il y avait Nancy Huston (en dernière partie à partir d'1h45 à peu près "les femmes libérées sont-elles si libres que ça ?") qui est venue parler de son dernier livre (Reflets dans un ?il d?homme), c'était assez intéressant.

 

[VII]

Je viens juste vous encourager à regarder un docu de la 5, la série c'est "Le monde en face", et le numéro d'hier était sur les femmes d'Afghanistan qui se déguisent en hommes (d'abord c'est les parents quand ils n'ont pas de fils puis certaines résistent).
C'est très beau, les témoignages des parents sont éloignés de ce qu'on pourrait penser, plein de réflexion intéressantes, une autre facette de la résistance et de la lutte des femmes.

Kaboul, tu seras un garçon ma fille - pluzz.fr - voir ou revoir les programmes de france télévisions - France Télévisions

 

[commune]

Je trouve cela très étrange que personnes n?ait relevé qu?en France la chose la plus sexiste et la plus barbare est la mutilation sexuelle sur les garçons (bébé, garçons) qui est légal en France à la différence des mutilations sexuelles sur les filles (interdit de couper quoi que ce soit).

 

[commune]

Euh la circoncision c'est pas vraiment une mutilation sexuelle, ça ne réduit pas le désir (et ça n'est par ailleurs pas le but), c'est assez souvent fait pour des raisons médicales, ça n'a pas pour but d?empêcher le mec de prendre du plaisir. Et pour les mecs comme pour les filles on a le droit de faire de la chirurgie des parties génitales, c'est pas interdit...

On va dire que tu viens de parlé par ignorance.
La circoncision est une mutilation sexuelle puisqu'il s'agit de l'ablation d'un corps sain très érogène et fait la quasi totalité du temps sur des bébés ou des jeunes enfants qui ne peuvent pas exprimer leurs consentements.
Male circumcision and sexual function in men and women: a survey-based, cross-sectional study in Denmark
Joseph4GI: Circumcision is Child Abuse: A Picture Essay
Nine Davids: 50 Reasons to Leave It Alone

 

[commune]

On a déjà eu ce débat (momentanément) sur un article.

Je suis contre la circoncision, mais je ne sais pas si c'est très juste de comparer l'excision du prépuce à l'excision du clitoris, nerveusement parlant et au niveau de l'impact sur la sexualité, c'est quand même très différent. La plupart des hommes circoncis ne sont pas affectés dans leur vie sexuelle adulte alors que sans clitoris, tu ne peux tout simplement pas avoir de rapport sexuel épanouissant.

Je ne compare pas la circoncision à la pire forme d'excision (car il y en a plusieurs formes).
L'ablation du capuchon du clitoris, des grandes lèvres et des petites lèvres sont interdites pourtant ce a quoi on pourrait comparé la circoncision.
Les hommes sont affectés sexuellement lire l'étude du Danemark ci dessus et voir la vague intactiviste aux USA.